Après avoir saccagé la chambre de Noa, je suis rentré avec Mali Koa, qui semblait totalement perdue. En même temps, je ne lui avais rien dit et j'étais revenu sans carnet. Elle avait pris du temps à comprendre que j'étais revenu bredouille.
- Mais tu étais sûr ! Elle dit en posant sa veste sur le plan de travail de notre kitchenette. Tu es en train de me dire que tu as saccagé et sûrement frappé Noa pour rien ?
- Grossièrement oui, c'est ça.
Elle frappe la paume de sa main sur son front et je m'assois lamentablement sur le lit.
- T'es qu'un con.
Elle s'accroupit à sa valise et en sort sa trousse de toilette et une serviette de bain.
- Reste ici et réfléchis à l'ampleur de ta connerie.
- Oui, maman... Je lève les yeux au ciel.
Mali-Koa a tendance à prendre son boulot de grande sœur très à cœur, passant de sur-protectrice à emmerdeuse professionnelle en un clin d'œil.
J'étais donc assis sur le lit, hésitant à me lever pour aller allumer la télé - de peur de me prendre un quelconque objet lancé par ma sœur pour me "punir".
Je pose mes coudes sur mes genoux et me mets à réfléchir à ce que je pourrais bien faire, quand le carnet neuf apparaît sous mes yeux. Je le saisis, et l'ouvre au nouveau défi.
«Réalise un super bateau en papier avec la page suivante et mets le à l'eau ! N'oublie pas notre photo.»
Suite aux consignes, il y a les explications sur comment faire un bateau en origami - chose que j'étais loin de savoir faire !
Je regarde la page vierge à côté et l'arrache proprement, puis, je suis à la lettre les indications.
- Plier ici, ici, et là aussi, retourner...
Je me concentre énormément mais le résultat est loin d'être un bateau.
- Argh ! Je souffle.
- C'est quoi encore le problème ?
Mali-Koa sort de la salle de bain, habillée d'un jean et d'un t-shirt simple.
- Rien, y a rien.
Si je lui disais que plier une foutue feuille de papier me donnait du fil à retordre, elle se moquerait de moi pour un bout de temps.
Je déplie entièrement la feuille, et recommence à suivre les instructions. Et cette fois, le résultat aboutit à quelque chose ! Je pousse un cri de victoire et Mali applaudit.
- Mesdames et messieurs, s'il vous plaît, un grand bravo à Calum, vingt-quatre ans, à réaliser son premier bateau en papier.
- Vas te faire voir, Mali.
- Je plaisante idiot. Bon, c'est quoi le défi ? Elle demande impatiemment.
- Le jeter à l'eau.
- C'est tout ?
- C'est tout.
- Comment vous avez pu vous éclater à faire des trucs aussi nuls.
Je lève les yeux au ciel face à l'insolence de ma sœur.
Notre hôtel étant juste devant Dorchester Bay, nous y sommes en quelques minutes. À quelques centimètres de l'eau, le Polaroïd en main, nous étions à deux doigts de lancer le bateau.
- Prêt ? Demande ma sœur.
- Prêt.
Je lâche le petit navire de papier avant d'orienter l'appareil dessus et de capturer le moment.
- Tu vas pas me dire que vous vous amusiez à faire des trucs comme ça ?
- Tu comprends pas, je souffle.
- Effectivement, je comprends rien du tout !
- On aimait le faire parce que c'était un bon moyen d'être à deux. Alors même si c'était des trucs pourris genre, frotter un carnet contre de l'herbe, bah on était heureux. On était à deux.
Silence. Ma sœur ne parle plus. Mais ce bonheur n'est que de courte durée.
- T'as jamais rien dit d'aussi beau, Cal'.
- Je sais.
Je regarde la petite photo qui est pâle pour l'instant, mais on voit à peu près le bateau qui flotte sur l'eau. Quand je lève les yeux, il déjà hors de portée.
- On rentre ?
- Oui, je dis, lançant un dernier coup d'œil vers mon origami.
Le soir, après que Mali-Koa et moi ayons mangé une pizza, nous nous couchons, et il suffit de quelques minutes pour que ma sœur s'endorme profondément.
Je prends le livre et mon tube de colle ainsi que la photo et je colle la photo à l'endroit indiqué.
Tout de suite après, je lis le défis suivant.
«On a tous lu un livre qui nous a marqué et qu'on aime plus que tout. C'est l'heure de renoncer à ce livre ! Abandonne le quelque part dans la ville, après avoir écrit à l'intérieur pourquoi il t'a tant marqué. Alors, quelqu'un pourra le trouver et le lire à son tour.»
Je ne suis pas un grand lecteur. Mais je peux aisément assurer que le livre qui m'a le plus marqué est celui de Cameron. En plus, c'est le seul que j'ai sous la main.
Je me lève de mon lit et enfile une tenue correct pour sortir. Je prends le livre sous le bras, un stylo, et sors de la chambre, tout ça, sans réveiller Mali-Koa.
J'arpente les rues de Boston pour trouver un endroit convenable pour abandonner ce livre auquel je tiens tant. Je m'arrête devant un banc sur la rive de Dorchester Bay.
Je m'y assois, et réfléchis plusieurs fois à ce que je compte écrire dans ce livre.
Et je me lance.
Salut, je m'appelle Calum. Tu comprendras l'importance de ce détail quand tu liras le livre.
Un défi me demande d'abandonner le livre qui m'a le plus marqué quelque part, pour qu'il soit lu par quelqu'un d'autre. Ce livre n'a pas fait que me "marquer", il m'a ouvert les yeux sur des tas de choses. Je suis passé à côté de tas de choses il y a quelques années. Aujourd'hui je suis là pour rattraper le temps perdu.
Mais toi, qui lira ce livre. Je veux que tu prennes conscience d'une chose. Ne te refuse pas d'être heureux juste parce que tu as peur, ou que tu penses trop. La vie n'est qu'une succession de choix. Que ce soit sur un coup de tête, ou longuement réfléchi, il faut que tu prennes conscience de l'importance de chaque décision que tu peux prendre et de l'impact qu'elle aura sur ta vie.
Vis, aime, n'ai pas de regrets comme j'ai pu en avoir.
Aujourd'hui j'aime Cameron. Je l'aime à en crever. Et je compte bien me servir de ma seconde chance pour le lui montrer.***
Petit message pour la_secte_de_tout, je reviens vite sur le groupe. Je viens de rentrer de vacances, à très bientôt 💕
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reconnected - c.h.
FanfictionEn voulant se déconnecter du monde, on s'est déconnecté l'un de l'autre. Je devais arranger ça. Partie 2 de Disconnected