le retour

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Lincoln ramasse mon sac de linge sale sur le sol et le passe en bandolière. Clarke pose un tendre baiser sur mes lèvres avant de chuchoter.
-"A plus heda..." sur ces quelques mots elle tourne les talons et sort de la chambre.
Je récupère mes béquilles au bout du lit et vérifie que je n'ai rien oublié sous le lit ou dans le placard. Nous quittons ensuite la chambre. Je suis si excitée de retourner au foyer, j'ai hâte de revoir mes amis et plus particulièrement Anya et Costia avec qui je partage ... enfin plutôt ... partageais ma chambre... Cette pensée me ramène à la réalité et je ne sais plus si je veux vraiment retourner à Trikru. Des larmes se forment sous mes yeux et Lincoln me passe une main dans le dos.
-"Ne t'en fait pas Lex', elle manque à tout le monde... ça passera."
Il me prend dans ses bras lorsque nous nous arretons pour attendre lascenseur. Cette marque d'affection me fait perdre tout contrôle et je fond en larmes contre sa poitrine. Lorsque l'ascenseur ouvre ses portes devant nous, Abby en sort et nous salut gentiement avant de réaliser que mes joues sont encore luisantes de mes larmes.
-"Oh ma chérie, pourquoi pleures tu ? Tu devrais être heureuse de sortir de cet endroit qui sent la javel et le désinfectant à longueur de journée."
Je vois bien qu'elle tente de me réconforter mais malgré mes efforts, je parvient à peine à esquisser un petit sourire en coin.
-" Je ne vous retiens pas les tourtereaux mais sache que tu peux passer quand tu veux Lexa, ma porte te sera toujours ouverte et de plus, je sais que tu t'entends plutot bien avec ma fille elle sera donc surement très heureuse elle aussi de te voir." Elle pose un léger baiser qui se veut néanmoins protecteur sur mon front.
Une fois dans l'ascenseur Lincoln ne peut s'empêcher de rire. Il prend une voix très caricaturale d'Abby et l'imite grossièrement.
-"aurevoir les tourtereaux!... Ma fille semble betaucoup t'apprécier..." je ne peux m'empêcher de rire à mon tour, il est vrai que Linc' est un piètre imitateur mais il est si drôle quand il se déhanche et prend une voix bien trop aigüe pour sa carrure sportive. "On dirait bien que ta petite blonde n'a pas encore avouer à maman qu'elle préfère les minous au grand méchant loup."
Je lui frappe le bras avant de rire de plus belle. Les métaphores de Lincoln sont toujours si étranges que la plupart du temps lui seul se comprend. Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le hall, Lincoln est de nouveau en train d'imiter Abby. Pris dans son élan, il ne se rend pas compte que tout le monde le regarde ce qui me provoque un véritable fou-rire. Au bout de quelques secondes, il se retourne et voit que tous les gens présents dans le hall rient de lui et que certains ont même filmé la scène. Si il pouvait je suis sûre qu'il rougirait. Je ne peux arrêter de rire, j'en ai des crampes aux joues et aux abdos. J'ai le plus grand mal à avancer avec mes béquilles tant mon corps et secoué de spasmes dûent aux éclats de rire que je retient. Une fois à l'extérieur du bâtiment, Lincoln se détend de nouveau et ralentit le pas. Il a l'habitude d'être au centre de l'attention mais pour ses exploits en danse plus que pour ses minables imitations. Généralement, celles ci sont réservées aux membres de son entourage proche soit Trikru et ses quelques petites amies. Bien que souvent ses petites amies étaient des pensionnaires de Trikru.

Il est 8h30 lorsque nous arrivons au foyer. Linc' pose mon sac sur mon lit puis m'embrasse sur la joue avant de partir en direction du lycée. Je ne reprend les cours que demain, ce qui veut dire que je vais devoir passer la journée seule dans cette chambre où tout me rappel ma défeinte ex petite amie. J'entreprend d'aller à la laverie avec mon sac mais l'opération est plus compliquée que prévu, avec les béquilles je ne parviens pas à garder l'équilibre avec le poid du sac sur mon épaule et sans les béquilles, ma jambe me fait terriblement souffrir. J'ai le choix entre demander de l'aide à Indra lorsqu'elle reviendra de son rendez-vous ou bien attendre la fin des cours et demander l'aide d'un camarade. Dans tous les cas, je dois attendre... Je décide donc de lire un livre, Chaque chambre possède une bibliothèque néanmoins, celle de notre chambre est la plus remplie. En effet, Costia, Anya et moi même sommes toutes trois en section littéraire et nous partageons notre amour des livres. Mais aucune de nous n'aime les même livres, c'est ce qui fait la richesse de notre bibliothèque. Anya à une passion pour les livres policiers, les thriller et autres livres à suspens. Moi, je préfère la littérature anglaise, toutes les histoires d'amour à l'eau de rose c'est mon truc même si je ne m'en vente pas, il parait que ça ne colle pas avec mon style. Costia, elle, était une grande fan de roman érotiques. Je lui avais promis de lire un jour les cinquantes nuances de Grey pour essayer de comprendre son goût pour ce genre de roman... C'est donc en souvenir de cette promesse que je prend son exemplaire de cinquantes nuances de Grey. En prenant le livre, je fais tomber une photo. Je la ramasse et lis l'inscription au dos "Mon propre sourire est faible, car je suis aveuglée par le sien: Icare, volant trop près du soleil. (Anastasia Steele)". Je reconnais aussitôt la délicate écriture de Costia. La photo est une photo qu'à pris Lincoln devant le "Gum Wall" l'an passé.

*Flashback*

Nous sommes le samedi 20 juin 2015, il fait beau aujourd'hui et avec Linc' on a décidé de faire découvrir à Costia le "Gum Wall". C'est vrai qu'il y a des années qu'elle vit à Seattle mais elle ne connait pas la ville aussi bien que nous. Il est 8h lorsque nous prenons le bus direction Pike Place Market. Dans le bus, Lincoln et moi expliquons à Costia l'origine de cette étrange tradition du "Gum Wall".
-" Fermes les yeux, tu vas voyager dans le temps jusqu'aux années 1990." Commence Lincoln avec une voix qui se veut inquiétante mais qui nous fait rire plus qu'autre chose.
-"1993 pour être précis" ajoutais je avant de me faire fusiller du regard par le précédent narrateur.
-"Tu te trouve désormais en 1993, ton meilleur ami, le plus beau métisse de tout Seattle, décide de t'inviter au théâtre." Costia ne peut réprimer un sourire devant le narcissisme de Lincoln. Son sourire est la plus belle chose qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie. "Vous faites la queue tous les deux en machant un super chewing-gum mais le goût s'estompe... Que faire de vos chewing-gum maintenant qu'ils n'ont plus de goût?  Vous n'allez tout de même pas les jeter par terre, ils risqueraient de se coller sous la semelle de la jolie brune qui attend derrière vous. Vous trouvez donc plus civilisé de le coller sur le mur."
-"Trouvant cela cool, la jolie brune derrière vous fait de même, entrainant ainsi les autres membres de la file à suivre le mouvement. Après la représentation, l'équipe du théâtre tentera de décoller les chewing-gum laissés là par les spectateurs trouvant parfois une pièce collée avec, par mégarde ou par superstition? Personne ne le sait vraiment..."
-" Depuis ce jour, beaucoups de spectateurs ont collé des chewing-gum sur ce mur."
-"En 1999, ce mur devient le "Gum Wall", et collé un chewing-gum sur ce mur est une vrai tradition. Ce mur est considéré comme l'une des principales attractions de la ville."

Une fois notre petit cours d'histoire terminé, nous prenons tous un chewing-gum et commençons à le macher. Le bus nous dépose devant Pike Place Market et nous marchons ensuite jusqu'au 1428 Post Alley. Lincoln sors de sa pochette son nouvel appareil photo numérique dont il est si fier et commence à faire des photos de nous, de lui, de la rue, des passants, enfin bref de tout ce qu'il voit. Nous nous arretons dans un starbucks et commandons trois cafés aux noms de Simba, Timon et Pumba. Une blague puérile certes mais rentrée dans nos habitudes. Une fois nos cafés en main nous allons coller nos chewing-gum sur le mur. Linc' demande à une passante de nous photographier avant de lui glisser son numéro dans la main. Pendant que Lincoln drague cette pauvre fille, Costia et moi echangeons un tendre baiser avant de plonger dans le regard l'une de l'autre un sourire béat sur les lèvres. C'est à ce moment que le flash de Lincoln nous sort de notre bulle.

*Fin Flashback*

Ce souvenir fais remonter mes larmes. Nous étions si bien ensemble, pourquoi est ce qu'il faut toujours que je gache tout?

Mon téléphone vibre dans ma poche. Le nom de Clarke s'affiche et je racroche. C'est à cause d'elle si Costia n'est plus là. C'est à cause d'elle si je ne peut pas danser. Tout ce qui m'arrive est à cause d'elle. Il faut qu'elle sorte définitivement de ma vie avant de me faire plus de mal qu'elle ne m'en a déjà fait. À partir de maintenant, je ne laisserai plus personne entrer dans ma vie. La seule personne extérieure à Trikru que je laisse entrer dans mon coeur à briser tout ce que j'ai réussi à construire.

Accordes moi une danse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant