Combien de temps passais-je à entendre, au creux de mon crâne, le compliment d'Hermione ? Longtemps et encore maintenant, il sifflait à mes oreilles. Mon coeur sembla se tordre sur le coup mais mon attitude ne fut pas à la hauteur de la gentillesse de la né-moldue et je ne pus bégayer qu'un vague merci avant, précipitamment, de quitter sa table et d'entrer dans le dortoir encore désert. Un autre Gryffondor aurait aimé s'infiltrer dans la pièce colorée, Neville était plus rouge qu'une tomate et aucun de ses amis ne semblaient prêts à le laisser partir sans connaître le motif miraculeux qui avait pu le laisser sortir du château et passer la journée à Pré-au-Lard. Finalement, je le vis entrer une demi-heure plus tard, suivi par les autres compagnons qui pestaient contre lui.
"Pourquoi ne veux-tu rien nous dire ? soupirait Weasley.
- Je n'en ai pas envie, répétait Neville en s'asseyant sur son lit. On ne peut pas parler d'autre chose ?
- Mais j'ai besoin de Chocogrenouilles ! tonna le roux en harmonie avec Potter qui remplaça Chocogrenouilles par Dragées Surprises."
Comme disait les moldus, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Moi qui savais le motif "miraculeux", je ne fus pas surpris de la réaction colérique du garçon. C'était la première fois que je l'entendais crier et, aux expressions hébétées des deux acolytes, ils assistaient, eux aussi, à une première.
"Vous êtes vraiment des idiots ! hurla t-il en se relevant de son baldaquin avant d'ouvrir la porte en sortant du dortoir. Vous ne comprenez rien à rien ! Fichez-moi la paix avec vos friandises merdiques !"
Ron Weasley gardait la bouche ouverte alors que la porte de marbre se refermait fortement, fracassant le silence de l'aile des lions. La main sur mes lèvres, je me retenais de rire en voyant leur incompréhension. Pourtant, il n'y avait rien de marrant. Londubat n'en pouvait plus des remarques inconscientes, Potter et les autres ne se doutaient de rien... Il fallait que je leur dise, que je leur avoue le secret dont j'avais été l'inopportun associé même si cela signifiait confesser la raison de ma présence. Comme devinant mon dilemme, l'Élu me fixa avant de me questionner sèchement :
"Hé, Malefoy. Tu saurais pas ce qu'il lui prend ?"
Le ton méprisant de sa voix et son regard dégoûté de devoir m'adresser la parole me suffirent pour tenir ma langue. Si je devais le dire à quelqu'un, ce serait directement à lui, pas à eux. Alors, confiant, je sortis, sans un bruit, de la salle en direction du parc. C'était, selon moi, le premier endroit où il irait. Une sorte d'intuition, un battement au fond de mon coeur, celui de l'amitié, me murmurait le chemin à prendre. A part là-bas, je ne voyais pas où un amoureux de la botanique pouvait aller.
Hermione croisa mon chemin, souriante, mais je ne m'arrêtais pas pour lui parler comme une partie de mon coeur me l'hurlait. A chaque fois que je la croisais, je n'arrivais pas à me concentrer et j'en oubliais, pendant quelques instants, la détresse de Neville. La brise nocturne tourbillonnait autour des âmes vagabondes, laissant l'humidité en suspend tandis que les derniers élèves regagnaient, frileux, les corridors chaleureux. Padma Patil, la jumelle de Serdaigle, semblait se rapprocher d'un garçon de Poufsouffle et c'était main dans la main qu'ils rentraient à l'intérieur du château. Je vis également quelques Serpentard, d'habitude accompagnés de Goyle et de Parkinson, revenir en ricanant. Je tentais curieusement d'entendre le sujet de leur conversation, pressentant un événement grave. Une énième moquerie sur l'un des premières années qui n'osaient pas répondre à leurs provocations. Je ne pus que comprendre des bribes de phrases incohérentes et des mots éparses: "sort", "surprise", "bien fait pour lui", "interdit", "sanction". Dire que mes anciens amis me paraissaient si méprisables et si méprisants maintenant que j'avais ouvert les yeux et... le coeur. Ce fut là que je distinguais les deux Serpentard, marchant ridiculement vers le lac noir, baguettes à la main. Comme je m'en voulais de ne pas avoir réagit plus tôt mais mon esprit comprit ce qu'il se passait lorsque je discernais la silhouette retournée, que l'éclair fendit l'air et que le cri résonna au centre des premiers arbres.
Le cri du désespoir. Le cri de l'horreur. Un hurlement que j'avais trop souvent entendu, que j'avais trop souvent causé. L'ombre se tortillant sur le sol, à la merci de la baguette ennemie, n'était autre que le Gryffondor meurtri, Neville Londubat. Mes jambes coururent, mon pouls s'accéléra, mes cordes vocales hurlèrent à leur tour.
"Arrêtez ! m'exclamais-je en sprintant vers la scène. Vous allez me le payer ! Parkinson ! Goyle !"
J'étais sûr de l'identité des agresseurs bien avant que ceux ci prennent la fuite en abandonnant un corps allongé près de la rive. Tout était de ma faute. Si j'avais lancé le sortilège ce soir-là, non sur lui mais sur eux, jamais ils n'auraient pris la décision d'agir seuls. Jamais mon ami ne se serait retrouvé dans cette situation, victime d'un sort dont je peinais à connaître le nom. J'étais encore à quelques mètres de lui, je me rapprochais à vive allure.
Mes genoux cédèrent sous mon poids et, assis, je regardais avec épouvante les yeux clos de Londubat. Il était rouge... Pas le rouge qui colorait ses joues quand on lui accordait, à son goût, trop d'attention. Le rouge sanglant qui recouvrait la totalité de son corps. Le Sectumsempra...
Vainement, j'essayais de refaire le sortilège qu'avait réalisé Rogue sur moi alors que Potter avait lancé l'un des pires sorts du monde des sorciers. Ma baguette émit une lumière âpre sans s'imprégner au fond de ses blessures avant de s'éteindre rapidement. Je ne pouvais pas le porter, il était trop lourd et je n'étais pas musclé. Mais je ne pouvais pas le laisser là, seul, pendant que j'allais chercher les secours. Je comprimais les entailles ruisselantes avec mes mains sanglantes, en suppliant de l'aide. De l'aide, j'en avais besoin, il en avait besoin. Son visage devenait pâle comme la mort, ses vêtement s'empourpraient de plus en plus. Il mourrait sous mes yeux et personne ne semblait s'en apercevoir.
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UNE ANNÉE INATTENDUE (Dramione)
FanfictionLa bataille de Poudlard a eu lieu, les morts ont été célébré, la vie reprend son cours. Les élèves de dernière année sont invités à revenir passer leurs ASPIC sous le regard de la nouvelle directrice, McGonagall. Drago Malefoy fait parti des étudian...