- Bouge ton cul ! Hurla Julie en tambourinant la porte de la salle de bain.
- Eh, deux minutes princesse, maugréa une voix provenant de la pièce.
- Kentin arrive dans une heure, et je suis même pas prête, expliqua Julie en s'adossant à la porte.
- Kentin ? Répéta Castiel. Il va venir ici ?
- Bien sûr que non, ricana Julie. Tu crois vraiment que je vais lui montrer ce taudis ? Je vais passer la semaine chez ses parents.
- Comme c'est touchant, railla Castiel en sortant enfin de la salle de bain, les cheveux humides. Et tu vas lui dire ? Pour tout ça, ajouta t'il en jetant un regard amer à l'appartement misérable.
- Non, et tu ne lui diras rien non plus, le menaça t'elle. Ni ça, Ni rien d'autre. C'est clair ?
- Parfaitement limpide.Julie lui jeta un dernier regard noir avec de pénétrer à son tour sous la douche. Son humeur était exécrable : le paiement du loyer était à nouveau en retard, à cause d'une vente qui s'était mal passée, et la famille chez qui elle faisait la baby Sitter n'avait plus besoin d'elle. Les sous avaient de plus en plus de mal à rentrer chaque mois, et elle ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'elle avait mangé un repas convenable.
Pour couronner le tout, il n'y avait plus d'eau chaude.
Mais, heureusement, elle allait revoir Kentin qui, malgré les messages et les coups de fils, lui manquait atrocement.Lorsqu'elle fut enfin prête, elle fit un léger au revoir de la main à Castiel, sortit dans la petite rue minable qui bordait son immeuble, valise en main, et se dirigea vers le centre. Il lui fallut plus de vingt minutes à pied sous la pluie et le froid hivernal.
Elle ne savait pas encore exactement ce qu'elle allait bien pouvoir dire à Kentin. Certainement pas ses activités louches, il réagirait très mal, et avec raison. Sans rentrer dans les détails, elle pouvait rester sur son histoire de baby sitting. Anxieuse, elle attendit patiemment assise sur un banc d'arrêt de bus, à l'abri, que Kentin fasse son apparition.
Quelques minutes plus tard, elle sentit deux mains gantées lui voiler les yeux et ne pu retenir un sourire.- Tu m'as manquée, murmura t'elle en enfouissant sa tête dans son épaule tandis que deux bras puissants l'entouraient.
- Et toi alors, rétorqua le jeune homme avec un immense sourire.Il se passa quelques minutes silencieuse sans que l'un des deux ne se lâcha, trop heureux de se revoir.
- Mes parents partent trois jours, lui apprit alors Kentin. Ils ne reviendront que Vendredi. On a la maison rien que pour nous, ajouta t'il avec un sourire malicieux.
- Imbecile ! Ria Julie en lui tapant dans l'épaule.
- Allez, viens.Kentin héla un taxi qui les conduisit jusqu'à sa maison, en dehors de la ville. En riant comme des enfants, les deux jeunes entrèrent dans la maison, pressés de se réchauffer auprès du feu. Ils bavardèrent gaiement, et Kentin raconta avec enthousiasme ses premiers mois à l'université. Il était ravi, et Julie heureuse de le voir si bien. Elle en oubliait presque ses soucis.
- Et toi alors ? Demanda Kentin en lui prenant doucement la main.
- Hein?
- Le travail. Tu es toujours dans cette famille, à faire du baby sitting ?
- Oh. Ouais, grimaça la jeune fille, honteuse de mentir à son petit ami. Ca se passe bien. Je suis logée là bas, ajouta t'elle en voyant Kentin ouvrir la bouche.
- Super, dit il avec douceur. Tu penses avoir quelques économies d'ici février ?
- Je...Julie regarda attentivement Kentin. Il semblait anormalement anxieux, et ses lèvres s'ouvraient et se refermaient, comme s'il attendait de pouvoir dire quelque chose.
- Je suppose. Pourquoi?
- J'ai envie qu'on vive ensemble, dit il alors en détournant le regard. Tu me manques trop. Je songe à prendre un studio, et un petit boulot au campus.Le visage de Julie se détendit réellement pour la première fois depuis des mois et son cœur fit un bond dans la poitrine. Elle lui sauta au cou, des larmes perlants au coin de ses yeux. Elle se blottit contre le torse de Kentin.
- J'en ai envie. Être trop loin de toi, ça me rend malade. Cette ville me rend malade.
Touchée, Kentin la serra plus profondément contre lui. Innocent qu'il était alors, il ne savait rien. Rien de ce qui se jouait dans la vie de sa petite amie si douce et si pure à ses yeux.
Ce fut un appel sur son téléphone qui réveilla Julie cette nuit là. Maugréant contre le bruit assourdissant du mobile, elle se leva et voulut l'éteindre mais la vue du nom de "Castiel" retint son attention.
Julie jeta un coup d'œil vers Kentin qui dormait profondément, et décrocha en sortant silencieusement de la chambre. Dans quelle galère s'était il encore fourré?- Qu'est ce que tu veux ? Chuchota t'elle.
- On a un problème, entendit elle à travers le combiné. Le proprio veut son loyer dans deux jours au plus tard ou il nous fout dehors.
- Es tu Serieux ? On avait jusqu'à la fin du mois !
- Je sais mais... Voila, il faut le payer ! Grogna Castiel.
- Cass, je n'ai pas 300 dollars.
- Moi non plus, ricana t'il.
- Y a pas moyen de faire une livraison ?
- Avec quoi? On a plus rien en stock ! J'ai même pas assez pour l'achat-revente.Il y eut un petit silence. Julie réfléchissait à toute vitesse. Par quel moyen allaient ils se sortir de là?
- J'ai peut être un truc, reprit la voix hésitante de Castiel. Ça peut rapporter gros.
- S'il s'agit de faire un casse...
- Non ! L'interrompit le jeune homme. Rien à voir ! Mais ça ne va pas te plaire.
- Dis toujours, soupira Julie en s'asseyant au sol, tête contre le mur.
- Un client cherche désespérément une accompagnatrice pour un dîner. Il serait prêt à payer 600 dollars.
- Une accompagnatrice ? Répéta la jeune fille en fronçant les sourcils.
- Oui...tu sais, quelqu'un pour..pour faire la conversation, balbutia Castiel. Une personne présente pour les apparences quoi.
- Tu es en train de me dire que je dois être escort girl ? Murmura Julie d'une voix blanche.
- Seulement pour cette soirée ! Dit précipitamment Castiel. Et c'est juste pour accompagner, il n'y aura rien de plus !
- Es-tu sérieux...
- Julie...je suis désolé, fit le jeune homme d'une voix tremblante. Tu n'es pas obligée, c'est juste une sorte de contrat qu'on m'a proposé pour toi. Mais j'ai encore rien dit.Il y eut un petit silence au téléphone durant lequel Julie réfléchissait à toute allure. S'il ne s'agissait que d'un dîner...pourquoi pas après tout ? Cette soirée leur rapporterait bien plus que deux semaines "d'achat revente". Et ils ne finiraient pas à la rue ainsi. Mais...cette idée la rendait malade.
"Allons Julie, ce n'est pas comme si tu allais te prostituer, songea t'elle."
Six cent dollars. Jouer les potiches pour un gars. Six cent dollars. Cela allait à l'encontre de tous ses principes. SIX CENT DOLLARS.
- Très bien, souffla t'elle. Mais Castiel...ce sera la première et la dernière fois.
- Promis.
- Et préviens ton "client" que ce n'est qu'un dîner et RIEN d'autre.
- Juré.Julie raccrocha et se prit la tête entre ses mains. À quoi jouait elle ? Était elle si désespérée au point de servir un vieux pervers dans l'unique but de payer son loyer ?
De toute évidence oui."Je ne fais rien de mal, se répéta t'elle. C'est seulement un dîner."
Mais Julie était intimement persuadée qu'il ne s'agissait pas que de Ça. Ce qu'elle faisait était mal. Elle basculait tête la première dans ce monde si noir et si sale qu'elle avait toujours tenté d'éviter.
Mais elle avait ses limites, et comme elle l'avait spécifié, ce serait la seule et unique fois qu'elle ferait ce genre de chose. Kentin ne serait pas au courant, il fallait l'éviter à tout prix.
Alors Julie fit ce qu'elle avait l'habitude de faire. Elle s'enferma dans ses certitudes, ne pensant pas aux conséquences, se persuadant qu'elle saurait imposer ses limites et que JAMAIS elle n'irait plus loin. Elle refusa de voir l'évidence qui pourtant pointait son nez, et alla se recoucher, essayant de se rassurer qu'elle ne faisait rien de mal, même si au fond d'elle, sa conscience criait à l'aide.
VOUS LISEZ
Le jour où...
RastgeleJulie redécouvre Kentin. Mais la vie ne fait pas de cadeaux, et ceci s'appelle une descente aux enfers. Grâce (ou à cause) d'un certain Castiel.. "Le jour où tout a commencé Le jour où je t'ai retrouvée Le jour où ta vie a basculée Le jour où j'ai...