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K A L

Quand je me lève, le lendemain de notre dispute, je ne me sens pas bien du tout. J'ai l'impression d'être vide comme lorsque Cassiopeia ne faisait pas encore partie de la vie.
Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit, j'ai dû dormir deux ou trois heures. La maison de ma mère est horriblement grande et c'est la première fois que je dors dans "ma chambre". Tout est neuf dans cette pièce et ça sent encore la peinture. C'est tout sauf plaisant.

Je n'avais pas prévu d'aller me réfugier chez ma mère. Je voulais juste rouler jusqu'à ce que je me sente mieux mais plus j'avançais, moins j'allais bien. Lorsque j'ai débarqué chez elle et son mari vers minuit, elle a directement compris que ça n'allait pas du tout.

- Kal, mon chéri, que fais-tu là ? a-t-elle demandé en me serrant brièvement contre elle.

J'ai haussé les épaules, épuisé, et elle m'a conduit vers ma chambre. Elle m'a bordé, comme quand j'étais enfant, et je l'ai laissé faire. Je n'étais plus un petit garçon, mais étant donné la manière dont je m'étais comporté envers Cassiopeia, je n'étais pas un homme non plus. Puis, sur un coup de tête, je lui ai tout raconté. Elle m'a écouté longuement et plus j'avançais, plus ses caresses dans mes cheveux s'intensifiaient.

- Mon fils, tu es un idiot, a-t-elle dit quand j'avais fini. Mais tu as de la chance d'être tombé sur une fille comme elle, alors ne la laisse pas partir. Demain, repars et va la voir, excuse-toi et comporte-toi en homme.

- Mais elle ne veut sûrement pas me voir ! ai-je dit.

- Kal, s'il y a bien une chose qu'une fille ne fera pas, c'est le premier pas. En tout cas, pas quand c'est toi qui est en faute. Ou alors elle t'aime vraiment beaucoup.

J'ai passé la nuit à repasser notre dispute dans ma tête et je me suis rendu compte que j'étais vraiment un idiot. Bien sûr qu'elle ne comptait pas m'abandonner. Je comprenais parfaitement son envie de partir et j'étais vraiment stupide de ne pas l'avoir remarquée avant.

Je prends la route vers midi et j'arrive devant la maison de Cassiopeia en début de soirée. Je reste quelques instants devant la porte sans rien faire. J'ai peur. J'ai peur de la perdre pour de bon. Je secoue la tête et frappe deux fois. La porte s'ouvre et Maisie me regarde longtemps avant de me faire entrer.

- Elle est en haut, dit-elle simplement.

Je la remercie d'un regard et monte les escaliers rapidement. Mon cœur bat à la chamade. Je frappe doucement à la porte de Cassiopeia et regarde mes pieds.

- Maisie, je t'ai déjà dit que-

Sa voix se coupe quand elle ouvre la porte et me voit. Nos yeux se croisent, se retrouvent, s'unissent comme ils l'ont toujours fait. Les siens s'écarquillent et sa bouche s'entrouvre légèrement. Elle ne s'attendait donc pas à me voir.

- Kal, je, qu'est-ce que...

- Hum, je peux entrer ? je demande.

Elle hoche la tête et me laisse passer. Elle croise les bras contre sa poitrine et me regarde durement. Je me poste devant elle et attrape ses mains. Elle ne me rejette pas.

- Je suis tellement tellement désolé. Je sais que suis un connard fini et que je ne mérite pas du tout ton pardon. Tu serais même folle de me pardonner. Mais je t'en supplie, accorde-moi une seconde chance.

Elle ne dit rien et son silence me fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre.

- Je sais que tu ne voulais pas me laisser tomber et je n'aurais jamais dû tout ramener à moi comme un putain d'égocentrique. Je suis tellement con.

- C'est vrai, dit-elle.

Un minuscule sourire étire les coins de sa bouche et le poids dans ma poitrine s'allège un peu.

- Cass, tu es tout ce que j'ai. Tu es ce que j'aime le plus au monde et je préférerais perdre la raison plutôt que de te perdre. Tu es la plus belle œuvre d'art que tes parents aient pu créer et j'aimerais tellement qu'ils voient la magnifique et talentueuse jeune femme que tu es devenue. Je ne mérite pas ton amour, mais j'en ai besoin plus que tout. J'ai besoin de toi et je veux passer ma vie avec toi, car tu es ma vie. Je t'aime et, putain, ces trois mots sont tellement faibles comparé à ce que je ressens pour toi.

Je m'arrête, reprends mon souffle, plonge mon regard dans le sien. Elle a les larmes aux yeux, mais elle ne semble pas triste. Elle se rapproche de moi et lève la main. Je m'attends à me prendre une claque, mais elle la pose doucement sur ma joue.

- Tu es un connard fini, mais tu es mon connard fini.

Je soupire, soulagé. Elle attrape mon visage de ses deux mains et m'embrasse doucement. Mes mains trouvent rapidement ses hanches et je l'attire à moi.

- Je suis désolé, je susurre contre ses lèvres.

- Je sais, répond-elle en posant son front contre le mien.

- Je viendrai avec toi, à Savannah. On pourra louer un appartement près du campus et je pourrai trouver un job. Enfin, si tu veux.

Elle s'écarte et me dévisage, déconcertée.

- Tu... Tu ferais ça ? Venir avec moi ?

- Bien sûr. Je n'ai rien à faire ici, je n'ai pas d'avenir. Mon avenir est avec toi, peu importe l'endroit. C'est toi, ma maison.

Je suis sûr qu'elle m'aurait répondu "Je t'aime" si sa bouche n'avait pas été occupée à capturer mes lèvres.

cassiopeiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant