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K A L

Quand je me réveille le lendemain, Cass n'est pas là. Normal, il est presque onze heures du matin, elle doit être au travail. Elle le déteste, son travail. Elle est caissière à la supérette de la ville, juste pour l'été. Elle dit qu'elle garde le boulot seulement pour la clim et car elle peut piquer de la bouffe. Mais je sais que c'est parce qu'elle a besoin d'argent. Elle ne veut pas l'admettre devant moi, je ne sais pas pourquoi, mais elle a honte.

Je me lève et prends une longue douche froide. Il fait déjà horriblement chaud. Aujourd'hui, je ne me sens pas forcément mal, mais je ne suis pas encore de bonne humeur. J'ai besoin de voir le visage de Cassiopeia. Mon psy m'a recommandé de faire ça tous les matins. Pas de voir le visage de Cass, mais de faire le bilan sur mon état du jour. Je ne sais pas si ça sert à grand-chose, mais je le fais quand même.

Vers midi, je sors de chez moi et me dirige à vélo vers la supérette. C'est bientôt la pause déjeuner de Cass et je compte bien en profiter. J'ai besoin de la voir, tous les jours.

Je n'aurai jamais cru que je deviendrai autant dépendant d'une personne, surtout de Cassiopeia. Je l'ai remarquée au lycée, on était tous les deux en terminale, mais j'avais retapé ma seconde alors j'avais un an de plus qu'elle. J'avais l'habitude de me réfugier dans une classe à l'heure de déjeuner, mais un jour, je me suis fait choper et j'ai dû trouver un autre endroit. Je me suis faufilé dans la salle d'arts-plastiques et c'est là que je l'ai vue. Elle peignait silencieusement, ses écouteurs vissés dans ses oreilles. Je ne pense pas qu'elle m'aurait entendu même si elle n'avait pas écouté de musique tellement elle était concentrée dans son travail. Je me suis approché d'elle en essayant de ne pas faire de bruit et j'ai regardé ce qu'elle peignait. C'était l'océan qui bougeait, les vagues et l'écume qui avançaient sur le sable. C'était beau.

Après ça, j'ai commencé à lui parler. Comme moi, elle n'était pas du genre à traîner avec des gens, mais elle me laissait traîner avec elle. On passait nos midis dans la salle d'arts-plastiques. Elle peignait, je la regardais et, éventuellement, elle discutait avec moi. Un jour, je lui ai demandé si elle pouvait peindre dans ma chambre et, bizarrement, elle a accepté.

Elle était d'une beauté incroyable, mais elle ne s'en rendait même pas compte. Ses cheveux blonds vénitiens dévalant sauvagement dans son dos, ses yeux bleus insouciants et ses lèvres rosées que je rêvais d'embrasser.

Je me suis vite rendu compte que j'étais tombé amoureux d'elle et ça m'a fait peur. Ça m'a carrément fait flipper. Alors j'ai bu, j'ai bu, et j'étais vachement éméché parce que je l'ai appelée. Je ne me rappelle plus ce que je lui ai dit, mais elle a débarqué chez moi, en pyjama. Elle m'a aidé à me coucher et elle m'a bordé. Penchée au-dessus de moi comme ça, on aurait dit un ange. Et je l'ai embrassée. J'ai embrassé un ange et ça avait le goût du paradis.

cassiopeiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant