Chapitre 8

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- Chut, susurra t'elle en s'approchant plus. Ne dis rien.

Kentin écarquilla les yeux quand les lèvres roses de son amie se posèrent sur les siennes.

Il la sentit se presser contre lui, et passer ses mains dans ses cheveux. D'abord hébété, il ne réagit pas tout de suite. Mais la passion avec laquelle elle l'embrassait lui fit perdre ses moyens. Il passa ses mains sur ses hanches et répondit avec ardeur au baiser.
Une petite voix lui disait que ça n'était pas correct de profiter de l'état d'ébriété de son amie, mais une autre, plus imposante, le sommait de ne pas laisser passer une telle occasion.
Avec un léger gémissement, Julie se mit sur lui, et approfondit le baiser en passant fébrilement ses mains sous son tee shirt et le caressant de toute part.

- Julie, attend...murmura Kentin.
- Ne me dis pas que t'en as pas envie, ria t'elle. Je ne te croirais pas.
- Non, c'est pas ça, gémit il alors qu'elle aventurait ses petites mains près de son pantalon. T'es pas en état, tu vas le regretter...
- Oh non.. Susurra t'elle. Je suis parfaitement en état, et j'ai envie.
- Julie..

Mais ses dernières paroles furent étouffées par les lèvres de la jeune fille qui se posèrent avec fougue sur les siennes. Elle approfondit les caresses, rendant fou de désir le jeune homme.
Au diable la bonne conduite, songea t'il.
Depuis le temps qu'il en rêvait. Depuis le temps qu'il désirait Julie. D'aussi loin qu'il se souvienne, il l'avait toujours voulue elle, et personne d'autre. Il avait eu quelques aventures depuis son
Retour du camp, mais aucune ne lui avait donné des frissons comme Julie pouvait lui en donner. Il n'avait toujours désiré qu'elle.


Essoufflés, les deux adolescents se laissèrent tomber sur le lit, et il se passa quelques minutes sans que l'un des deux ne parle.
Finalement, ce fut Julie qui se lança. Elle se redressa, se prit la tête entre les mains, et murmura :

- Est ce que tu es amoureux de moi ?

Kentin bloqua sur sa question. La réponse paraissait tellement évidente.

- Je crois que je suis amoureuse, continua t'elle d'une voix faible. Tu as toujours été là, tu as toujours réussi à me faire rire, tu avais toujours les mots pour me remonter le moral. D'aussi loin que je me souvienne, tu m'as toujours connue par cœur.

Elle renifla nerveusement, et s'essuyant légèrement les yeux. Ému, Kentin se rapprocha d'elle et l'entoura de ses bras.

- Pardon pour ce soir, murmura t'elle. Et pour les autres. T'as raison, ça ne changera rien, ce genre de soirées.
- Tu n'iras plus ?
- Promis.

Rassuré, Kentin enfoui sa tête dans la nuque fragile de la jeune fille et la serra contre lui. Toutes ces révélations lui avaient chamboulé le cœur. Il avait fait l'ascenseur émotionnel ce soir là.

Épuisés, les deux s'endormirent alors que le jour se levait à peine.
Quand Julie se réveilla, le soleil était déjà bien haut dans le ciel, et Kentin n'était plus dans le lit.
Elle émergea difficilement, et grimaça en se voyant dans le petit miroir accroché au mur.
Elle avait toujours La peau livide, et son maquillage était devenu un carnage. Sans mentionner sa robe qui était bonne pour être amenée au pressing. Avant de descendre, Julie se passa un coup d'eau rapide sur le visage, et attacha ses cheveux qui étaient dans un état lamentable. Elle se passa rapidement un short et un tee shirt appartenant à Kentin, et descendit prudemment.
Elle se souvenait parfaitement de la fin de soirée, sa déclaration à Kentin et le reste. Très gênée, elle ne savait pas comment elle allait réagir lorsqu'elle le verrait. Faisant profil bas, elle descendit dans la cuisine où il était affalé devant la télé, le regard pas encore tout à fait réveillé. Il lâcha un petit sourire en coin en la voyant arriver et l'invita à s'assoir à ses côtés.

- Hey, souffla t'elle.
- Salut. Bien dormi ?
- Mmh, dit elle la voix encore cassée par la nuit mouvementée.

Il se passa quelques minutes sans que l'un des deux ne parle, mal à l'aise par cette situation inattendue.
Finalement, Kentin se lança. Il se tourna prudemment vers la jeune fille et chercha son regard.

- Dis...commença t'il. Tu sais, cette nuit...
- Oui?
- Je...C'était chouette, balbutia t'il.
- Ah...-Julie paraissait déçue mais elle lui adressa malgré tout un joli sourire- Oui, c'était...très bien.
- Tu te souviens de tout ? Insista Kentin.
- Oui.
- Et...ce que tu m'as dit à la fin, tu le pensais ?

Julie s'empourpra et jeta un regard autour d'elle, affreusement gênée.

- Tu sais Julie, reprit bravement le jeune homme en lui prenant la main. Ça m'a fait plaisir. Je veux dire, j'attendais ça depuis longtemps.
- Vraiment ?
- Ouais, ria t'il. Fais pas l'étonnée, tu devais t'en douter un peu, non?
- Pas vraiment, murmura Julie avec un sourire timide.
- Si tu es d'accord...j'aimerais...je sais pas, qu'on soient ensembles ?

Le cœur battant, Kentin attendit la réponse de la jeune fille. Elle fixait le mur derrière lui, semblant réfléchir, encore pelotonnée dans la couette. Elle se redressa, et détourna ses yeux vers lui, assise en tailleur. Avec douceur, elle posa ses lèvres sur les siennes, avec une timidité adorable.

- C'est d'accord, souffla t'elle.

Le garçon passa ses bras autour des épaules de sa nouvelle petite amie et la serra fort contre lui. Enfin. Enfin il pouvait la toucher, lui prendre la main, la taquiner sans que ça ne paraisse trop ambiguë, sans avoir peur de la braquer. Son cœur semblait exploser de joie, et il était convaincu tout au fond de lui que ça n'avait rien à voir avec une amourette d'adolescence. Cela faisait bien trop longtemps qu'il était fou d'elle. Kentin en était persuadé en cet instant précis : elle était là, avec lui, et ce serait pour la vie.
Tout le reste était insignifiant. Elle lui avait dit qu'elle l'aimait. Et c'était amplement suffisant. Ils s'étaient perdus pour mieux se retrouver, et il comptait la garder auprès de lui. En cet instant précis, ils étaient juste deux jeunes êtres enfermés dans une bulle, et peu importe où la bulle dérivait. C'était à croquer.

Mais tout cela, c'était sans compter sur le temps qui jouait en défaveur de Julie. Tout cela, ce repos, ce répit qu'elle chérissait en cet instant précis... Jamais elle ne se serait douté que tout s'effondrerait encore. Elle avait baigné dans un milieu dangereux en toute innocence, et pourtant... Et pourtant.

Le jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant