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C A S S I O P E I A

C'est l'été. Les nuits sont longues et chaudes, surtout dans notre petite ville d'Arizona. Dormir dans ces conditions, c'est comme regarder le soleil sans cligner des yeux; impossible.

Alors, j'ai pris l'habitude de me faufiler dans la petite maison de Kal et de le rejoindre dans son lit. Comme la chaleur est insoutenable, nous restons allongés, côte à côte, et on lutte contre le sommeil en parlant durant des heures. Kal déborde d'imagination, alors il me raconte des histoires qu'il invente, ce qui finit toujours par m'endormir.

Cette nuit là, quand je passe par sa fenêtre grande ouverte, je découvre son lit vide. Je retire mes fringues, gardant juste mes sous-vêtements, et je me glisse dedans. Je suppose qu'il est allé fumer car son briquet et ses clopes ont disparus de sa table de nuit.

Je lève les yeux vers le plafond, où est peinte une petite fresque. Quelques mois plus tôt, Kal m'a demandé de lui peindre des étoiles, pour qu'il puisse les regarder quand il a des insomnies. C'est comme ça que notre histoire a vraiment commencée, je suppose.

Parmi les étoiles, une se démarque des autres; elle est légèrement plus grande et plus blanche que le reste. C'est mon étoile. C'est lui. Kal est une étoile : mort depuis des années, mais qui semble toujours vivant.

Un bruit de pas me sort de mes pensées et Kal se glisse dans le lit, à mes côtés. Il est torse nu et je profite avec plaisir de la vue qu'il m'offre.

- Salut toi, dit-il en plongeant ses yeux dans les miens.

Je souris et il m'embrasse. Doucement d'abord, puis plus sûrement. Ses lèvres ont le goût de la cigarette, mais elles sont tendres et chaudes. D'une main, il parcourt le creux de ma hanche. Ses doigts sont doux et agiles. Il s'écarte légèrement et me regarde.

- Tu sais, avec la chaleur, je me suis dit qu'on pourrait peut-être... prendre une douche.

Malgré l'obscurité, j'arrive à percevoir une lueur joueuse dans son regard, un mélange d'amusement et de désir. C'est Kal tout craché.

- Tu peux rêver Kal Wilkerson, je réponds en lui tirant la langue.

Il hausse un sourcil, les yeux pétillants, et je vois qu'il essaie de réprimer son sourire, mais c'est peine perdue. J'aime le voir sourire, j'aime voir l'influence que j'ai sur son humeur. Soudain, sans que je comprenne ce qu'il se passe, il me capture dans ses bras puissants et me balance sur son épaule. Oh non.

- Kal, je te jure, si tu compte faire ce à quoi je pense, tu es mort, dis-je d'une voix qui se veut autoritaire mais qui en est tout le contraire.

J'essaie de me débattre mais il est musclé et fort. Je sens sa poitrine vibrer, il se marre le con. Il se dirige vers la salle de bains. Je vais le tuer.

- Repose-moi Kal, dis-je en tapant dans son dos.

- Tu peux rêver Cassiopeia Carlson, dit-il en m'assénant une petite tape sur les fesses.

Je soupire devant son immaturité, mais je ne peux m'empêcher de sourire. Il a l'air heureux, et ce n'est pas souvent le cas.

Il entre dans la salle de bains et se place sous la douche. Fait chier.

- Espèce de fils de...

L'eau glacée me coupe la parole. Je lâche un cri de surprise et ferme les yeux. Putain c'est froid, mais ça fait du bien. Kal me repose à terre mais il me tient toujours dans ses bras. J'ouvre les yeux. Il rigole et sourit comme un gamin qui a fait un mauvais coup et qui en est fier. Je pose mes lèvres sur les siennes, rigolant moi aussi. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux.

cassiopeiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant