PDV Ecclésia
Genesis a traqué les voyeurs pendant de longues minutes. Aucun recoin, bâtiment, cul-de-sac ou commerce alentour n'a été privé de sa minutieuse inspection, seulement, personne n'a été démasqué.
Au cours de l'éternité durant laquelle nous avons dû tourner comme des Obscurs en cage, une idée évidente m'a traversé l'esprit : me rendre au point de vue précis où a été tourné l'enregistrement. Je m'y suis accroupie, ai buté dans une boîte aux lettres. Une minuscule puce rectangulaire s'est écrasée au sol. Il s'agissait d'un composant électronique de très haute qualité.
En conclusion, nous ne devons pas surestimer la race humaine.
Une question subsiste cependant : Comment cette prouesse a-t-elle été possible ? N'avais-je pas contaminé la Terre entière et condamné l'espace humaine à la bestialité ?
— Cesse de te triturer les méninges, nous trouverons une explication bien assez tôt, me recommande Genesis.
Nous marchons à l'instant même vers le musée. En-dehors du fait que je ne réalise toujours pas qu'Armorie a eu une aventure avec le Roi Obscur, qu'elle a donné naissance à Alicante, qu'elle l'a abandonné et qu'elle m'ait caché tout cela, les questionnements infernaux de la veille ont transformé ma nuit à l'hôtel en vaste brainstorming, qui n'a jusqu'alors abouti à rien de concret. En tout cas, à rien de plus qu'un ramassis de mots et de points d'interrogation.
Il fait encore sombre. L'ombre se retire, lentement repoussée par le jour. De là où nous nous trouvons, le bâtiment s'érige à l'horizon – grande bâtisse tout en briques grises et centaines de vitrines.
Deux grands sapins s'étirent vers le ciel, de chaque côté de l'entrée, tandis qu'une immense allée de gravillons dessine le trajet jusqu'à la porte à tourniquet.
Icanée pointe du doigt l'une des vitrines incrustées dans la façade, où trône une représentation en cire d'un personnage historique. Bien que rongée par la curiosité, j'ai la présence d'esprit d'alerter l'autre équipe.
A : Alicante :
Je rentre dans le musée. Nous vous tenons au courant, à bientôt.
Je fourre le téléphone dans la poche de mon nouveau jean, fraîchement dérobé à l'hôtel. Mes cheveux sentent encore la lavande du shampoing humain, et ma peau un savant mélange de vanille et d'anis. Un mariage de senteurs que partagent Genesis et Icanée, à en juger par la bourrasque de vent qui me caresse le visage.
Nous approchons peu à peu l'entrée. Un soupir m'échappe de façon inattendue. J'aurais beau tenter de me concentrer sur la première zone d'ombre venue, ou sur les moindres détails de mon environnement, rien ne parviendra à repousser bien longtemps le choc de la révélation de la veille.
Alicante est à demi Lumineux.
Un hybridisme qui explique bien des choses... à commencer par l'existence de notre lien d'âmes-sœurs. Rien à voir avec une quelconque anomalie, Alicante est en partie constitué de Lumière. Il peut donc servir de réceptacle au fil de Lumière qui constitue le lien d'âme-sœurs et... a toujours été capable d'Amour. Le problème vient de son père, qui l'a forcé à réprimer ce sentiment pendant des siècles, à tel point d'en inhiber les effets.
Armorie est sa mère.
Étrange, de mon point de vue, sachant qu'elle m'a considéré – et me considère – encore comme sa fille. Au-delà de ce détail insignifiant, j'ai encore beaucoup de mal à croire qu'Armorie ait abandonné sa progéniture de son plein gré. Cela me paraît même impossible. Un dilemme a forcément dû freiner l'engouement du curieux « couple » divin, puisqu'un hybride tel qu'Alicante ne pouvait pas vivre au Palais Lumineux. Sélérat avait-il calculé son coup ? Avait-il prévu de faire d'Armorie la mère de son enfant, afin d'élever l'un des êtres les plus puissants qui soient ?
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Cœur de flamme (Tome 2)
Fantasy/!\ Ceci est un tome 2, je vous conseille donc fortement de lire le premier tome intitulé "Cœur de fer", si vous souhaitez éviter d'être largué(e) ! /!\ *** Absurde, ridicule, naïf... une multitude d'adjectifs peu glorieux se bousculent dans la tête...