1/ Le Poudlard Express

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Le sifflement strident -mais si apprécié par les élèves- retentissait dans toute la gare 9 3/4. On pouvait entendre les dernières recommandations des mères stressées, les adieux joyeux des enfants, les hululements des chouettes et les conversations des retrouvailles entre amis. Le quai était grouillant de monde, mais ce n'était rien à comparer de la foule qui s'empressait d'échanger quelques mots avec le célèbre Harry Potter. On admirait sa cicatrice, on le félicitait pour son combat contre Voldemort, on dénigrait les mangemorts qu'il avait affronté et on félicitait les deux proches de la star. A la gauche de "l'Élu" se trouvait Ron Weasley avec sa chevelure rousse et sa carrure de plus en plus musclée. Son sourire pâle s'effondrait à chaque mention des mots "frère", "bataille de Poudlard" ou "mort" et il fallut les caresses consolantes de sa petite-amie pour le calmer et pour qu'il ne fasse pas un scandale devant les admirateurs du "Trio d'Or". C'était leur nouveau surnom, leur distinction. C'était surtout stupide et ridicule. Hermione Granger, la Sang-de-Bourbe, enlaçait le rouquin en souriant allègrement. Ses cheveux bruns, fins et ondulés, descendaient jusqu'à ses omoplates maigres. 

A sa droite, moins demandée, il y avait Ginny Weasley et sa silhouette déterminée, Luna Lovegood et son air rêveur. Derrière elle se tenait une grande partie des Gryffondor. Seamus Finnigan, Dean Thomas, Lavande Brown, Parvati Patil et... Dennis Crivey. Ses mèches blondes dissimulaient des larmes mêlant joie d'être auprès de son idole Potter et tristesse de devoir parler des événements ayant entraînés la mort de son frère, Colin. Il y avait un seul problème, il manquait quelqu'un. Londubat ne se pavanait pas, montrant ses blessures de guerre, au milieu des adorateurs. On le voyait, seul, traînant ses valises et son crapaud, Trevor, puis monter dans le train qui chantait son départ proche. Il boitait encore un peu à cause des multiples sortilèges des Carrow. Mais il était en meilleure forme que durant la bataille où il fit preuve d'un courage digne de Godric Gryffondor. 

"Tu m'écoutes ? questionna brusquement une voix féminine que je reconnaissais bien.

- Oui, répondis-je, encore dans mes pensées. Je t'écoutes maman. 

- Bon, c'est bien. Drago (elle plaça ses paumes sur mes joues blêmes), n'ais pas honte des actes de ton père. Il a fait tout cela pour te protéger, pour protéger sa famille. Le nom des Malefoy reste remplit de bravoure et de noblesse, tu m'entends ? Reste auprès des tes véritables amis, les Serpentard, et n'écoute pas les moqueries de ce misérable Potter et de son Trio d'Or. 

- Ne t'inquiète pas, je peux le faire. Après tout, ce n'est qu'une année. 

- Mon chéri... Viens dans mes bras."

Elle enfouit son amour dans cette étreinte chaleureuse. C'était un moment que je n'avais pas vécu depuis si longtemps... Jamais en fait. Elle avait toujours été stricte et absente mais là, étant seule avec moi, dans un monde où Malefoy rimait avec honte et déshonneur, je la redécouvrais. Narcissa pouvait finalement être pleine de tendresse et de maternité. Je fermais les yeux un instant, soufflant sur ma longue mèche platine pour la remettre en place, en profitant de ce moment unique. Puis, elle me laissa partir. J'avais des valises surchargées, des tenues pour chaque occasion et un balai dernier cri -le Nimbus 2001-. Les portes se refermèrent derrière moi et je faillis m'affaler par terre quand le Poudlard Express démarra en trombe. Il me fallait un compartiment. Mais où ? A chacun, il y avait des élèves de Gryffondor, de Poufsouffle et de Serdaigle, discutant ensemble, se taisant dès mon passage. Eux, ils s'étaient mélangés mais je compris bien vite que ce n'était pas le cas de la maison du serpent. Au fond des wagons, dans les compartiments supérieurs, se trouvaient les robes vertes et les insignes reptiliens. 

"Drago ! interpella finalement une personne dont le ton crissant me fit mal aux oreilles. Viens avec nous, il reste une place !"

Pansy Parkinson, ses yeux sombres toujours méprisants et sa chevelure fine tombant sur sa colonne vertébrale, me faisait de grands signes amicaux. Souriant faiblement, je m'avançais jusqu'à elle et je découvris mes autres amis, Goyle et Adrian Pucey. Ils discutaient en raillant des insultes, ne se rendant pas immédiatement compte de ma présence. Quand ils me virent, posant mes valises et m'asseyant à côté de Pansy, face à eux, ils voulurent me faire partager leur conversation.

"Contente de te revoir, disait Goyle en mimant un sourire. On parlait de ces idiots de Gryffondor, ils ont toute la gloire, ces crétins ! 

- En même temps, avouais-je, ils se sont battus, contrairement à nous.

- Tu les défends ? s'étonna Parkinson en me jetant un regard réprobateur avant d'ajouter, dans un rire suraigu, ils s'appellent le Trio d'Or. Moi, je dirais le Trio de Nazes ! Ils n'ont rien fais d'impressionnant. D'ailleurs, vous avez vu Londubat ? Il boîte encore cet imbécile ! 

- Maintenant, au moins, on sait d'où vient ce lourdeau, de l'union de deux tarés ! rétorqua Adrian dont les cheveux bruns coupés courts semblaient s'hérisser. 

- Je vais faire un tour, coupais-je brutalement. J'ai besoin de prendre l'air."

Sans un mot, je sortis du compartiment et je déambulais dans les allées, regardant le paysage changeant par les fenêtres closes. Pourquoi étais-je énervé par les moqueries de mes amis ? J'avais l'impression que, depuis l'arrestation de mon père, quelque chose m'avait séparé des autres Serpentard. Mais quoi ? Je n'en savais rien. Je repensais à Lucius, enfermé à Azkaban, au milieu des Détraqueurs que le nouveau Ministre de la Magie, Kingsley Shacklebolt, tentait de supprimer. Je m'inquiétais pour mon père, même si je le préférais en prison que devant moi. Toute mon enfance, il ne m'avait pas fait un seul geste affectueux, seulement des reproches et des sanctions. D'un coup, j'entendis des pas s'approcher de moi, téméraire mais surpris, et, quand mes yeux se tournèrent vers l'origine de ces bruits, je vis Ginny. Ses cheveux roux avaient encore poussé depuis la bataille et ses yeux ambres étincelaient de colère. Bizarrement, je comprenais ce qu'elle pouvait ressentir, je sentais cette haine à chaque fois que je voyais Potter ou le fils Weasley. Elle s'était stoppée au milieu du couloir, attendant quelque chose. Sûrement que mes nerfs lâchent et que je l'insulte, comme je le faisais depuis ma première rentrée. 

"Qu'est-ce que tu as, la traître ? Tu veux ma photo ? déclarais-je froidement.

- J'en aimerais bien une, oui. Comme ça, je pourrais coller ton visage sur les Souafles que je boxe pendant les entraînements. 

- Dégage !"

Elle sortit sa baguette et la pointa sur mon menton. J'avais déjà subi son sortilège de Chauve-furie et je devais reconnaître qu'elle n'était pas si incompétente que Ron. Heureusement, le Poudlard Express ralentit au moment où sa bouche formait l'incantation et elle se résigna à aller prendre ses bagages, sans sa misérable vengeance. Je n'avais pas vu le temps passer et je fus surpris de voir que Pucey m'avait apporté mes valises afin que je ne repasse pas dans le compartiment. Je le remerciais -et il en fut étonné- et nous descendîmes du train pour prendre la première calèche que nous pûmes trouver. Je pouvais maintenant voir les Sombrals qui déployaient leurs ailes noires et qui entraînaient les véhicules dans les airs nocturnes. La moitié des élèves pouvaient à présent les observer car nous avions tous vus des gens mourir pendant les combats. Moi, je pus assister à la mort de Gripsec le gobelin, de ma tante Bellatrix et de pauvres sorciers qui défendaient les moldus et qui avaient été amené dans le manoir familial. 

Les lumières du château refait à neuf guidaient les créatures et nous arrivâmes à hauteur de la cour de récréation, dont les murets et les colonnes avaient été remplacé, en quelques minutes. Tous les étudiants se précipitèrent dans la Grande Salle, attendant le repas et les discours de cette nouvelle année avec impatience. 

UNE ANNÉE INATTENDUE (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant