Chapitre 6

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J'étais sur le parking du lycée, mon grand-père me prêtait, encore une fois, sa voiture en attendant la mienne qui devait arriver dans la journée.

Je n'étais pas de nature timide mais me retrouver dans un nouvel environnement me perturbait un peu. C'est vrai que c'était la première fois que j'étais confrontée à cette situation. La plupart de mes amis je les connaissais depuis le jardin d'enfants. Nous habitions tous dans le même quartier ce qui était plus facile pour nous rencontrer en dehors des cours.

Mon premier cours était les mathématiques. Il restait une place à côté d'un garçon qui me souriait à mon approche. Je lui rendais son sourire et m'installais tranquillement en attendant le professeur. L'heure passait très vite et Nathan, c'était mon voisin de table, proposait de m'accompagner à mon prochain cours de français. Oui je sais, je faisais du français. Ce n'était pas très courant par ici mais j'aimais cette langue et surtout le pays. Nous y sommes allés il y a deux ans avec mes parents. Paris, les champs Elysées. J'étais encore dans mes pensées lorsque je levais la tête pour me trouver une place de libre. Justement il y avait une table vers le fond de la classe où il n'y avait personne. J'allais m'y installer lorsque je remarquais que le garçon de la bibliothèque me fixait. Cela faisait la deuxième coïncidence le concernant il aimait le français comme moi. La table où je m'installais se trouvait juste devant la sienne. Cela m'arrangeait, je ne voulais pas qu'il puisse me fixer pendant le cours. Une jeune fille prenait place à côté de moi à ce moment là.

- Oh ! Excuse-moi, j'ai pris ta place ? lui demandais-je.

- Non ! Pas de problèmes cette place était libre. Tu es nouvelle ?

- Oui, je viens de Minneapolis.

- Et tu as déménagé à Roseville ? Mmm ! Pas cool !

- Non pas cool ! Je m'appelle June.

- Et moi Carla.

Nous en restions là car Melle Genevrier venait d'entrer et demandait à la classe de se taire.

Pendant tout le cours j'avais comme un mauvais pressentiment. Le garçon derrière moi me regardait je le savais, je le sentais. Je percevais son souffle chaud dans mon cou et j'en frémissais. Etait-ce de la peur ou de l'attirance ? Je ne le savais pas.

A la fin du cours j'étais ravie d'apprendre que Carla avait comme moi Histoire Géo. Nous nous étions rencontrés dans le couloir, nous parcourions le chemin ensemble et nous parlions comme si je la connaissais depuis longtemps. Elle avait l'air facile à vivre et elle s'intéressait à tout. Je me persuadais que si je voulais avoir des renseignements sur le lycée c'était à elle que je devais m'adresser. Carla était assez populaire mais pas non plus dans l'extrême. Tout le monde lui disait bonjour ou lui faisait quelques sourires. Si je devenais son amie je n'aurais plus de problèmes d'intégration.

Dans le couloir j'apercevais le garçon, il était entouré de filles toutes plus belles les unes que les autres, gloussant de joie parce qu'il s'intéressait à elles. Il riait et il draguait tout en me regardant de haut. Je ne comprenais pas les réactions qu'il avait à mon égard. Nous ne nous connaissions pas, pourquoi il était comme ça en ma présence. J'arrivais à en être blessée. Je ne trouvais pas son petit jeu très drôle.

- Tu connais ce garçon ? demandais-je à Carla.

- Non. Il est nouveau également ça fait presque deux semaines qu'il est ici. Mais il est entouré de toutes les garces du lycée. Il est pourtant super mignon et il est très intelligent je suis en cours d'anglais avec lui. C'est un très bon élève.

- Il s'appelle comment ?

- Zakhiel Diggory.

- Pas courant comme nom !

- Ouais peut-être. Aller viens on va être en retard.

Je la suivais vers le cours suivant tout en me demandant ce qu'il pouvait trouver à toutes ces filles. Mais je ne devais pas m'en soucier, ce n'était pas le genre de garçon qui m'intéressait d'habitudes, je n'aimais pas les prétentieux, les arrogants comme lui. Cependant j'étais attirée par son côté mystérieux que je voyais lorsqu'il était à la bibliothèque. Et puis il était nouveau lui aussi et il est arrivé ici il y a presque deux semaines. Cela faisait aussi presque deux semaines que mes parents...

La journée se passait tranquillement et j'étais soulagée de me retrouver sur le chemin de la maison. J'avais deux nouveaux amis Nathan et Carla. Ils étaient sympas et nous comptions nous attendre demain devant le lycée. Carla avait une autre amie Lucy mais comme elle n'était pas là aujourd'hui elle me ferait les présentations demain. Mon cercle n'était pas aussi grand qu'à Minneapolis mais ça n'était pas si mal pour une première journée.

Lorsque j'arrivais chez mon grand-père une surprise m'attendait. La voiture de ma mère était arrivée. J'avais le cœur qui battait, je croyais, l'espace d'une seconde, la voir en descendre. Je me ressaisissais très vite. J'allais à la rencontre de mon grand-père qui secouait de sa main les clefs de la New Beetle blanche. La seule des deux véhicules de mes parents qui avait été épargné par l'incendie. Heureusement car je me voyais mal dans la grosse familiale de mon père.

Une fois les clefs en main une envie irrésistible de faire un tour me prenait. Je demandais à Mayeul si je pouvais le laisser seul afin de prendre mes marques avec la voiture. Me souriant il faisait un signe de la tête pour m'accorder cette petite sortie. Il me proposait de m'accompagner, pour la forme, car il savait que je désirais être seule.

Je roulais sans but précis et me retrouvais sur un parking en lisière de forêt. J'étais là pleurant à chaudes larmes, agrippant le volant de toutes mes forces. Je n'arrivais pas à me calmer, la douleur était trop forte.

Je sursautais au moment où Zakhiel s'installait à côté de moi sur le siège passager. Comment avait-il fait pour ne pas se faire entendre.

- Mais.... Qui t'a permis de rentrer dans ma voiture ?

- Je ne pouvais plus te voir pleurer, me disait-il doucement.

- Quuu.... Quoi ?

- Tu es si triste, explique-moi.

- Cette voiture, lui disais-je entre deux sanglots. Elle appartenait à ma mère et son odeur y est tellement présente que ça me fait souffrir.

- Pourquoi ?

- Elle est morte il y a deux semaines voilà pourquoi.

- Je sais.

- Comment ça tu le sais ?

Il haussait les épaules sans répondre à ma question. Je n'arrivais pas à me calmer et j'avais honte que l'on me voit comme ça si faible. Je jetais un œil vers lui, il avait l'air aussi malheureux que moi. Si différent des jours derniers, ça le rendait encore plus beau. Je ne savais pas ce qui me prenait mais à ce moment-là je me jetais sur lui pour sangloter contre son torse. Il ne savait pas quoi faire, il frissonnait de ce contact et finissait par me prendre dans ses bras.

Pendant tout ce temps nous n'avions pas dit un mot. Nous restions comme ça un moment, enfin juste le temps que je me calme. Au bout de quelques minutes, il ouvrait la portière et il partait vers la forêt. Je regardais, les yeux brûlant, dans sa direction pendant un instant et partais à mon tour. Je tremblais entre incompréhension et peur.

Dans ma chambre, au moment de m'endormir, je ne pouvais pas penser à autre chose qu'à ce garçon. Zakhiel. Je n'oublierais jamais son odeur. Il sentait la forêt. Je ne comprenais pas comment il pouvait être aussi arrogant en société et si sensible dans la voiture. Il savait pour ma mère, c'était certain. Je n'en avais pourtant parlé à personne et je ne pensais pas que mon grand-père avait crié cela sur les toits.

Les derniers mots auxquels je pensais avant de m'endormir était les mots que Zakhiel avait prononcé : « je ne pouvais plus te voir pleurer ». Je regardais les étoiles à travers les fenêtres de ma chambre. Pour la première fois ce n'était pas le visage de mes parents que je voyais mais celui de ce garçon.

L'incroyable destin de June St JohnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant