Chapitre 17

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Il sentit le sol sous ses pieds et il atterrit lourdement sur le marbre glacé. Il inspira profondément et l'air frais lui brûla les poumons mais il s'en fichait ; il était vivant.

Il ouvrit difficilement les paupières et laissa ses yeux s'accommoder à l'obscurité ambiante. Elle était toujours là, face à lui, la culpabilité voilant son regard. Il se releva. Elle recula. Ils restèrent ainsi durant ce qui lui sembla une éternité. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme. Il n'avait jamais cru à ces préceptes philosophiques mais là, à ce moment précis il fit une exception. Ce qu'il voyait dans ce regard émeraude c'était une générosité sans faille, c'était un optimiste à toute épreuve et un courage digne de la Gryffondore qu'elle était. Mais il vit également ces sentiments corrosifs qui la rongeaient ; la peur insidieuse qui glissait dans ses veines, la culpabilité et surtout une colère trop longtemps refoulée qui menaçait de la détruire. Il tendit la main vers sa joue. Il voulait chasser ces émotions nocives. Il voulait la prendre dans ses bras et sentir son corps tout contre le sien. Il frôla son visage...

- Gweeeeeeen !

La porte s'ouvrit avec un craquement sonore et les trois Griffondors suivis de Rogue déboulèrent dans la pièce. Elle recula d'un bond comme un animal effrayé. S'il pouvait tuer d'un regard, tous ces abrutis de rouge et or seraient morts sur le champ.

- Gwen t'étais où, ça fait des heures qu'on te cherche.

Il vit la colère flamboyer au fond de ses yeux verts ténébreux.

- Oh mon pauvre, des heures que vous me cherchez ? Fallait pas vous donner cette peine ! Moi je vous ai cherché pendant des jours, s'écria-t-elle, vous étiez où quand j'ai eu besoin de vous ? Quand j'aurais tout donné pour un simple «ça va ?», quand j'avais juste besoin d'amis ?

Elle avait dit ça d'un trait sans respirer. Un silence pesant s'installa dans la pièce, ses paroles résonnant encore dans l'immensité de la salle.

- Gwendolyn, tu ne peux pas Le laisser te faire ça, tu es plus forte que Lui. Vous êtes tous plus forts que Voldemort.

La voix érayée du directeur retentit comme une dernière bouée de sauvetage dans un océan obscur. Elle aurait pu la saisir. Elle aurait juste eu à tendre la main et s'accrocher à ce dernier morceau de lucidité qu'elle avait en face d'elle. Oui, elle aurait pu le faire mais elle ne le fit pas. Elle refusa de croiser le regard suppliant de ses amis et de son frère. Elle refusa de donner une raison de plus à la voix de se moquer. Elle n'était plus cette fille faible et gentille qui faisait tout pour aider les gens. Disparue cette fille là. Elle était une toute nouvelle personne. Forte, rebelle, puissante, indomptable.

Un sourire indéchiffrable prit possession de ses lèvres. Elle leur fit une révérence ironique et dans une envolée de cheveux bruns, elle transplana. Ils en restèrent bouche bée, c'était tout simplement impossible, pourtant elle venait de le faire.

- Professeur Rogue, veuillez ramener ces jeunes gens dans leur dortoir je vous prie.

- Mais professeur il faut faire quelque chose ! On ne ...

- Assez ! Calme-toi Harry, rien ne sert de se précipiter, nous allons la ramener je te le promets, mais pour l'instant vous devriez aller dormir.

La voix du directeur était douce mais sans appelle. Les trois Griffondors serrèrent les mâchoires mais suivirent tout de même leur professeur de potion. Une fois la porte refermée, ils n'étaient plus que deux dans le donjon ; le vieil homme à la barbe argentée et au regard bleu serein et l'adolescent au cheveux blonds et aux yeux tout aussi bleus mais beaucoup plus tourmenté. Le directeur s'approcha de la balustrade et inspira l'air frais de la nuit.

Personne n'est mauvais.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant