Chapitre 2

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Je marchais vite ce jour-là, je crois même me souvenir qu'il ne faisait pas beau. Un temps à rester chez soi. Ce que j'aurais sûrement fais si je savais ce qui m'attendait. Mes vieilles baskets laissaient rentrer l'eau, on aurait dit des éponges, et mes chaussettes étaient trempées. Je me posais toutes sortes de questions. Qui était-il ? Est-ce-que ces mots me concernaient vraiment ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi tout ce mystère ? Ce garçon paraissait étrange mais en même temps, il ne semblait pas méchant. J'allais bientôt avoir toutes les réponses à mes questions. J'aperçois le toît de la médiathèque avant de voir le batîment. Installé dans un ancien manoir, elle a une allure un peu vieillotte mais j'aime bien ce côté bâtiment du 18 e siècle. La chaleur de l'intérieur me procure une sensation de bien-être immense et, un instant, tout le stress caché au fond de moi s'évapore. J'aimerai pouvoir m'arrêter et choisir un livre ou deux mais je sais bien que je ne suis pas là pour ça.

Je commençe à grimper l'escalier lorsque je le vois. Il a la même veste que la dernière fois. Cette fois ses cheveux sont cachés sous sa large capuche. J'allais redescendre lorsque je le vois qui monte. Il se rapproche de moi. Mes jambes s'élancent à nouveau dans l'escalier sans que je comprenne. Je leur cris intérieurement "stop, stop, redescendez !" mais non ! Je continue à courir. Je m'arrête enfin après quelques secondes de course. Je le cherche du regard mais ne le vois plus. Je sens, tout à coup, une ombre se faufiler derrière moi. Je commençe à paniquer, à me croire folle. J'ai peur, surtout. Je me dis maintenant que je n'aurai jamais dû venir. Et cette peur grandis en moi tant que je ne le vois toujours pas. Je pars dans le couloir menant aux toilettes pour boire lorsqu'il apparait devant moi. Enfin, ais-je envie de dire. Mais c'est impossible. En un claquement de doigts il réapparaît. Qu'est-ce qu'il me veux ! Je vais crier mais une douleur au coup m'en empêche. Des picotements désagréables se répandent en moi. Comme une vague sur la grève lors d'une tempête. Je porte ma main à mon coup et sens un liquide froid sur mes doigts. Je ne tiens plus sur mes jambes tout à coup. j'allais tomber lorsque des bras fermes me retiennent. J'ai le temps d'apercevoir un visage. Son visage. Il est flou mais je peux bien reconnaître deux petites dents plus longues que les autres et tachées de rouge. Il sourit. Ce fut la seule chose que je vis avant que mes paupières se ferment et que mon esprit chute dans un trou sombre sans fond.

                                                                   ***            

Un royaume. Comme dans les contes de fée. Mais ce royaume brûlait ! Des voix résonnaient de partout. Des hommes et des femmes criaient et s'enfuyaient dans tous les sens. Leurs cœurs étaient déchirés. Je le lisais dans leurs regards. Ces habitants me regardaient comme si j'étais un monstre, comme si c'était de ma faute. Ils semblaient déçus. De quoi ? Je ne sais pas. Et moi j'avais une étrange impression. Comme s'ils avaient raison. J'étais leur seul espoir et je les avais laissés tomber.

                                                                    ***

Lorsque je me réveille en sursaut, je ne suis plus à la médiathèque, mais dans un lit immaculé. La pièce dans laquelle est installé le grand lit a des murs plus blancs que nature, presque transparents. Je tourne doucement la tête et aperçois une jeune femme assoupie sur un tabouret. Sur une petite table de chevet, des serviettes sont trempées dans un étrange liquide violâtre. Je me pinçe le nez et ferme les yeux. Alors tout me revient : cet étrange picotement, ce garçon et puis. Non, je ne veux pas y penser. J'espère vraiment que ce n'était pas ce que je pense. Le jeune homme m'avait semblé jeune, sûrement mon âge. Jamais je ne pourrai oublier ce sourire. Il n'était pas méchant, plutôt réconfortant. Et ces dents. J'avais eu très peur en les voyant. Mais que faisais-je là. Trop d'idées se bousculent dans ma tête et je finis par me rendormir. Une porte claquante me réveille, je me cache sous la couverture, mais je fais comme si de rien n'était pour ne pas voir ce qui se déroule devant mes yeux, ayant peur de ce que je pourrais voir. J'entends :

- Elle est réveillée ?

- Heu...eh bien...je ne sais pas mon prince.

- Emilia, Je vous ai demandé de la surveiller pas de dormir.

- Excusez-moi.

- Vous avez soigné sa morsure ?

Je ne peux m'empêcher de faire des yeux ronds sous la couverture.

- Oui, mais ça n'a pas été facile. Je lui parlais du royaume. Elle bougeait dans tous les sens quand je lui disais ce qu'elle est devenue. La pauvre petite. Etais-ce obligatoire ?

- Vous savez très bien que oui.

- Elle a l'air tellement innocente.

Je sens quelqu'un s'asseoir sur le lit et soulever la couverture. Vite je ferme les yeux. Puis je sens une main douce me caresser la joue et une voix masculine murmure :

- C'est vrai qu'elle est belle.

Puis reprenant son sérieux, la voix ordonne :

- Si elle a un quelquonque comportement étrange appelez-moi, c'est clair ?

- Oui...mon prince.

- Et arrêter de m'appeler tous comme ça. C'est vraiment énervant.

Des pas sourds et de plus en plus lointain me donne envie d'ouvrir les yeux. Sans trop réaliser ce qui m'attendais, je les écarquille. Une jeune femme rousse, l'infirmière si j'ai bien compris, s'avance vers moi et me sourit. Je rêve, ou il y a bien deux dents aiguisées qui sortent de sa bouche ?! Voyant mon air choqué, elle se couvre la bouche de la main et essaie de m'approcher. L'infirmière bafouille des mots que je ne comprends pas. Je n'ose plus respirer. Un pas de plus déclenche un crie sinistre et strident. Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui ais crié ainsi.


(EN PAUSE !) Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant