C'est pour toi

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Je me retournais dans mon petit lit. En me couchant, j'avais oubliée de fermer volets et rideaux.

Le soleil me tapait sur le visage et me forçait à me lever.

Je fis un énorme effort pour regarder l'heure, sur la petite pendule en face de moi.

Dix heures. Il était tard et j'avais bien assez dormi.

Je m'habillai avec une robe paysanne verte, me brossai les plumes et parti avec mon panier sous l'aile.
Je ne pris pas de petit déjeuner et sorti rapidement de l'auberge.

Dehors, la foule s'agglutinait dans les étroites ruelles et je penais à me frayer un chemin entre les gobelins qui tenait des hottes remplies à ras-bords de nourriture et les harpies qui ne rabattaient pas leurs énormes ailes.

Arrivée chez mon patron, je lui déposais ma récolte de la veille, prenait mon salaire et me dêpéchait de sortir de la ville.

J'avais hâte de voir les gardiens, et de leur parler de mon idée.

En passant par le chemin de la campagne, je vis Albin qui travaillait dans ses champs. Nous nous faisions signes de loin et je me précipitait dans les bois.

Je marchais tranquillement quand je m'aperçu de la présence de plusieurs personnes.

Habituellement très tranquille, la forêt était pleine de jeunes hommes et femmes qui marchaient dans la même direction.

Le manoir.

Un peu surprise, je ne me mélait pas au flot de voyageurs et passait par un chemin annexe.

Mais plus j'avançais, plus la file d'attente était importante.

Je trouvais ça très curieux.

La raison de cette étrange migration me fût donnée quelques instants plus tard.

Tout d'abord, j'aperçu le manoir, la barrière de ronces et d'épines ayant disparue.
A la place, une clôture de fer forgé noir entourait le domaine. Un gigantesque portail était ouvert, laissant la foule se presser jusqu'à la porte de la bâtisse.

J'avançais alors vers les visiteurs. A ma grande surprise, tous me regardèrent avec des grands yeux et le bruit de leurs conversations cessa. Et ils s'inclinèrent devant moi.

Je fis la grimace et un sourire forcé. Encore un sale coup des gardiens.

Les jeunes gens se tenaient immobiles et silencieux. Ne sachant pas trop quoi faire dans cette situation un peu grotesque, je leur faussait compagnie et rentrait dans les jardins.

Les vitres brisées, les tuiles envolées avaient toutes disparues.

Les troncs d'épines et de rosiers s'étaient rétractés et étaient redevenus des buissons bien sages et ordonnés.

Je pénétrais dans le manoir, et traversais le grand couloir, où là aussi, les saletés et la poussière de la veille avaient été nettoyées, par magie sans doute.

Dans la grande salle de bal où je me trouvais hier, et qui semblait plus vaste que la veille, les gardiens s'étaient installés en ligne, assis derrière une vaste table très longue, des feuilles de papier, des encriers et des plumes éparpillés devant eux.

Les revenants en chair et os ressemblaient aux juges d'un concours, et les participants étaient les uns derrières les autres. Comme dehors, tous s'inclinèrent et les gardiens s'aperçurent de ma présence.

Les sept quittèrent leurs sièges et virent m'enlacer, ce qui me laissa perplexe.

- Chérie ! cria Dina, en lâchant ses boucles blondes sur ses épaules. Tu es là, et tu vas pouvoir rencontrer tes serviteurs !

Dark Dove {Pause} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant