Je m'appelle Joséphine

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Avant tous les événements qui ont bouleversés ma vie, j'ai menée une existence relativement tranquille.

Je vivais aux abords des bois de Fréja, dans un petit village très classique dans les Landes de Barenton.

Dans le royaume du Légendaire, toutes les créatures mythologiques et imaginaires existent et possèdent des pouvoirs magiques. Toutes époques confondues de la Préhistoire aux Années 30.

Ce monde est parallèle à celui des humains, le "Nouveau Monde". Il parviens à rester harmonieux grâce aux Trèves de sang, qui stipule qu'aucune créature magique, humaine ou animale ne devra manger, ou tuer l'un de ses semblables. Et ma foi c'est désormais un royaume relativement paisible que je ne quitterai pour rien au monde.

Je n'ai finalement que peu de regrets dans ma vie, mais le pire est la mort de mes parents. Je me souviens que je vivais très heureuse avec eux.
Mes deux parents me ressemblaient : Deux tourterelles blanches comme la neige, aux yeux noirs et au regard très doux.

Je passais beaucoup de temps à jouer avec d'autres enfants, sous la surveillance de ma mère. Mon père, je m'en souviens encore, était un marchand de légumes et ils se relayaient avec son épouse.

Toute ma petite vie était bien réglée, et ordonnée, sans ombres, ni nuages. Mais comme dans tous les contes de fées, aucun bonheur n'est éternel. Quand j'avais huit ans mes parents perdirent la vie pendant une tempête, en dévalant une colline avec leur carriole et leur cocher.

J'étais chez mon institutrice à ce moment là, Madame Leroy, une vieille biche plutôt gentille. Elle n'eut même pas besoin de m'apprendre leur décès. Dans la nuit j'avais entendu les deux agents qui lui annoncèrent leur décès. J'ai pleuré longtemps, comme jamais et j'essayai de me dire qu'ils étaient passés dans l'Invisible auprès des Dieux.

L'enterrement fût bref, émouvant et ma chère maîtresse décida de me garder auprès d'elle. Seule et sans enfants, elle pensait que c'était la meilleure des solutions. Je passais alors deux années très agréables, j'aidais ma tutrice à s'occuper de la classe, de sa maison, et elle subvenais à mes besoins, tout en m'instruisant des choses qu'on apprend aux enfants, lecture, calcul, divination, sciences, magie, entre autres. Mais un autre événement entacha ma vie de nouveau.

Déjà âgée, la biche avait souvent des pertes d'équilibre. L'un deux lui a malheureusement été fatal, alors qu'elle volait sur son balai. Un coup de vent et elle chuta d'une vingtaine de mètres. Morte sur le coup, je la regardait partir dans mes bras. Je pleurai, encore. Je me posais des tas de questions, me demandant si je portais malheur. Mais je finis par reprendre mes esprits, pour apporter la paix à cette femme qui avait œuvré pour m'éviter l'orphelinat.

A la suite de sa mort, en plus de l'argent de mes parents, j'héritai d'une partie de son pécule. Même parmi les ombres, elle tentai de me faire relever la tête. Or une question se posait. A dix ans, qui va bien pouvoir s'occuper de moi ?
La réponse ne se fit pas attendre plus de trois jours. Sortie d'une diligence, une jeune biche trop maquillée et embaumant le parfum bon marché s'emparait de moi. Rien qu'à son regard, je sus le mépris qu'elle me portait. Je fis alors mes adieux au village de mon enfance et au bonheur que j'y avais connu.

Avec l'argent de la maison de sa tante, ma nouvelle tutrice acheta une auberge aux fins fonds des bois, espérant y monter une affaire prospère. Si cet établissement marchait, l'incompétence et le sale caractère de la nouvelle tenancière le fit complètement coulé. Plouf, noyée l'affaire du siècle.

Au tout début moi et ma nouvelle tutrice, Bettyna, tout se passait à peu près bien malgré quelques caprices de ma part, pour des choses assez futiles au final. Petit à petit cependant, son comportement me faisait peur. Joyeuse un instant, puis menaçante l'instant d'après. Mon existence même ne semblait pas lui plaire, et rien ne trouvait grâce à ses yeux. Mais la clientèle déserta rapidement l'auberge. L'alcool et son caractère colérique lui firent prendre une tournure terrifiante. D'abord les cris, puis les insultes, les coups. Saupoudrés généreusement de mots gentils et rassurants. Un vrai mélange d'horreur qui me fait déglutir encore aujourd'hui.

Dark Dove {Pause} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant