7/ Nouvelles amitiés

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Hermione Granger, la né-moldue, avait rejoint Potter et Weasley, au pied d'un arbre à la lisière de la Forêt Interdite. Ils parlaient agréablement, riant aux blagues douteuses du roux. Lavande Brown le regardait avidement, laissant son imagination aller et venir entre ses souvenirs de leur relation ancienne et ses envies. Malgré les appels fréquents des jumelles Patil qui ne se quittaient plus depuis que Parvati avait frôlé la mort, la fille aux cheveux blonds ondulés ne parvenait à penser à quelqu'un d'autre qu'à son amour d'un jour, celui qui portait le surnom de Ron-ron. L'Élu me fixait, entre deux phrases, tentant probablement de me faire fuir par ses messes-basses à son meilleur ami. L'intervention d'Hermione avait jeté un froid entre les trois acolytes, à mon grand bonheur. 

Je m'étais installé, seul, contre le tronc d'un Sycamore perdant ses feuilles brunies, un cahier à la main. Honnêtement, mes pensées n'étaient pas centrées sur les différents ingrédients aux effets divers qui s'empilaient grossièrement sur un livre de botanique que Londubat m'avait agréablement prêté le temps de notre collaboration. J'observais, tout à loisir, à moitié dissimulé par les basses branches de l'arbre, celle qui m'appréciait inconsciemment. La Miss-je-sais-tout avait un sourire plus doux qu'à l'accoutumé, ses mèches virevoltantes dans la brise fraîche s'encadraient parfaitement à ses paumettes rougissant pour un rien. Sa physionomie avait-elle, tout d'un coup, changé ou était-ce mes yeux qui avaient évolué ? Rarement, son regard éclatant venait innocemment à ma rencontre et ma tête se replongeait, pendant quelques secondes, dans la création de notre élixir. 

"Ne me dis pas que tu travailles ? railla soudainement, dans mon dos, la voix grinçante."

Un frisson parcourut mon échine, ELLE était là. Sa main se posa sur mon épaule et elle se glissa à côté de moi, les mains emprisonnant ses genoux frêles. Parkinson s'était placée entre moi et la Gryffondor et elle aperçut ma gêne alors que je toussais pour me remettre complètement dans ma tâche.

"Londubat te maltraite t-il en te forçant à tout faire en solitaire ou bien... (un sourire illumina son visage abominable) est-il incapable de se lever après une nuit ensorcelée ? 

- Aucune des deux options, rétorquais-je en griffonnant quelques idées sur un parchemin salis par les pétales du végétal. Il est absent pour l'instant alors, je m'avance.

- Tu... quoi ? Drago, ça ne te ressembla pas du tout ! C'est cette Sang-de-Bourbe qui t'a demandé de plancher comme un... Serdaigle ? Le lourdeau était là, cette nuit, tu aurais très bien pu agir. 

- Ne la nomme pas comme ça ! protestais-je violemment. J'AI décidé de travailler sérieusement pour les ASPIC et... je ne veux pas lui faire ça."

Ma main se serra dans la poche de ma robe de sorcier où se froissait la feuille de ma mère, donnée par la main rassurante d'Hermione, cachée par l'âme bienfaisante de celui que j'avais nommé lourdeau, idiot... 

"Neville (elle sembla prendre une crise cardiaque alors que je prononçais ce prénom) est quelqu'un de gentil et d'attentionné. Je ne lui ferais pas plus de mal ! Range tes moqueries, je ne ferais plus rien. On me l'a prouvé ce matin, je suis devenu un véritable Gryffondor !"

Elle ne me laissa pas continuer et se releva, balançant exagérément ses cheveux corbeaux, avant d'éloigner ses oreilles de mes absurdités. Étrangement, mon coeur ne s'effondra pas devant la perte évidente d'une amie précieuse. L'avait-elle réellement été un jour ? Probablement, quand l'ancien Drago dictait mes actions. Je savais que Parkinson n'avait pas abattu toutes ses cartouches et qu'elle reviendrait à la charge dès que ma détermination faiblirait. En attendant, je me sentais bien, ma chevelure platine se plaquant contre ma nuque au gré du vent. 



Les heures passèrent, le soleil retomba de son piédestal nuageux mais aucune ombre ne venait m'informer du retour de Londubat. Quelque part, au fin fond de mon être, une certaine angoisse se propageait fébrilement. Je m'inquiétais... pour lui, pour sa famille. Avait-il trouver un emploi ? Pourra t-il payer les soins à ses parents ? Je baignais dans l'or depuis ma naissance, je vivais d'opulence dans un manoir gigantesque. Si c'était moi, à sa place, lisant ses lettres de dettes exorbitantes, je n'avais qu'à signer un énième virement du compte familial de Gringotts pour l'hôpital. Lui, il devait se débrouiller, seul. 

La nuit commença à fondre sur mes travaux embrouillés et me coupa de mes pensées. L'air se rafraîchissait et ce fut fatigué que je rejoignis la salle commune. Je voulais rejoindre mes nouveaux amis avant d'aller manger dans l'immense pièce. Les escaliers parurent m'en empêcher car, pris dans une centième crise, ils ne cessèrent de tourner dès que mes pieds glissaient sur leurs surfaces. Au bout de quelques efforts, je parvins à rejoindre la salle. Pour une fois, assis sur le canapé central, harcelé de questions, entouré par une troupe d'élèves, ce n'était pas Potter mais Londubat. Il devait être rentré à l'instant car tous les étudiants lui demandaient ce qu'il avait fait aujourd'hui et pourquoi il avait eu une autorisation spéciale pour aller à Pré-au-Lard. Neville ne crachait pas le morceaux, ce qui agaçait légèrement Finnigan qui mourrait d'envie d'écumer les boutiques du village sorcier. 

Depuis la bataille, le système de sécurité de l'école avait augmenté et seul ceux qui avaient une autorisation signée de la main de McGonagall pouvait y aller, en dehors des trois sorties prévues dans l'année. Je n'arrivais pas à croire qu'ils le jalousaient. S'ils savaient... Hermione, elle, était installée, en solitaire, sur une table de travail. Elle était exaspérée par la copie qu'elle tenait, l'une de celle de son petit-ami. Sentant une envie enivrante de m'asseoir à côté de la fille aux cheveux en bataille, je me dirigeais discrètement vers elle et ce fut avec le sourire qu'elle m'accueillit. 

"Je t'en prie Drago, me dit-elle alors que je la remerciais. Je sais que je n'en ai pas l'air mais, je ne mords pas."

Mes sourcils froncés exprimèrent à merveille mon étonnement et elle ajouta sur-le-champ :

"C'est une expression moldue. 

- Hermione... Je voulais te dire... commençais-je en baissant la voix. Je suis vraiment désolé pour tout ça, pour...

- N'en parlons plus, coupa Granger. Je ne t'en veux pas, ce n'était pas de ta faute. Je vois que tu as changé, que tu essayes d'évoluer. Cela se voit dans tes yeux."

Son regard plongea dans le mien et je crus partir dans un voyage de douceur. Ses pupilles, je ne l'avais encore jamais remarqué, maronnées ressemblaient aux bois des forêts dans lesquelles j'adorais me promener avec mes parents. Ces forêts où les branches s'élevaient si haut qu'elles semblaient toucher les cieux, où l'écorce tapissait confortablement les arbres, où la mousse offrait des sièges végétaux aux animaux forestiers. 

"Sache que j'apprécie le nouveau Drago."

UNE ANNÉE INATTENDUE (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant