« Nono ? Tu n'as pas un truc à me dire ?
-Non... dis-je d'une voix mal assurée.
Il a deviné, ça y est !
-Ah bon ? Et le pépin avec ta copine Margot ?
-Mon... Ah ! Mais c'est arrangé, ça. On s'est disputées un peu, et on s'est réconciliées tout de suite apr...
Il me coupa le sifflet :
-Et alors ? On dit tout à son père.
-Ce n'est pas important.
-Si c'est important, me dit-il sèchement. Comment je te fais confiance après, moi, hein ? Comment ?
-Je croyais que ma vie ne t'intéressais pas.
La colère me montait aux joues une fois de plus.
-Ta vie m'intéresse.
-Ah bon ? Prouve-le. Pourquoi quand je parle de gymnastique, tu t'en contrefiches ?
-Parce que la gymnastique n'est pas une activité adaptée pour toi.
-Ça veut dire quoi, ça ?
-Tu... tu ne peux pas la pratiquer. C'est tout.
-Pourquoi ?
-Ta mère est morte !
-Et alors ? Je pensais que tu t'en fichais aussi de ça.
-Tu te trompes ! Je m'intéresse à votre vie. Ta mère ne serait franchement pas fière de toi, si elle te voyait.
Maman ne serait pas fière de moi ? C'est bien la seule chose qu'il ne faut absolument pas dire. Il a tout cassé en l'espace de huit mots.
-Maman... ne serait pas fière... de moi ? C'est bien ce que tu as dis ?Elle est beaucoup plus fière de moi qu'elle n'est de toi ! Au moins, je suis douée, et je lui fais honneur.
-En faisant « ça » ? En gambadant tel un éléphant desséché ?
La colère me montait encore plus. J'étais au paroxysme.
-En gambadant ? Mais sais-tu seulement ce qu'est la gymnastique ?Tu ne connais vraiment rien... Maman est au moins morte pour quelque chose. Toi, avec ton pauvre petit boulot où on peut à peine se nourrir... Regarde-toi un peu en face, répondis-je amèrement.Comment a-t-elle pu seulement songer à t'épouser ?... »
Il voulut me gifler, mais je l'esquivais. Qui est bête maintenant ?Je montais dans ma chambre, et pleurai une fois de plus en appelant maman :
« Maman ! Je n'en peux plus... Pourquoi es-tu partie si vite ? On ne s'était jamais autant crié dessus. Surtout quand tu étais là. Nos liens ne vont jamais redevenir comme avant... Je me suis beaucoup fâchée et j'ai dis des choses que je ne pensais même pas.
Il a à peine tenté de cacher les clés de la voiture pour t'empêcher d'aller à cette compétition. C'est tout ce qu'il a fait. C'était un jour de neige...
Tu m'avais acheté un justaucorps pour mon anniversaire, et jamais je ne pourrai le mettre. Jamais tu ne me verras grandir, ni faire ma première compétition. »
Pourquoi continuer à parler ? Mon avenir est fichu. Comment a-t-il pu dire que maman ne serait pas fière de moi ? Comment ?
« Papa ! Il faut qu'on discute !
-La discussion est close, il me semble.
-Pas pour moi, tranchais-je.
-Qu'est-ce-qu'il y a ? Demanda-t-il usé.
-Pourquoi elle ne serait pas fière de moi ?
-Regarde-toi... Regarde ce que tu es devenue. Tu es devenue méchante, hautaine. Tu réponds à ton propre père comme à un chien. Elle ne t'a pas élevée comme ça. Tu es devenue une poupée en porcelaine accrochée à la gymnastique, sans émotion. Un pantin.
Avec ces mots, j'eus l'impression qu'on tournait un poignard dans mon corps. Mes larmes arrivèrent mais je priais mes yeux pour ne pas céder. Je ne pleurerai pas devant lui.
-Ça fait plaisir de t'entendre dire que tu es fier de moi.
-Tu l'as cherché. Il ne fallait pas revenir parler avec moi, dit-il en me regardant de travers.
-Je ne l'ai pas cherché. Je cherche juste que tu sois content de moi.Que je puisse compter sur quelqu'un de ma famille. Quelqu'un de vivant. Je cherche ton cœur, je veux être ta fille. Ta seule fille.Que tu m'aimes comme tu m'aimais avant.
Mes mots s'entrechoquaient, je réalise que je perds mon père petit à petit.
Que tu m'aimes comme tu m'aimais quand maman était là, tel que tu l'aimais, elle, que je sois la seule dans ton cœur. Ta petite fille unique... Tu deviens un inconnu, un fantôme. Quand était-ce ce passé où l'on était si proches nous deux, que tu me serrais dans tes bras, que tu me réconfortais, qu'on jouait, que tu m'aimais vraiment, que tu m'apprenais à vivre... Comme un père aime sa fille. Quand ? Demandais-je les yeux rouges, les cils mouillés,la voix rauque.
Je courais dans ma chambre, où j'éclatais en sanglots longs. Il toqua :
-Je ne veux pas te voir...
-Je t'en prie, Nono.
Il se racla la gorge, et me dit :
-Je pense que c'est le meilleur moment de te l'annoncer. Sinon, tu vas encore pleurer à un autre moment.
-Quoi ? Demandai-je sur la défensive.
-Je veux te présenter Fabrice. Ma fiancée.
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La Gymnastique, une passion. Tome 1.
Novela JuvenilNoémie, 13 ans, est passionnée par la gymnastique depuis qu'elle est toute petite. Malheureusement, sa maman est décédée suite à un accident de gymnastique. Depuis, son père refuse quoi que ce soit qui touche à ce sport "maudit". Arrivera-t-elle à...