Draco fixait son père qui était venu les chercher et il ne pût s'empêcher de penser que l'homme devant lui était un inconnu. Il avait toujours admiré Lucius ; il avait une telle prestance, un port de tête altier et un flegme à l'anglaise qui lui donnait tout son charisme, faisant trembler toute personne s'opposant à lui. Il n'avait jamais été un papa gâteau ni un mari démonstratif, il n'aimait pas exposer ses sentiments et n'aimait pas que les autres les lui exposent. Mais le jeune homme avait plusieurs fois surpris le regard affectueux de son père sur sa mère et lui, ce regard disparaissait bien vite mais laissait au fond des yeux, tout aussi bleus que ceux de son fils, une étincelle de bonheur.
Cette étincelle avait disparut depuis un certain moment déjà. L'homme semblait avoir pris vingt ans d'âge, ses traits étaient tirés et ses yeux ternes et cernés. Il tapotait nerveusement le pommeau de sa canne, jetant de temps à autres des regards inquiets autour de lui. Lâche et faible. Cet homme, Draco ne le connaissait pas et il ne voulait rien avoir à faire avec. Pourtant il le suivait sans rien dire, le silence seulement troublé par les hululements des hiboux et le léger tintement des cailloux sous leurs pieds. Après tout c'était peut-être lui le lâche.
Blaise à ses côtés ne semblait pas en mener large, il avait délaissé ses blagues idiotes pour un masque impassible mais Draco savait que si son père n'avait pas été là, le métisse n'aurait pas fermé la bouche même si, pour ça il avait dût déblatérer sur une pierre, il l'aurait fait de bon cœur. Tout sauf ce silence insupportable.
Enfin ils arrivèrent hors des limites de l'école et ils purent transplaner. Ils atterrirent violemment dans l'allée, juste devant le Manoir. Le soleil commençait à décliner à l'horizon et un vent frais venait balayer les arbres nus du jardin. Lucius s'approcha, murmura quelques paroles inaudibles et le portail en fer s'ouvrit sans un bruit. Les trois hommes pénétrèrent dans le propriété familiale la tête haute mais le cœur lourd. Il songea qu'il allait la revoir mais il n'arrivait pas à déterminer s'il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter, après tout il n'était pas sûr de ce qu'il allait voir. Le Seigneur des Ténèbres devait l'avoir formée, en quelques jours et avec ses capacités, la magie noire devait bien l'avoir infectée mais il comptait sur son caractère et son formidable esprit de contradiction pour avoir ralentit la cadence. Elle n'acceptait sans doute pas bien qu'on lui donne des ordres et devait le faire savoir.
C'est la tête pleine de toutes ces tergiversations qu'il franchit la lourde porte en bois du Manoir. Cette-dernière se referma dans un bruit sourd, replongeant le hall dans l'obscurité. Des pas résonnèrent et Narcissa apparut dans l'encadrement d'une porte. Elle s'approcha de son fils dans un bruissement de tissu et lui caressa délicatement la joue, ses yeux bleus clairs reflétant une grande fierté. Draco se demanda si elle était fière parce qu'il avait réussi la mission que lui avait confié Voldemort ou parce qu'elle voyait cette froide détermination qui brillait au fond de ses yeux. Sa mère avait toujours réussi à lire en lui malgré ce masque impassible qu'il s'imposait, malgré le fait qu'il ne montre jamais ses sentiments, malgré cette attitude hautaine qui ne le quittait jamais complètement. Elle savait quand il avait mal, quand il avait peur, quand il voulait rire et elle savait que sa vie avait pris un tournent irréversible. Mais elle était toujours fière de lui et il sentit son cœur se réchauffer.
- Allez-y, le maître vous attend.
Les deux Serpentards échangèrent un regard et s'avancèrent d'un même pas vers la porte du salon. La cheminée crépitait gaiement dans son âtre et la fraîcheur du hall fit place à la douce chaleur du salon. Ses yeux passèrent un millième de seconde sur le tableau au-dessus de la cheminée et une vague d'appréhension le parcourut. Leur arrivée semblait être passée inaperçue et n'avait en rien interrompue le combat qui se déroulait dans la pièce. Devant eux, les sorts fusaient de part et d'autre de la salle, lancés par deux furies tellement rapides qu'on ne distinguait que leurs cheveux. Le Lord, assis entre les deux, observait le spectacle amusé semblant se délecter de chaque attaque qui touchait sa cible.
Blaise lui tira légèrement la manche et désigna la personne à sa gauche en articulant silencieusement ''Gwen''. Impossible. Pourtant en la regardant plus attentivement, il reconnut ses longues boucles brunes et son sourire vainqueur quand le sort qu'elle avait lancé toucha le sorcière en face d'elle. Elle virevoltait entre les attaques avec une grâce presque indécente, enchaînant sortilège sur sortilège et semblant s'amuser comme une enfant. Soudain Voldemort leva une main et le combat cessa immédiatement. Les deux sorcière arrêtèrent leurs mouvements et ils purent reconnaître Bellatrix, les cheveux encore plus décoiffés qu'à l'accoutumée, affichant un visage agacé.
- Maître, minauda-t-elle.
Il l'ignora et fixa les deux fentes rouges qui lui servaient d'yeux sur les jeunes hommes en face de lui, un sourire malsain apparaissant sur son visage reptilien.
- Le spectacle vous a t-il plu messieurs ?
Les deux Serpentards hochèrent la tête, incertains quant à la réponse qu'attendait le Lord.
- Très bien. Gwendolyn approche.
Depuis que le combat avait cessé, il s'était efforcé de ne pas regarder dans sa direction, ignorant son ombre féline devant la cheminée, se concentrant exclusivement sur le maître devant lui. Malheureusement, à l'ordre de Seigneur des Ténèbres, elle amorça un pas, accompagné du froissement de tissus de ses habits. Question de réflexe, sa tête se tourna vers l'origine du bruit et son regard s'accrocha à la silhouette qui s'approchait du grand fauteuil.
Elle portait une combinaison en cuire noir qui épousait chacune de ses courbes, marquant sa taille fine et rehaussant sa poitrine. Ses bras nus étaient couverts par une veste courte, s'arrêtant à la taille sur le devant et s'étirant en une longue traîne sur le derrière, ondulant à chacun de ses pas, hypnotisant complètement le jeune homme. De grandes bottes montaient jusqu'à ses genoux, la grandissant de plusieurs centimètres. Elle avait attaché ses longs cheveux en une queue de cheval négligée laissant s'échapper quelques mèches rebelles qui venaient encadrer son visage.
Nonchalamment elle s'assit sur l'accoudoir de droite et tourna la tête vers eux, un sourire mutin vissé sur les lèvres. Elle balaya la pièce du regard et planta ses yeux dans les siens. Il sentit cette chose inconnue dans sa poitrine enserrer son cœur et la boule dans sa gorge parut disparaître l'espace d'une seconde. Ses iris avaient reprit une couleur plus claire, bien qu'encore loin du vert pur qu'elle abordait ordinairement. Il voyait un amusement sincère jouer au fond de ses prunelles et il se demanda si elle savait que c'était en parti sa faute si elle était là.
À gauche du fauteuil, Bellatrix faisait tourner inlassablement sa baguette entre ses doigts osseux, paraissant prête à commettre un meurtre. Tout son visage était étiré en une grimace de dégoût et ses yeux noirs semblaient fous de jalousie.
- Tu as fait un excellent travail Draco, susurra la voix désincarnée de Voldemort en passant sa main sur le bras de la jeune fille à côté de lui. Ce week-end nous compterons deux nouveaux fidèles dans nos rangs, toi Blaise et notre chère Gwendolyn.
Le métisse serra les mâchoires et s'inclina devant le Seigneur des Ténèbres alors que le visage de la jolie brune restait impassible. Le maître les congédia d'un large mouvement de main et les deux garçons tournèrent les talons -après s'être profondément inclinés- en direction de leurs chambres.
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Personne n'est mauvais.
FanfictionElle rigole avec ses amis et s'amuse à le faire enrager. Il se moque des autres et adore quand elle s'énerve. Ils ne supportent pas pourtant il la tirera des ténèbres et elle le fera entrer dans la lumière. Après tout, personne n'est mauvais.