Sérieusement... ? Cela ne présage rien de bon.
-Nono...
Pas bon du tout, alerte rouge ! Mon cœur loupa des coups.
-Voyant ce qui t'es arrivée à la gymnastique, je crois que tu ne vas pas pouvoir continuer.
Je pensais ces mots partis du Monde. Les revoilà dans la bouche de mon père.
-Mais papa... Arrête de changer d'avis. Tu m'as dis que c'était pour mon bien que tu voulais bien que j'en fasse.
-Je ne veux pas prendre le risque de te perdre à ton tour...
Je mis ma main sur la sienne.
-Papa... On en a déjà parlé, déclarai-je calmement.
Il souffla.
-Viens aux entraînements, tu verras comment je suis protégée. L'entraîneur de maman était fou. Oui, la gymnastique c'est dangereux. Ça peut coûter des vies, des blessures graves voire impossible à réparer. Mais c'est ce que je veux. Laisse-moi faire ce que je désire vraiment, quoi qu'il en coûte ! Tu sais très bien que je serai plus malheureuse si je ne le fais plutôt que si je me blesse. Tu le sais...
Silence.
-J'aimerais savoir ce que représente la gymnastique pour toi. Je ferai tout pour comprendre. Son visage pâli.
-Je ne sais pas si je vais réussir à trouver des mots pour exprimer ce que je ressens, mais je vais essayer.
Pour moi la gymnastique, c'est comme une seconde mère, une meilleure amie. Même si elle me blesse, si j'échoue, que j'ai envie de tout arrêter, je continuerai malgré tout. Je me battrai jusqu'à la fin.Mais en même temps, elle me calme, elle apaise les tentions, le fouillis qu'il y a dans mon cerveau, elle essuie mes larmes, elle me fait tout oublier, je ne pense à rien d'autre. J'oublie tous mes tracas. Plus rien ne compte si ce n'est de faire de la gymnastique.C'est une œuvre, une poésie. De la grâce, de la difficulté, de la souplesse, des muscles, des chorégraphies... Dans la gymnastique, je vois toujours maman. Le sourire de maman. Quand je monte sur une poutre, j'ai les yeux qui brillent, le sourire instantané aux lèvres car je ne peux m'empêcher de penser aux bons moments qu'on a eu ensemble. La gymnastique me donne le courage, le sourire. Elle me rend plus forte, elle est ma vie. »
Mon père se leva sans un mot, les yeux rouges. Moi, je souriais, et je viens de me rendre compte que j'avais les joues remplis de larmes.
Il parti me laissant seule dans ma chambre. La nuit se lisait derrière les fenêtres.
Le lendemain, je me suis fais emmenée au bloc opératoire pour poser le plâtre. J'allais pouvoir rentrer après les « séances »pour apprendre à marcher avec les béquilles. Et vu la mine dépitée du médecin, et de mes nombreuses chutes, ce n'est pas gagné...
Je montais dans la Peugeot rouge, sur la banquette arrière pour avoir la place pour les béquilles. Il ne pipa mot pendant tout le trajet,et moi non plus.
Je pensais aux deux mois d'attente, à Raphaël, à la gymnastique, à ma chute. Je ferai mes échauffements avec ma cheville fracturée. Je ne courrai pas, mais je ferai du renforcement musculaire et de la souplesse quand même. Il faut pas pousser !
« Assieds-toi ma puce, il faut qu'on parle.
-De quoi ?
-De ta belle-mère. J'aimerais te la présenter.
-Okey... Si elle est libre elle peut venir demain. Elle veut tant me voir ?
-Oh oui...
-Il neige... dis-je le regard perdu dans le vague.
-Il quoi ? Demanda mon père.
Puis il suivi mon regard, et hocha la tête.
-Je ne pourrai pas aller à l'école, c'est bête.
Il fit un sourire moqueur.
-Qu'est-ce-qu'il y a ? demandais-je sur la défensive.
-Rien, rien... Tu ne pensais tout de même pas que j'allais t'envoyer à l'école ?
Je risquais une réponse :
-Bah si, un peu..., avouais-je.
-Bon, allez, va te coucher avant que je m'énerve ! Dit-il en rigolant.
Puis il se leva en me décoiffant le sommet du crâne.
-Maais ! »
« Joyeux Anniversaire, Nono ! Souhaita mon père avec un petit-déjeuner au lit.
-Merci, papa.
-On aura une invitée ce midi.
-Fabrice ?
-Oui, répondit-il les lèvres pincées. Allez, ça va être froid.
A treize heures tapante, Fabrice arriva. Papa ouvrit, ils s'embrassèrent, Fabrice me fit la bise et me tendit un cadeau. Elle est très grande, maigre voire squelettique, des cheveux noirs corbeau très raides et longs qui luisent à la lumière. Elle a des yeux marrons en amande, de longs cils noirs, un long nez fin, une petite bouche rosée en cœur. Dans l'ensemble, elle est plutôt jolie, mais elle est très longiligne de partout.
On s'assit à table, commença à manger le gâteau, puis j'ouvris le cadeau de Fabrice. Il contenait un livre de Nadia Comaneci « Letters to a Young Gymnast » , et un livre de desserts.
J'ouvris ensuite le paquet de papa. Une enveloppe blanche trônait sur le nœud du papier cadeau. Je la déposai à côté de moi, puis entamais la découverte du cadeau.
Je fermais les yeux de crainte, touchais du bout des doigts le tissu...
Cela ne pouvait être réel...
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La Gymnastique, une passion. Tome 1.
TeenfikceNoémie, 13 ans, est passionnée par la gymnastique depuis qu'elle est toute petite. Malheureusement, sa maman est décédée suite à un accident de gymnastique. Depuis, son père refuse quoi que ce soit qui touche à ce sport "maudit". Arrivera-t-elle à...