K A L
Ce soir-là, Cassiopeia débarque dans ma chambre, un sac à dos pendant sur son épaule. Elle porte sa tenue préférée : une salopette en jean et ses converses blanches hautes. Ça veut dire qu'elle est de bonne humeur.
Elle vient s'assoir dans le lit et ouvre son sac, sortant des tubes d'acrylique et des pinceaux. J'hausse un sourcil et la regarde, intrigué. Un sourire malicieux flotte sur ses lèvres.
- Je vais peindre sur toi Kal, annonce-t-elle.
- Tu vas peindre sur moi ? je répète, ne comprenant pas.
Elle soupire, mais elle a l'air amusée. Elle se lève du lit, s'attache les cheveux et retire ses chaussures. Elle va dans la salle de bain, me laissant planté là comme un con, puis elle revient avec une pile de serviettes dans les bras.
- Bouge, dit-elle en me chassant du lit.
Je me lève et l'observe disposer les serviettes sur le lit. Je commence à comprendre. Elle veut peindre sur moi, sur ma peau. Cette idée ne m'enchante pas trop, mais j'ai envie de voir ce qu'elle va faire.
- Maintenant, retire tes fringues et allonge toi sur le ventre, dit-elle comme si c'était la chose la plus normale au monde.
- Même mon caleçon ? je demande avec malice.
Je sais que ce sujet la gêne. Elle rougit et secoue la tête. Je souris, puis je retire mes habits et m'allonge, comme elle me l'a demandé. Je la scrute tandis qu'elle s'affaire autour de moi. Une mèche de cheveux blonds s'est échappée de son chignon, j'ai envie de la glisser derrière son oreille. La lumière pale de la lune éclaire faiblement son visage, faisant ressortir ses tâches de rousseur. Elle est magnifique.
Elle s'installe à califourchon sur mon dos, coupant court à mes pensées. Son doigt se met à parcourir ma peau et je suis sûr qu'un air concentré doit occuper son visage. L'air qu'elle affiche quand elle peint.
Quand elle semble avoir trouvé, elle attrape ses pinceaux et sa palette. Je l'entends tremper son pinceau dans la peinture et, doucement, elle se met à peindre sur moi. La sensation est bizarre mais pas désagréable, c'est juste un peu froid et le pinceau me chatouille. Je relève la tête et je me tords le cou pour observer cette jolie fille blonde assise sur moi. Je suis putain de chanceux. Je ne la mérite pas, je ne mérite pas cet ange. Mais je ne peux pas la laisser partir, ce serait du suicide. C'est elle qui me donne une raison d'exister, qui donne un sens à ma vie. Je ne sais pas si je pourrais assez la remercier pour ça.
- J'ai fini, dit-elle, une vingtaine de minutes plus tard.
Je tourne la tête vers elle; elle sourit en regardant son travail, puis en me regardant. Ses yeux sont remplis d'amour et de tendresse et mon cœur se met à faire des putains de saltos. Elle se lève de moi et je me retourne. Elle m'embrasse doucement et je sens son sourire contre mes lèvres. Puis elle se lève du lit et m'entraîne avec elle. Elle me pousse gentiment vers le miroir, me place dos à lui puis se positionne devant moi en posant ses mains sur mes hanches. Je tourne la tête pour voir mon dos à travers la glace.
- Je me suis peinte sur toi, si on peut dire ça, dit-elle en regardant par dessus mon épaule.
Et c'est vrai, elle s'est peinte sur moi. Elle a représenté la constellation Cassiopeia et les cieux sombres. C'est précis, c'est magnifique. Comment a-t-elle fait pour peindre aussi bien dans l'obscurité et surtout, sur ma peau ? Elle est vraiment talentueuse.
- Cass, c'est incroyable, dis-je en me retournant vers elle. Tu es incroyable.
Elle rougit et dépose un baiser sur mes lèvres.
- Je suis peinte sur toi à jamais, plaisante-elle. Enfin, jusqu'à ta douche demain matin, mais bon...
Je l'embrasse à mon tour, y mettant tout l'amour que je peux. Une douche ne pourrait jamais l'effacer de moi. Rien ne pourrait jamais l'effacer de moi. Elle est ancrée dans mon cœur et mon esprit à jamais, que je le veuille ou non.