[en média : moodboard de la fiction réalisé par mes soins]
K A L
Depuis cette nuit là, j'ai du mal à regarder Cassiopeia sans repenser à mes doigts sur la courbe de ses hanches, à ses seins contre mon torse, à ses jambes enroulées autour de ma taille, à son corps nu pressé contre le mien... Cette nuit était simplement parfaite. Je n'aurai jamais pensé que je vivrai ma première fois avec la personne que j'aime. Je n'aurai même jamais pensé que j'aimerai quelqu'un un jour. Je n'ai qu'une envie, revivre ça avec elle des centaines et des centaines de fois. Elle s'est donnée à moi comme je me suis donné à elle et, depuis cette nuit, nous sommes liés à jamais.
Je me retourne dans mon lit, essayant de retrouver le sommeil, mais c'est peine perdue. J'ouvre les yeux et jette un coup d'œil dehors. Le soleil pointe son nez et la vie se réveille peu à peu. Je me lève et attrape une clope mais je ne l'allume pas. J'essaie de moins fumer depuis que Cass est entrée dans ma vie.
Je descends dans la cuisine et prépare du café. Le bruit de la machine envahit la maison et je m'installe sur le comptoir. Les jambes balançant dans le vide, je revois Cass se rhabiller en vitesse à l'aube, cinq jours plus tôt, et m'embrasser avant de filer chez elle. Je souris en repensant à son air radieux malgré la fatigue et à sa façon de fuir tout en restant parfaitement gracieuse. Elle finira par me rendre fou, j'ai même bien peur que ce soit déjà le cas.
Une vibration me ramène à la réalité. J'attrape mon téléphone et lis le message que Cassi m'a envoyé.
Tu dors ? Si non, je peux passer ?
Je lui réponds que je ne dors pas et qu'elle peut venir. Je me sers une tasse de café fumant et me réveille un peu plus à chaque gorgée.
Une dizaine de minutes plus tard, Cassiopeia débarque par la porte d'entrée (je lui ai montré où je cachais un double des clés pour qu'elle arrête de passer par la fenêtre, je ne veux pas qu'elle se blesse). Elle entre dans la cuisine et je me sens mieux dès que mes yeux se posent sur elle —bien que je ne me sente pas mal, c'est juste l'effet qu'elle a sur moi. C'est la seule personne que je connaisse qui est aussi parfaite au réveil. Sérieusement, elle est tout le temps magnifique.
Son visage s'illumine d'un sourire et elle s'approche de moi. Elle se met sur la pointe des pieds pour m'embrasser et pose ses mains sur mes cuisses.
- Bonjour magnifique jeune homme, dit-elle en souriant. Votre copine doit être très chanceuse, j'aimerais bien être à sa place.
Je rigole et embrasse le bout de son nez. Son sourire s'agrandit puis elle recule et se sert une tasse de café. Elle boit une longue gorgée puis elle tire un papier de sa poche de jean. Une enveloppe, plus précisément. Elle inspire profondément et me regarde.
- J'ai reçu ça, dit-elle en désignant l'enveloppe.
- Je vois ça, dis-je. Qu'est-ce que c'est ?
- Une lettre de l'Université d'Art et Design de Savannah. J'ai été admise à la fac des beaux-arts.
- Wow, c'est génial ! Mais... Savannah en Georgie ? C'est genre à 3000 bornes d'ici.
- 3 075 kilomètres, répond-elle comme si elle s'était préparée à ce que je dise ça.
Je ne sais pas quoi dire. Vraiment pas du tout.
- Tu... Tu n'es pas content pour moi ? demande-t-elle avec une teinte de déception dans la voix.
- Si, bien sûr que si ! Mais c'est juste... loin.
- C'est loin... Bien sûr que c'est loin Kal ! elle explose. J'en ai marre de rester ici, je veux partir ! J'en ai marre de me réveiller chaque jour dans la ville où mes parents sont morts, où j'ai grandi sans eux et où je n'aurai jamais de futur avec eux ! Je n'en peux plus !
- Mais je suis là ! Tu veux partir sans moi ? Tu veux m'abandonner comme ils l'ont tous fait ? Mon père, ma mère et maintenant toi ! Je n'arrive pas à y croire !
- C'est pas du tout ça Kal, répond-elle en secouant la tête. JE n'arrive pas à y croire. Tout n'est pas toujours à propos de toi ! C'est à propos de MOI !
Sa voix se brise et elle se frotte furieusement les yeux. Je descends du comptoir et me mets à faire les cents pas. L'angoisse s'empare petit à petit de mon corps, je la sens prendre mes mains qui se mettent à trembler légèrement et mes jambes impossibles de s'arrêter de marcher. Je passe mes deux mains dans mes cheveux avec colère en essayant de réfléchir mais mon esprit est terrassé par la peur de perdre Cassiopeia. Est-ce vraiment en train d'arriver ?
- Je ne peux pas te parler quand tu es dans cet état, dit-elle en s'éloignant.
Elle franchit le seuil de la porte. Non non non.
- CASSIOPEIA ! Attends !
Elle se retourne lentement. Elle a l'air terriblement triste.
- Je suis désolée Kal.
Puis elle part et ma tête se met à tourner. Je chancelle et me force à m'assoir. J'essaie de reprendre mes esprits et de me dire que tout ça n'est qu'un mauvais rêve et que je vais me réveiller dans quelques secondes. Mais ce n'est pas vrai. Mon pire cauchemar vient juste de se réaliser.