Rencontre au sommet

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Je sortis du manoir, les gardiens réunis devant les marches.

Un grand carrosse de bois rouge et orné de dorures était apprêté. Les ornements étaient des ronces et des rosiers sculptés, rappelant pourquoi j'étais ici.

On a vu plus discret.

Deux drôles d'hommes composait l'attelage. Grand, aussi blanc que la neige, les créatures avaient été des chevaux à une époque. Mais désormais, ils étaient squelettiques. Littéralement. Pas d'organes, pas de peau, juste des ossements.

Ils étaient habillés comme mes autres gardes, et s'inclinèrent en me voyant.

Bon, il fallait y aller. Les gardiens avaient tranchés, deux servantes et deux gardes, en plus de ceux qui tiraient le carrosse, m'escorteraient.

Pendant que je montais, en soulevant mes lourds jupons, j'aperçu le loup et le pélican, qui courraient dans notre direction.

Gabriel était encore en tablier et son amie avait gardée ses outils dans son aile.

Ils vinrent se poser contre le carrosse, essoufflés mais souriants.

- On a eu peur, dit Gabriel, on a cru que tu étais déja partie !

- C'est gentil d'être venus, dit-je, mais qu'est ce que vous faites là ?

- Ben on a pris une pause, dit Rosalyne, pour te souhaiter bonne chance !

- Alors vous pensez vraiment que j'en ai besoin ? Riais-je.

- Tu as très bien compris, fit le pélican.

Je m'assis sur les sièges de velour et Adrian dit aux cavaliers de partir.

Enfin, mon modeste, mais honorable but allait aboutir.

La voiture commença à avancer, de plus en plus rapidement.

Je me lis à la fenêtre et fit un signe de l'aile à tous le monde.

Puis, nous nous enfonçions  dans la forêt.

Pour aller au château, nous traversions le village. Je tirait les rideaux. Dissimulée, j'observais la foule s'écarter sur notre passage.

Tous les villageois regardaient mon attelage.

Personne n'avait besoin de savoir ce que je faisais dans les bois. Si ce n'est Albin...

Je regardais la route. Nous longeions  une falaise, contre laquelle la mer s'abattait. Le précipice était de plus en plus haut.

Soudain, l'attelage ralentit et se stoppa complètement.

Dehors, plusieurs hommes et créatures portaient des armures et des uniformes.

A leur tête, se tenait un homme, à califourchon sur un balai à Manche noir, richement décoré.

L'homme était un berger allemand, au poil court brun et aux yeux noirs. Assez mignon, mais avec une expression d'agacement qui gachait tout.

Il regardait la calèche et l'inspectait sous toutes les coutures, en parlants avec mes cavaliers.

Prise d'une soudaine impatience, je tirai le rideau et ouvrait la fenêtre.
Le chien parut surpris et s'approcha de moi.

- Madame, je...

- Mademoiselle, le coupai-je en souriant.

Il fronça les yeux. Puis il souria.

- Mademoiselle, je suis Edmond de Duvasque. Le bailli de la vallée de Rochecombe.

Dark Dove {Pause} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant