Je n'avais jamais été aussi déstabilisé de ma vie. Elle me scrutait avec attention, ne laissant aucun détail lui échapper. Elle prenait le temps d'analyser mes cheveux bruns en bataille, mes noisettes dorées et mon masque camouflant le bas de mon visage, derrière ses verres foncés. C'était troublant d'être toisé ainsi. Aucune expression n'apparut sur son visage pâle. Puis, lorsqu'elle eut fini de me déchiffrer, elle détourna le regard pour le poser sur le trottoir d'en face. Le mien restait bloqué sur cette fille, à l'allure du personnage de Léon, éclairée par la lumière jaunâtre des réverbères.
- Tokyo Ghoul ?
Ses lèvres, nues de tout rouge à lèvres, s'étaient lentement agitées pour prononcer le nom de mon manga préféré. Sa voix était indescriptiblement délicieuse à l'ouïe.
- Mathilda Lando ?
Un petit sourire s'étira sur sa figure que je voyais de profil à l'entente de ma rétorque. Je remarquai un grain sur sa pommette ne rajoutant que de la beauté à son visage. Je ne pouvais pas m'empêcher de la regarder. J'avais peur de fermer les paupières ne serait-ce qu'un millième de seconde et les rouvrir en réalisant qu'elle n'était qu'un beau mirage.
- Mais qui est cette fille derrière le déguisement d'une gamine de douze ans ? pensais-je tout haut.
Elle me regarda brièvement du coin de l'œil, un nouveau rictus à l'angle de sa bouche. Puis, elle tourna une nouvelle fois la tête vers moi. Ses prunelles, je voulais les contempler mais ses lunettes me faisaient obstacle.
- Je peux être n'importe qui, j'aimerais être n'importe qui sauf moi à cet instant. T'as déjà eu l'impression de ne pas être à ta place dans ta coquille ? Je crois qu'on a juste trop peur de montrer qui on est vraiment. La preuve; on devient des imposteurs sans candeur durant la dernière nuit d'octobre. Au font, ne pas être soit, c'est sournois mais on aime ça car l'inverse est effrayant, monologua-t-elle tandis que je fixais la muraille devant ses yeux, ébahi par sa façon d'exprimer sa pensée. Je dis des conneries, j'ai peut-être trop bu, rit-elle de sa propre personne en passant ses mains sur son visage. Jade, brisa-t-elle son rire. Je m'appelle Jade et je suis ivre. Je devrais être en train de pleurer pour un mec censé m'aimer au lieu de se faire une autre mais je préfère parler à un bel inconnu qui aime les livres que l'on commence par la fin.
Un rictus s'allongea sur mes lèvres dissimulées derrière mon masque. Jade avait ce don de donner sourire à quiconque qui prenait la peine de s'intéresser à ses douces paroles.
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Désastreux Amoureux
FanfictionAux rencontres nocturnes, aux constellations secrètes et à l'alignement des astres d'amour.