12/ La fille de mon coeur

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De la pitié ? Croyait-il vraiment que nos regards allaient changer pour quelques problèmes financiers ? Je ne savais pas quoi dire, pas quoi rétorquer mis à part une insulte. En réalité, sa stupidité était sans borne, une stupidité qu'il portait depuis son enfance : la peur de l'autre. Il voulait être apprécié de tout le monde sans attirer l'attention, aider le maximum de personne sans devenir un héro. 

"Je ne te comprends pas, avouais-je en soupirant. Comment tu peux croire qu'on te traitera avec pitié si l'on apprenait pour tes parents ? Surtout... Pourquoi moi ? Tu ne me juges pas après tout ce que j'ai fais alors comment le pourrais-je ? 

- Je ne veux pas qu'on me voit comme un faible, je ne le supporterais pas. Si je dois avoir peur d'une seule chose, ce n'est pas de mon épouvantard ni du Quidditch et encore moins de toi, c'est de la pitié. Les médecins à Ste Mangouste, ma grand-mère, ma famille, Hermione, Ron et Harry quant ils les ont vu... Ils avaient tous de la pitié dans le regard. 

- Avoue que ça surprend, dis-je en étirant un sourire au coin de ma bouche."

Il fut si surpris qu'il en oublia sa colère et nous reprîmes nos attitudes joyeuses, bien que sa mélancolie se faisait ressentir à chaque respiration. 

"Tu sais, si tu as besoin d'aide financière, je suis là. J'ai tellement de comptes à Gringotts que mes parents ne verraient pas la différence si j'en vidais la moitié sur un coup de tête. 

- Je peux me débrouiller seul, mais... merci Drago. Tu es vraiment un ami, dit-il en souriant. 

- Sûr ? insistais-je.

- Sûr.

- Aussi sûr que tu vas retourner à l'infirmerie ? 

- Tu perds pas le nord, rigola t-il. Expression moldue, ajouta Neville en voyant ma mine déconcertée. Mais non, c'est hors de question.

- Pourquoi ça ? 

- Si je ne peux plus travailler, je ne peux pas payer. Si je ne peux pas payer, mes parents se retrouveront à la rue. Et... je ne veux pas d'aide, je dois me sortir de là seul. 

- Si tu insistes... Laisse-moi au moins te dire que, si tu consentais à tout lui avouer, Pomfresh te laisserait sûrement aller à Pré-au-Lard.

- Tu crois ?"

Son regard s'illumina et il se tut, semblant heureux. Non, je ne croyais pas. Je connaissais la réponse de l'infirmière mais il lui fallait du repos, de gré ou de force car je voyais aisément ses plaies encore suintantes se rouvrir lentement, sans que Londubat n'y fasse attention. Du moins, pas en apparence. Je savais aussi que je ne pouvais pas le faire changer d'avis, qu'il était trop tôt pour lui faire oublier sa peur des autres. Comme il était trop tôt pour moi d'abandonner mon nouveau rêve. Et cela, malheureusement, Neville l'avait bien compris alors, entre deux blagues, il me demanda :

"Tu lui as dis ? 

- De quoi ? répondis-je en fronçant naïvement les sourcils.

- A Hermione.

- A Granger ? balbutiais-je. Qu'est-ce que je devrais lui dire ? 

- Me prends pas pour un con, mes yeux étaient ouverts bien avant que je vous parle. Je vous ais vu, à l'infirmerie, tous les deux. 

- On est juste ami."

Il jubilait malicieusement alors que mes joues se teintaient de rouge et mes yeux cherchaient refuge quelque part, n'importe où. 

"Ton AMIE (et il insista sur ce mot) voudrait te parler. Alors, bouge pas."

Je pris du temps pour comprendre le sens de sa phrase et il était déjà parti en direction de l'infirmerie, non pas résigné devant mes menaces passées mais convaincu de pouvoir faire changer l'avis de Pomfresh. Peine perdue... pensais-je. J'entendis un toussotement discret et, derrière l'arbre où j'étais adossé, une ombre vint s'asseoir en frottant ma robe de ses bras doux. 

"Je savais que tu y arriverais, souffla Hermione au creux de mon oreille. 

- Moi, je n'en étais pas si sûr. 

- Tu as beau jouer les durs, tu n'as aucune confiance en toi pour certaines choses.

- Pour celle-ci, si."

Je ne savais ce qu'il m'avait pris. Mais, en sentant son parfum léger, en voyant ses lèvres, ses pupilles, ses cheveux en bataille, ses joues rosées et son aspect angélique, je n'avais pu résister. Ma paume avait caressé sa pommette tandis que mes lèvres s'étaient collés aux siennes. Au début hésitant, l'étreinte devint passion. Ses manches entourèrent ma taille et ses doigts se joignirent sur mon dos, nos yeux restèrent clos pendant que nos salives se mêlaient avec tendresse. Sa bouche était sucrée et, inconsciemment, je priais le ciel pour qu'il cesse de se mouvoir, qu'il paralyse le monde et que cet instant devienne éternel.

Mais les nuages continuaient leur avancée au gré du vent et la réalité reprit rapidement les esprits de l'adolescente. Elle ôta ses bras, les posa sur mon torse pour se retirer de mes caresses. Nos paupières se rouvrirent en osmose et les yeux de la né-moldue s'étaient durcis et adoucis, renfermés et ouverts. 

"Je ne peux pas, bredouilla t-elle. J'ai déjà quelqu'un et tu le sais.

- Je sais mais... enfin... je...

- Cherche pas d'excuse, coupa Hermione. J'ai eu aussi des sentiments pour toi mais je suis bien avec Ron et je veux rester avec lui. Surtout que jamais nous ne pourrons être ensemble à cause de tes...

- Mes parents ? Mon passé ? Quoi ? répliquais-je avec ardeur. Je peux changer, j'ai changé ! Tu l'as dis toi-même ! Et puis, Ron et toi, c'est pas sérieux. Ça se voit au premier coup d'œil ! Vous êtes distants et ça, même Potter l'a avoué à ton petit-ami dans les dortoirs, hier soir. Hermione... si tu ne veux vraiment pas accepter mes sentiments, trouve une autre raison qu'une histoire qui ne tient pas debout. Ou alors, dis-moi, dans les yeux, que tu l'aimes et que tu me détestes.

- Je ne veux pas lui faire de mal... bégaya t-elle. Je ne veux pas que notre amitié en pâtisse. 

- On est pas obligé de leur dire.

- Tu veux dire qu'on pourrait rester caché ? 

- Je pourrais faire n'importe quoi... Hermione, je n'ai jamais ressenti ça avant. J'ai le coeur qui bat à cent à l'heure dès que je pense à toi, j'ai mal dès que je te voies près de lui, dès que tu l'embrasses... Granger, je crois que je t'aime..."

Qu'avais-je dis ? Qu'avais-je fais ? Pourquoi me sentais-je si heureux alors que des larmes coulaient le long de ses joues. Étaient-ce des larmes de joie ? Joie que l'on soit ensemble ou joie de se libérer d'un poids. Ou, au contraire, étaient-ce des larmes de tristesse ? Tristesse de devoir me repousser et de me briser le coeur. 

"Drago... Je crois que je t'aime aussi..."

Ce ne fut pas moi qui me rapprocha mais elle qui, soudainement, se lança sur moi. Je basculais en arrière, la tête frappant le sol fraîchement tondu, le corps emporté par le sien. Et nous nous embrassâmes longuement. N'osant arrêter nos échanges amoureux, là, le ciel sembla se stopper et l'environnement alentour disparût. Plus rien ne comptait. Plus rien à part elle.

UNE ANNÉE INATTENDUE (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant