3/ Dans la gueule du lion

4.4K 280 144
                                    

Mes paupières se relevèrent en vitesse et les regards de mes camarades me firent comprendre que je n'avais pas rêvé. Gryffondor ? Moi ? Impossible. McGonagall enleva le chapeau de ma tête et je mis plusieurs secondes avant d'arriver à me relever et à me diriger, craintivement, vers cette table inconnue. La seule place qu'il y avait, c'était en face de Londubat, à côté de Dean Thomas et proche du Trio d'Or. J'allais me réveiller, dans mon lit, malade, avec quarante de fièvre. C'était un cauchemar, rien d'autre. Où était-ce un rêve ? J'étais complètement perdu... Je m'installais, baissant la tête pour que l'on me remarque le moins possible. 

Mes yeux fixèrent Pansy qui s'avançait pour connaître, à son tour, sa nouvelle maison. Elle me regardait comme si j'étais devenu un étranger, un moins que rien. Je serrais les dents et, pour la première fois, j'espérais qu'elle allait vivre un enfer, changer de maison, côtoyer sa pire ennemie -qui n'était autre que Cho- et se sentir rejetée. Seulement, le Choixpeau la renvoya à Serpentard. La vie était si injuste... Pourquoi moi et pas elle ? C'était moi qui avais des parents mangemorts. Moi qui avais la marque des Ténèbres éternellement gravée sur l'avant-bras. Moi, encore, qui avait assisté à de multiples "interrogatoires" musclés. J'étais un véritable Serpentard jusqu'au bout des ongles. 

"Potter, Harry."

Pour lui, personne ne se fit d'illusion. Même si je priais pour qu'il change d'étendard, il revint tout de suite à sa place, sous les applaudissements de ses amis. "L'Élu" me fusillait du regard, cherchant à m'intimider pour que je retourne auprès de mes compagnons. Si j'avais le choix, je préférerais partir que rester une seconde de plus sur ce banc, dans le silence pesant et l'attente atroce. 

"Thomas, Dean."

Mon voisin de table s'en alla sous les encouragements de Finnigan et de Londubat. Il me tournait le dos mais j'eus comme le besoin de lui sourire, même s'il ne me voyait pas. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Une intuition. Pour moi, ce Sang-mêlé n'était pas fais pour être à Gryffondor. Autant que moi. Le chapeau en arriva à la même conclusion et il hurla, dans une salle troublée et furieuse:

"Poufsouffle !"

Finnigan se redressa sur son siège et, sous le coup de la colère, fit valser son verre cristallin. La magie répara vite cet incident mais Thomas dû aller à côté de Ernie Macmillan, un bon joueur de Quidditch qui avait participé à la bataille de Poudlard. 

"Weasley, Ginny."

La rousse embrassa Potter avant de partir vers le chapeau parlant. Je ne savais même pas qu'ils étaient en couple. C'était répugnant. J'avais envie de vomir. Elle se plaça sous le Choixpeau magique qui prit du temps avant de briser leur idylle.

"Serdaigle !"

Tous les Gryffondor protestèrent. Ginny était des leurs et il ne voulait pas que cela change. Les Serpentard riaient de bon coeur et je dû faire un effort surhumain pour ne pas rigoler avec eux. Harry regardait sa bien-aimée s'asseoir à côté de Lovegood, l'air abattu. Tant pis pour toi, Potter, pensais-je. L'air n'en sera que plus respirable. 

"Weasley, Ronald."

Le traître déglutit tellement il avait peur de devoir se séparer de ses deux amis et d'aller avec sa soeur. Il n'avait pas à s'en faire, Serdaigle était trop intelligente pour lui. Poufsouffle trop sincère, lui qui cachait tellement de choses. Quant à Serpentard, elle était bien trop maligne pour quelqu'un dans son genre. Une fois encore, le chapeau sembla suivre mon raisonnement et le réexpédia dans la maison du lion. 

Les derniers noms tombèrent, les maisons se changèrent et la directrice conclut son discours pour laisser la place à un gigantesque repas. De centaines de plats décoraient les tables et tout le monde se rua sur l'excellente nourriture. Sauf moi, je n'avais pas faim. Je ne voulais pas imiter les Gryffondor. C'était idiot comme principe mais c'était le mien et il était hors de question que je leur ressemble, de quelque manière que ce soit. Le premier a parlé fut Ron qui se trouvait à deux place de moi. 

"Comment ils ont pu le (je compris qu'il parlait de moi) mettre chez nous ? Il est tout sauf un Gryffondor, ce n'est qu'un lâche. Pourquoi nous changent-ils de maison maintenant ?

- Parce que, rétorqua Londubat en me regardant joyeusement alors que j'allais sortir une réplique cinglante, nous évoluons tous au fil des épreuves. Je suis sûr que le chapeau ne s'est pas trompé et que tu as ta place ici. 

- Merci... marmonnais-je sans savoir s'il m'avait entendu ou non."

Finalement, tous les élèves de la maison du courage n'étaient pas stupides. Du moins, pas trop. C'était la première fois que je lui disais autre chose qu'une insulte et, bizarrement, je pensais que ce ne serait pas la dernière. Comment pouvait-il me parler si gentiment après tout ce que je lui avais fait subir ? Moi, j'en serais incapable. 

"On peut changer de sujet ? proposa Finnigan. On n'a qu'à parlé de nos vacances. Elles se sont bien passées ?"

Il dû regretter sa question au moment où elle franchit ses lèvres car il se les pinça nerveusement en écoutant les réponses colériques des ses amis. 

"Bien passées ? ragea Ron. Tu veux que je te dise...

- Ron... implora Hermione en le faisant taire. Cet été, reprit-elle sur un ton doux, je suis retournée chez moi et j'ai rendu la mémoire à mes parents. Nous sommes allé dans la forêt de mon enfance et...

- Tu la leur avais enlevé ? demandais-je sans même m'en rendre compte. 

- Qu'est-ce qui te donne le droit de lui parler ? répondit le fils Weasley en serrant les poings."

Le lourdeau toussa fortement pour couvrir les paroles du roux et me fit signe de leur raconter mes propres vacances. A quoi cela servait-il ? Je n'allais pas faire ami-ami avec eux en leur racontant mes secrets et mes états d'âmes. Je ne voulais pas lui répondre mais, finalement, après quelques secondes de silence, je me lançais fébrilement :

"Eh bien... je suis allé voir mon père à Azkaban avec ma mère qui s'inquiète bien trop pour moi."

Pourquoi leur avais-je dis ça ? C'était stupide de ma part et Potter me le fit savoir.

"Tu ne vas pas te plaindre en plus ! Tu veux savoir qui a passé de mauvaises vacances ? Ron, Hermione, Ginny et moi ! On a dû réparer tes erreurs pendant que tu te prélassais dans ton manoir ! Je ne te pardonnerais ja...

- Bon, coupa Londubat en se levant de table, sans avoir touché son assiette. Ça suffit. Drago (on le fusilla du regard pour m'avoir appelé par mon prénom), ça te dirais que je te fasse visiter la salle commune ?"

Il me tendait une perche et je la saisis immédiatement. Je mourrais d'envie de sortir de cette table. Je me levais vivement et nous sortîmes, lui et moi, de la Grande Salle. Nous étions les premiers à partir et, intriguée, Pansy ne me lâcha pas des yeux avant que je passe la porte de marbre. Je jetais un dernier coup d'oeil à mon ancienne maison et, quand je me retournais, il me sourit en disant :

"Je suis désolé, ils sont plus hospitaliers d'habitude mais bon... Ils vont se lasser à force, il faut juste être patient. 

- Je vais demander à McGonagall de revenir sur la décision du chapeau, déclarais-je brusquement alors que nous atteignions les escaliers mouvants. 

- Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas. Tu sais bien que le chapeau est une tradition et que personne ne peut le contre-dire. 

- Il aurait mieux fais de brûler celui-là..."

Je m'interrompis. J'avais oublié. Si le Choixpeau magique avait brûlé, Londubat se résumerait à un tas de cendre. En effet, durant la bataille, il avait défié Voldemort pour redonner courage aux troupes abattues par la "mort" de leur héro. Pour le punir, le Seigneur des Ténèbres lui avait jeté le maléfice -que je lui avais lancé maintes fois- de Petrificus Totalus avant de lui enfoncer le chapeau sur la tête et d'y mettre le feu. Heureusement, il avait réussi à s'en défaire.

"Désolé... balbutiais-je tandis que nous attendions que l'une des marches arrête sa course folle.

- Tu n'as pas à t'excuser. On est arrivé, dit-il en faisant face à une peinture d'une grosse dame chantant affreusement mal."

UNE ANNÉE INATTENDUE (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant