Viviane avait approché son visage de Lucien. Un mouvement pour un baiser. Elle allait l'embrasser. Devant la scène, ma main avait tenté d'apaiser la douleur dans ma poitrine. L'espace d'un instant je m'étais retrouvée comme paralysée. Mes jambes ne bougèrent pas, mes yeux demeurèrent rivés sur eux deux avant que je ne comprenne : j'étais de trop dans cette intimité.
Alors j'avais fui, tout simplement.
Bien sûr que Lucien avait quelqu'un dans sa vie. Il était beau et riche, deux composantes attirants déjà sans doute de nombreuses prétendantes. Et il était...gentil. Peut-être grognon et parfois maladroit dans ses mots, mais il restait un homme bon sur lequel on pouvait compter. Ce n'était pas surprenant qu'une aussi belle femme comme Viviane, une fée de surcroit, ait attiré son attention. A côté, je n'étais qu'une enfant venant tout juste d'entrer dans ce monde nouveau qu'eux côtoyaient ensemble depuis des années. Probablement des siècles !
Ralentissant dans ma course, j'écartais quelques larmes avant de réaliser qu'il était inutile de les essuyer. Elles ruisselaient telle une cascade sur mon visage, ne donnant aucun espoir de s'arrêter à un quelconque moment. Mon cœur était en miette...
La forêt m'avait rattrapé, ma fuite m'ayant conduit à la rejoindre pour m'y perdre, m'y cacher. Mais le silence n'y trouvait pas sa place. Les oiseaux chantonnaient, le vent sifflait dans les arbres. Et l'eau... La berceuse d'un ruisseau s'élevait non loin. Comme un sortilège, le son m'attira pour me mener devant un petit étang à l'eau claire. Et finalement je m'effondrais, ne retenant plus mes pleurs. Les larmes salaient l'espace aquatique, mes petits cris s'unissaient au bruit de la petite chute nourrissant le lieu d'eau. Pourquoi était-ce si douloureux ?
Une caresse à ma main me poussa à ouvrir les yeux. Trois lapins. Je me recroquevillais, les laissant frotter leurs joues contre les miennes humides et brûlantes. D'autres petites animaux vinrent bien vite à la rescousse. Un petit moineau sur mon épaule, une biche s'installant à mes côtés pour me proposer son corps comme support à mes larmes.
Comment avais-je pu croire mes parents et mes psychiatres ? Qui aurait pu croire en la psychose lorsque les animaux venaient réellement, que la Nature répondait à mes appels ?
Soudain toutes les têtes se tournèrent vers l'eau de l'étang Une ombre remontait à la surface, laissant apparaitre un homme. Il écarta sa longue chevelure claire, passant sa main à l'intérieur pour dévoiler son visage et son regard si particulier. Des yeux au bleu presque d'acier, tout dans son expression semblait glacial. Ou plutôt sans émotion. Il donnait l'impression d'être dénué d'émotions, de ressentis. Un homme vide. Pourtant, il faisait naitre en moi une sensation bien étrange. Nouvelle. Je ne connaissais pas cet homme, j'en étais certaine. Alors pourquoi avais-je l'impression de le connaitre depuis toujours ?
Patient, silencieux, il ne bougeait pas, attendant seulement là, debout et... entièrement nu ?
Je poussais un cri de stupeur et me relevais précipitamment pour décamper. Mais au moment de m'enfuir, la main de l'homme se saisit brusquement de mon bras pour me réquisitionner dans les siens sans aucune gêne ni même une hésitation.
VOUS LISEZ
Alter Ego |Tome 1| - La Fiancée
Fantasy« Ange de ma haine, je croyais en ta lumière déchue » La Lune saura nous éveiller dans une vérité ignorée de toute notre âme. Il y a toi, il y a moi et il y a nous dans une haine incomprise depuis toujours. Anne aurait pu être comme les autres fille...