Bleu (Pt.6)

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Cher Toi, porteur de tes yeux bleus,

Il y a des changements rapides et bien souvent, ce sont les plus douloureux. Tu as été un de ceux-là. Le début est le plus dur. C'est comme avoir des côtes brisées, ça fait mal à chaque fois qu'on respire et ça ne se voit même pas.* Oui. Oui, j'ai pleuré. Tellement que parfois j'avais du mal à sécher mes larmes, mes joues étaient constamment mouillées. Puis, d'autres fois, les larmes ne venaient pas, soit parce que je ne le voulais, soit parce que je ne le pouvais plus. J'avais ce noeud dans la gorge et aucun moyen de le désserrer. Mais aussi, elles venaient seules, sans prévenir, sans barrière,juste comme ça . Elles venaient, point.
J'ai du cesser de t'aimer, ce qui n'a pas forcément été une chose facile malgré ce qui a pu se passer. Je t'ai haï aussi. Mais pas longtemps parce que je pense bien avoir horreur de cela. C'est une chose tellement immense, la haine qu'elle ferait faire n'importe quoi . J'ai ri de ta malchance et je me suis détestée pour ça. Tu n'as pas fait que des choses formidables mais personne ne mérite que son malheur amuse. Donc la haine est partie, elle aussi. Il restait le plus dur: la peine. Tu penses que le pire est d'avoir le cœur brisé mais c'est la seconde partie qui va te tuer.** C'était ça la deuxième partie. Ton cœur sera douloureux, un excès de cortisol apparemment. C'est là qu'il y a le néant. Le vide si terrifiant. C'est là qu'on pleure. C'est là qu'on veut le chocolat, la glace. Moi mon remède n'était rien d'autre qu'un câlin. Je n'ai voulu que cela. Il y a des nuits blanches et il y a, d'un autre côté , des jours où je ne voulais plus quitter mon lit. Mais je me suis levée. C'est là que les paroles tournent en tête. Que l'on voit nos regards partout. C'est là que tu découvres de nouvelles chansons capables de mettre des mots sur ton ressenti.
Les côtes brisées doivent se réparer. Moi j'ai parlé, parlé, et encore parlé, parfois seule, dans ma tête. Oui c'est complètement fou et pitoyable dit comme ça. À ma mère, à des amis. Puis par bonheur, notre séparation est tombée la semaine de la foire. Je me suis mis la tête à l'envers sur toutes les attractions pouvant me faire sentir quelque chose d'autre. Avec une amie, le soir, on a rigolé comme jamais, puis après avoir passé la nuit chez elle, elle m'a prise dans ses bras, m'a dit de me lâcher et c'est ce que j'ai fait. Et après mon amour, ma haine pour Toi, porteur de beaux yeux bleus, c'est ma peine qui va s'évaporer car le soleil brille sur mes côtes. Si j'étais amoureuse, je ne pense pas, mais je tenais à toi de manière indiscutable et inexprimable. Assez pour te dire "je t'aime." sans pour autant dire "je suis amoureuse de toi." Je ne pèterai pas des flammes, je ne vais pas encore "super bien" mais je vais mieux. Et pourtant oui, tu m'as manqué. D'ailleurs, tu continues à me manquer. Le lien s'est rompu si vite. Il me manque nos messages, nos appels, nos rires, nos sujets, nos surnoms, nos regards, nos promesses, ton regard, ton visage, ta voix, tes clavicules, le creux de ton cou et tes épaules,... Tu me manques mais je continue d'avancer car cela aussi va disparaître. Tu as été une belle partie de mon monde, mais tu n'étais pas mon monde. Je vis et ce, avec ou sans toi. Je dois guérir de mes Bleus.

*Vu sur We❤it je pense, je ne connais pas l'auteur mais elle m'a saisie cette phrase.
**Vers de "Six degrees of separation-The script"

Recueil personnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant