(EN PAUSE !) Entre deux mondes

Chapitre 3

- Ne...ne m'approchez pas ! dis-je en me relevant rapidement.

Ne sachant ce qu'elle doit faire, l'infirmière tire sur une corde au-dessus de la table de chevet. A peine quelque secondes plus tard, un garçon ouvre la porte à la volée et tente de me rassurer :

- Nous ne te voulons pas de mal !Calme-toi !

Je ne réponds rien. Je l'observe. Des cheveux châtains, des yeux bleus perçants et un visage qui me rappelle celui de... C'est lui, il n'y a pas de doutes possible. Il a lui aussi des canines parfaitement blanches. Et pointues. Je bafouille :

- C'est....c'est vous...n'est-ce pas ?

Le garçon semble réfléchir à ma question, sans comprendre tout d'abord. Puis il agrndis ses yeux magnifiques avant de répondre :

- Heu....oui, oui, à la médiathèque, c'était moi.

Et il me sourit

Je crie une seconde fois. Ils se précipitent tous les deux vers moi et me prient d'arrêter de crier, sans quoi je réveillerai tout le quartier.

- Laisse nous t'expliquer !

- Non....laissez-moi !

- Calme toi !

- Je veux rentrer chez moi.

- Ecoute, cela peut te paraître étrange mais...tu es chez toi désormais !

- ...Hein ?!

je reprends mon souffle et les regarde à tour de rôle. Non. Non, je ne peux pas être chez moi ici, avec des personnes pareilles. d'ailleurs, est-ce que je pouvait dire que ce sont des personnes ? Parce que si j'ai bien compris ce que sont ces créatures, ce n'est sûrement pas chez moi. Avec des dents pareilles, il n'y a pas de doutes possible, et dans ma situation, je ne prends même pas conscience de l'absurdité de la chose. Les deux..." vampires" se regardent un instant puis l'infirmière m'avoue la nouvelle. Elle me fait l'effet d'une gifle.

- Tu es comme nous maintenant ! Tu es un...vampire.

Il y a une seconde de silence avant que je me laisse tomber sur le lit. Je l'avais deviné mais je ne voulais pas y croire. Je suis sûrement dans un rêve et je vais bientôt me réveiller. Les vampires n'existent pas. Ce ne sont que des légendes, des histoires pour Halloween, ou dans Twilight au pire des cas ! L'infirmière et le jeune homme s'approchent de moi et finissent par s'installer de chaque côté de mon corps choqué. Plus les secondes passent, plus la vérité s'impose à moi, et plus des larmes amères coulent sur mes joues. Je porte la main à ma bouche, m'attendant à deux canines atrocement pointues. Je dis d'une voix blanche et tremblotante :

- Mais, je n'ai pas de dents comme vous...!

- C'est normal, elles poussent en grandissant, me dit le jeune homme.

Je le regarde en face. Il vient de me dire cela avec une douceur que je ne croyais pas possible. Il sourit à nouveau et ses yeux pétillent d'intelligence. Leur couleur me font penser à celle de la mer sur les cartes postales. Il est vraiment beau.

- Pourquoi m'avez-vous transformé en ..... en vous savez quoi ? Je n'ai rien demandé moi, je veux juste retrouver ma mère. Où est-elle d'ailleurs ? Vous ne lui avez rien fait, hein ? Pourquoi faut-il que ça soit moi ?

Le jeune homme se mord la lèvre.

- ça fait beaucoup de questions en même temps tout ça. Primo ne t'en fais pas pour ta mère, elle est restée à Berlin. Secondo, ce n'est pas moi qui ait voulu te mordre, c'est un ordre du roi et tertio......

Je le coupe :

- Quel roi ?

Le jeune homme (un peu répétitif, pourvu que je connaisse bientôt son nom !) détourne son regard. Apparemment, il n'était pas censé m'avouer ça.

- Bon tant pis puisque on n'en est aux confidences, allons y. Le roi....c'est ton père.

Là, je me demande vraiment si il ne s'agit pas d'un rêve. Je reste sans voix puis m'écrie en riant presque : 

- C'est impossible. Il nous a laissé sans nouvelles. Il ne peut pas être un...vampire. Ce n'est pas un monstre. Non, non, c'est tout à fait impossible. En fait, même l'existence des vampires est impossible ! C'est totalement ridicule ! je suis en plein rêve !

L'infirmière et le jeune homme me regarde d'une étrange manière. Ils font des yeux ronds.

Je viens de me rendre compte que j'ai peut-être un peu exagéré. Je viens de les traiter de monstres.

- Pardon...je, je ne voulais pas dire ça,...enfin si, mais pas comme ça ! Je....Je suis désolée, je me suis laissée aller.

- Désolé si ta nouvelle nature te déplaît tant que ça, me dit le jeune homme d'une voix triste.

Il se lève, tout comme l'infirmière et se traîne d'un pas lent vers la porte.

- Mon nom est Keren, dit-il avant de partir (enfin !), on te parlera du reste plus tard.

Quoi, ce n'est pas fini ?! Quel cauchemar ! Je suis coincée ici, dans un monde dont j'ignore toutes les règles et tous les secrets. Suis-je seulement encore sur terre ? J'en doute. De toute façon, tout disparaîtra bientôt, je retrouverai ma vie normale et j'oublierai tout ça. Il me suffit d'être patiente. Je respire un bon coup, puis expire bruyamment.

En réalité, je commence à culpabiliser. Je suis triste de les avoir bléssés. J'ai l'impression d'être une petite fourmi dans cette grande pièce. Je me recroville sur le lit et finis par me dire que je suis sûrement folle, que mon imagination débordante a encore fait des siennes. Cependant, tout me semble trop réel pour être une rêve. Je décide que, si quand je me réveille je ne suis pas dans mon lit, dans ma chambre, dans le quartier des fontaines, à Berlin, je m'enfuie je ne sais comment. Pas question de rester dans ce monde de fous une journée de plus.