Ouvre les yeux

Chapitre 11 : Stan

Aujourd'hui, on en vendredi. J'aime particulièrement ce jour-là car le week-end n'est pas encore entamé, mais on le touche des doigts. J'ai pour habitude de m'installer devant la télé à regarder mes séries préférées en mangeant n'importe quoi, mais ce soir sera différent. Adieu la tranquilité.

‒Il me tarde ce soir, me dit Julien en rangeant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

Eh oui, ce soir j'ai rencard. Je vais dormir chez mon petit ami et rencontrer sa famille. Ou plutôt son grand frère, car ses parents sont en voyage d'affaire. Cela me rappelle les miens...

‒À moi aussi. Tu veux que j'amène quelque chose ?

Il me sourit, un de ces sourires qui charmeraient n'importe qui.

‒Ça ira merci, on va faire simple. Tu es sûre que ça ne te dérange pas que Stan soit à la maison ? Il a insisté pour être là, je ne sais pas pourquoi. Comme quoi il avait hâte de voir comment je me comportais avec une fille...

‒Parce que je suis la première de tes petites copines qu'il rencontre ?

Il se mord la lèvre inférieure.

‒Pas tout à fait, je me débrouille toujours pour qu'il sorte, mais tu l'intrigues, va savoir pourquoi.

Je fronce les sourcils. Je l'intrigue ? Qu'est-ce que Julien lui a raconté sur moi ? Qu'ai-je de plus que ses anciennes conquêtes ? Peut-être suis-je sa première relation sérieuse, il a tellement de succès qu'il doit souvent ramener des filles chez lui...

‒Abygaëlle !

Je sursaute. Je relève la tête et découvre le visage halé de Nicholas. Ses cheveux châtains clairs sont en bataille, ce qui pourrait paraître négligé, mais qui à vrai dire ne le rend que plus sexy. Je lui adresse un grand sourire et il s'avance vers moi.

‒Comment ça va ? Lui demandais-je.

Julien fronce les sourcils et toise ma nouvelle connaissance.

‒Bien, et toi ?

Il triture le lacet de mon sweat-shirt.

‒Ça va, merci.

Nicholas baisse les yeux pour les plonger dans les miens. Comment veut-il que je reste concentrée avec ça ?

‒Vraiment ? Me demande-t-il, inquiet.

J'acquiesce. Il se détend mais pas complètement.

‒Tu peux venir me parler quand tu veux, si tu as besoin, n'hésite pas.

Julien tousse légèrement, mais je n'en tiens pas compte et souris à Nicholas. Il prend un air mystérieux qui n'appartient qu'à lui, et continue à me fouiller du regard, puis je baisse les yeux, gênée. Il observe désormais Julien. Ses sourcils se froncent un instant, avant que sa mine réjouie ne réapparaisse.

‒Bon, je vais te laisser, à la prochaine.

Il me jette un clin d'œil. Je me demande s'il le fait exprès, ou si ce charme et cette classe lui sont naturels. Pendant que je décide si Nicholas me charme intentionnellement ou non, Julien se redresse, bombe le torse et pose sa main sur mon épaule, comme pour marquer son appartenance.

‒Je n'aime pas trop ça, me dit-il, nerveux.

‒De quoi ?

‒Ce mec, il te drague carrément.

Ah, j'ai la réponse à ma question. Je ris doucement.

‒Je ne pense pas, il est comme ça avec tout le monde.