Chapitre 25

8 0 0
                                    

Palais de la reine des fées, minuit


Minuit.

Une ombre se faufile, ondulante comme un serpent. Elle grimpe les étages, noire comme le néant le plus pur, passant au travers des murs parfois pour aller plus vite. Elle passe devant une jeune fille avec une cicatrice sur le cou, qu'elle maudit intérieurement. La jeune fille remue le cou, mal à l'aise, plongée dans son sommeil d'encre. Elle passe devant devant un beau garçon, qui raconte des histoires comme personne. Le garçon gémit, gesticulant des bras tout en dormant.

Enfin, elle passe devant une jolie femme blonde. Endormie, elle est plus belle que tout. Un instant, son cœur s'arrête. Mais ce n'est pas le moment de faire des sentiments.

"Pardonnez-moi, Majesté. Mais il le faut."

Lentement, après avoir déposé une poudre sur les yeux pour qu'elle dorme le plus profondément possible, elle approche d'un pot fermé avec un gros bouchon.

Elle a terriblement peur que la reine se réveille. Que ses gardes la surprennent. Ou que le pot tombe par terre. Ou qu'il soit protégé par un sortilège. Mais il ne se passe rien. Et l'ombre prend le pot et s'enfuit avec dans la nuit.

Elle sort du palais en trombe. Elle zigzagueentre les arbres, comme si un prédateur la poursuivait. Son prédateur, c'est la psychose.

Un homme est là. Il attend patiamment son heure. Ce qu'il convoite, il l'aura un jour ou l'autre. Et peut-être même dès maintenant...

"Hep !"

L'homme se retourne.

"Ne t'en fais. Je viens en ami.

- Toi ? En ami ?"

Il éclate d'un fou rire.

"Pas si fort ! Je t'apporte ce qu'il nous faut pour te débarrasser des deux morveux.

- Je vois. Tu te sers de moi pour qu'Annie et Loïc meurent et que leur pouvoir me revienne, et après tu me trahiras et tu te vengeras parce que je t'ai humilié ?

- Je vois que tu comprends trop vite.

- Dans ce cas-là, tu ne me mens pas. Tu m'apportes la pommade ?

- LA pommade.

- Très bien, je vais donc pouvoir entrer dans le palais, mais une fois qu'ils seront morts, nôtre pacte sera rompu ; je pourrais faire ce que je veux.

- Je serais prêt à en assumer les conséquences. Et si tu touches à un cheveu de la reine, je te tuerais cette fois, mais avec tellement de lenteur que tu verras toutes tes entrailles avant de mourir.

- N'as-tu pas déjà eu mille fois l'occasion de le faire ? Et en définitive, qui a été le plus malin ?"

L'ombre lui frappe le nez. Du sang dégouline dans un fin filet poisseux qui s'écrase sur son vêtement déjà sale et puant.

"Le plus malin, c'est moi. J'ai de la poudre pour faire dormir. Je te verrais bien en train de te réveiller emmuré vivant.

- Tu penses vraiment que les rôles se sont inversés ?

- Il n'y a pas de voiture, cette fois, et tu ne pourras pas compter sur grand-chose de tes sortilèges, car la sorcellerie est fortement affaiblie par la forte présence de magie errante dans le palais et aux alentours. À moins d'avoir acquis une puissance exceptionnelle, ce dont je doute fort..."

L'ombre lui souffle à l'oreille :

"Et le plus malin, c'est aussi Annie. Tu n'auras pas deux fois cette occasion en or de pouvoir enfin mettre le grappin dessus. Ensuite, tu pourras envisager toutes les tactiques que tu voudras et je ferais tout pour t'arrêter."

Annie du Chassezac_La ThébaïdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant