Toujuors Brocéliande, mais quelques secondes plus tard
Affolée, elle se mit à regarder de tous côtés : Loïc était quelques dizaines de mètres derrière moi, figé. Il était tellement terrorisé et fasciné qu'on n'entendait plus du tout sa respiration.
Caleb était là, le regard moqueur, les bras croisés.
Elle se sentit elle aussi s'immobiliser et le fixer sans comprendre pourquoi. Comme si ses yeux étaient déviés de façon à ce qu'elle ne puisse pas regarder ailleurs pour trouver à fuir... Elle essaya de lutter, mais il était bien trop fort pour elle. Elle était en train de perdre sa volonté et elle ne faisait rien ! Elle essaya de hurler, de secouer un memebre, rien à faire.
C'est alors qu'elle entendit.
Une voix terrifiante, une voix ignoble, une voix qui remplissiat ses entrailles les plus profondes d'un océan de venin glacé. Des esprits.
"Pauvre gamine. Tu n'es vraiment rien.
- Et pourquoi vous me dites ça ? réussit-elle à penser.
- Et alors tu n'es qu'une victime de cette pseudo-reine. Tu n reverras jamais qu'un petit bout des choses, la face visible de l'iceberg. Tu es vraiment une héritière digne de Vivyan.
- Je saurais tout un jour ! Je fais partie d'une prophétie !
- Tu n'es pas l'élue.
- Bien sûr que si !
- Le véritable élu porte une marque.
- Ce n'est pas vrai ! Tu mens ! Tu..."
Caleb ouvrit sa bouche pour parler.
"Ainsi donc vous venez à moi. Quelle délicate attention ! Je me demande si je vais vous tuer tout de suite. Ou bien alors juste un..."
Il se mit à tourner autour d'eux.
"Le garçon. Comme ça, ma vengeance sera d'autant plus savoureuse sur la fille. On l'y reprendra bien, à briser le pied de Caleb Dulièvre !"
Il prononça le nom de Dulièvre un peu trop fort, et l'écho se répercuta dans la forêt.
Bien. Espérons que l'escorte de la reine des fées va pouvoir nous entendre et venir à nôtre rescousse. En attendant, se dit Annie, essaye de libérer tes pensées. Ne te laisse pas emporter, ma vieille.
Caleb se rendit aussitôt compte de son erreur.
"Vite, suivez-moi !"
Résiste, Annie.
L'ordre pénétrait dans sa chair, tentant de biser tout ce qui en elle essayait de se dérober à la volonté du sorcier.
Loïc obéissait docilement.
Tu dois résister, Loïc !!!
Soydain, elle se rendit compte de ce qu'elle avait fait. Par son pouvoir, elle avait réussi à rentrer dans son esprit. Il était aussi troublé qu'elle. Mais cela n'importait guère. Je peux lire dans l'esprit des gens ! Je déciderais peut-être même un jour de leurs pensées ! Il ne fallait en parler à personne.Et si elle parvenait ainsi à mettre en fuite Caleb ? Elle essaya, pour voir si ça marchait...
Elle ne le sut jamais.
Le sorcier avait pris la fuite ! Elle rouvrit les yeux ; autour d'elle tombaient des dizaines d'elfes des forêts, tous l'arc à la main.
"Pas trop secouée ?
- Non, ce... ça va.
- Rentrez au palais. Désormais, plus d'escapades autorisées sur le territoire des humains !"
C'était la reine qui venait de dire les deux dernières phrases. Impossible de saisir son expression. Était-elle en colère ou non ?
Quoi qu'il en soit, ils lui emboîtèrent le pas. Loïc n'avait pas tout à fait encore l'air remis. Mais, arrivés au palais, la reine les entraîna dans une pièce isolée.
"Loïc. Annie. Il faut que vous sachiez. Caleb ne doit jamais entrer en possession de ceci."
Elle sortit un pot fermé avec un gros bouchon.
"C'est de la pommade faite à partir de trèfles, généralement à quatre feuilles, à cause des anciennes superstitions. C'est que je vous ai mis sur les yeux pour pouvoir voir mon palais et interagir à l'intérieur. Il ne faut JAMAIS que Caleb y touche, sans quoi il saurait où nous sommes et Dieu sait ce qui se passerait. JAMAIS."
Elle était plus ferme que jamais.
"Nous obéirons," dit-elle à voix basse.
VOUS LISEZ
Annie du Chassezac_La Thébaïde
FantasiIl faut que tu sache, petite. Le monde des lutins et des fées ne ressemble absolument pas à celui des contes merveilleux. Il ressemble plutôt aux légendes d'autrefois. Certes, il y a des choses merveilleuses, incroyables comme dans les territoires d...