"Bien mieux que toi, mon vieux, lança Ron en me jetant un regard d'assassin. La mode gothique des moldus te va pas du tout."
Neville ricana, un regard doux au visage. Bizarrement, bien loin de me rassurer, cet air m'inquiétait plus qu'autre chose. Il respirait le faux-semblant, la douleur et la peine. Pourquoi, si tel était son sentiment, ne nous en parlait-il pas ? N'avait-il pas confiance en nous ? Je ne pus que sourire, espérant me faire des idées même si l'attitude d'Hermione confirmait mon hypothèse. Puis, comme entrecoupant toutes les questions de l'assemblée silencieuse, Potter demanda, un peu gêné d'oser prendre la parole :
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
Il bégaya frénétiquement. Non pas qu'il ne pouvait articuler, mais il semblait hésiter entre mentir, bien qu'il sache que cela ne servait à rien, ou à dire la vérité. Avait-il honte de s'être laissé prendre au piège ? Non, ce n'était pas ça. Londubat semblait plutôt vouloir se taire pour une toute autre raison qui m'échappait encore. Heureusement, il se contenta de dire, avec la plus grande simplicité et le plus grand coeur :
"Je n'en sais rien... J'étais près du lac et puis... plus rien. Je ne sais pas comment je suis arrivé ici...
- C'est Drago, répondit Granger, qui t'a emmené. Il a vu ce qu'il s'est passé tout à l'heure et il nous a tout raconté. Comment tu vas ?
- Merci Drago, sourit-il.
- Tu croyais vraiment que j'allais te laisser mourir, lourdeau ? J'ai pas fini de te faire chier."
Phrase qui parut s'évaporer dans l'air, se dissipant avant d'arriver aux oreilles des Gryffondor. Je n'en pensais pas un mot et ça, tout le monde le comprenait avec des larmes discrètes qui coulaient le long de ma joue. J'avais eu peur... J'avais eu peur pour cet ami qui m'était étonnamment si cher, qui m'était comme opposé et complémentaire. J'eus voulu répéter ma phrase, l'enjolivant au gré de mes émotions nouvelles mais, d'une voix gutturale à pétrifier une Mandragore, l'infirmière vint rompre ma soudaine créativité en tendant un verre contenant un liquide verdâtre comparable à celui que j'avais dû prendre après avoir pris la sort de Potter en pleine poitrine. Je grimaçais à l'avance et je ne fus pas surpris de le voir froncer les sourcils avant de faillir recracher le contenu comparable avec de la boue agrémentée de savon à la lavande.
"Bon Londubat, grinça t-elle en poussant Finnigan contre le lit adjacent pour se rapprocher de son patient. Vous pourrez sortir demain après-midi, au plus tard. Ne vous croyez pas sorti d'affaire si vite, ajouta Pomfresh en voyant les sourires joyeux des adolescents, interdiction de sortie ou d'activité physique pendant un mois entier. Alors, adieu le Quidditch (bien que, murmura t-elle, ce ne soit pas votre don naturel), la sortie chez les moldus et Pré-au-Lard.
- Non ! protesta t-il. Il n'y a pas un moyen de... accélérer ma guérison ? Une potion ou un sortilège par exemple...
- Ne racontez pas de sottise Londubat ! coupa la vieille. Il n'y en a qu'un : le repos. Vous n'allez pas pleurer pour une excursion et un ou deux cours de vol quand même.
- Mais je me sens bien ! mentit-il assez habilement. Je ne ressens plus rien, je suis en forme !"
Sur ce, il se leva et, chancelant, fit quelques pas en avant. On voyait ses yeux se froncer, ses lèvres se crisper. Sa vue se troublait, c'était évident. Thomas, le plus près de lui, dû le rattraper en catastrophe lorsque ses jambes ne purent supporter plus d'effort après avoir perdu tant de sang. Il repoussa pourtant l'aide de son ami et continua son chemin, tremblant, avant de sortir de l'infirmerie malgré les appels répétés de Pomfresh.
Alors qu'elle allait le faire rentrer, de gré ou de force disait-elle, une main calme se posa sur son épaule. Hermione la regarda, des pupilles lui reprochant encore son attitude de l'année passée et, sur un ton autoritaire, déclara :
"Il ne vous écoutera pas, pas si la cause de sa colère est celle que je pense, laissez son meilleur ami y aller.
- D'accord... admit-elle, ne voulant pas se causer d'autre dispute. Finnigan, allez-y."
Il toussota amicalement et resta de marbre avant de marmonner :
"Ce n'est pas de moi qu'elle parlait.
- De qui alors ?
- De Malef... De Drago, se reprit-il."
Sans que je m'en rende compte, tous avait acquiescé, même Potter et les Weasley. Sans que je m'en rende compte, j'étais devenu la personne la plus proche de Neville. Sans un mot, je courus à l'extérieur du bâtiment, sachant où le chercher en sachant que ses jambes ne pouvaient le porter bien loin. Je n'eus besoin que de quelques minutes pour le retrouver, adossé à un tronc d'arbre mort, le regard dans le vide, son visage empourpré du rouge de la colère. Quelques sueurs, mélangeant angoisse et douleur, perlait son front pensif.
"Tu comptais faire le mur dans ton état ? dis-je subitement en m'asseyant à ses côtés."
Il sursauta, prit par un rictus faisant souffrir son estomac.
"Et toi, rétorqua Neville, tu comptais me convaincre de rentrer ?
- Je vais essayer.
- C'est peine perdue.
- Les moldus ne disent-ils pas que jamais rien n'est perdu ? Qu'il ne faut pas se déclarer gagnant avant la bataille ?
- Ouais... admit-il avec regret. Mais tu ne peux pas comprendre, si j'acquiesce à tout ce qu'elle dit, je vais avoir de gros problèmes.
- Tu ne veux pas en parler ? questionnais-je en sachant de quoi il voulait parler.
- C'est compliqué.
- Tu me penses si con que ça ?
- Non, pas du tout, s'alarma t-il en exorbitant ses pupilles. Je n'ai jamais dis ça !
- Pas la peine d'expliquer, je sais déjà tout ce qu'il y a à savoir, murmurais-je. J'ai lu la lettre de l'hôpital. Je sais pour tes parents... Je suis désolé."
Il ne me demanda pas comment et quand je l'avais su, ni si je l'avais dis à quelqu'un d'autre. Il m'énervait avec son calme et son abattement. Furieux, je frappais amicalement son épaule (un peu trop fort au vue de sa grimace) en m'exclamant :
"Pourquoi tu nous as rien dit ? C'est fais pour ça, les amis ! On aurait pu t'aider, te donner de l'argent... Tu penses qu'on ne peut pas comprendre mais tu as tort ! On est tous capable de comprendre ! Alors, pourquoi te taire ? (il ouvrit la bouche, ne cessant pas ma tirade colérique) Depuis le début, tu crois que je n'ai pas compris ? Ton attitude, ta gentillesse maladive, ta solidarité ridicule ! Tu te sens mal, tout le temps ! Et moi, je suis là pour que tu te sentes mieux, comme tu le fais pour moi. Pourquoi Neville ?
- Je ne veux pas de votre pitié, répondit-il sèchement en effaçant son sourire."
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UNE ANNÉE INATTENDUE (Dramione)
FanfictionLa bataille de Poudlard a eu lieu, les morts ont été célébré, la vie reprend son cours. Les élèves de dernière année sont invités à revenir passer leurs ASPIC sous le regard de la nouvelle directrice, McGonagall. Drago Malefoy fait parti des étudian...