Falsification

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Désolée, j'avais dit 13h30, mais apparemment wattpad, n'était pas de cet avis...

PDV ALICANTE

- Était-ce vraiment nécessaire ? s'invective la voix de la Déesse de la Tolérance, qui déchire le brouillard silencieux dans lequel se perdait ma conscience.

J'esquisse un mouvement ralenti par un bataillon de contractures. Mon épaule s'écorche contre une surface dure et froide, que je ne me souviens pas d'avoir approchée volontairement. À vrai dire, je ne me souviens plus de grand-chose, si ce n'est d'avoir été sur les nerfs. Les braises de ma Haine agonisent encore dans les replis de mes entrailles, plus tièdes que brûlantes, désormais. J'amorce un nouveau mouvement hasardeux. Mon profil se déplace sur cette même surface, à l'instar de ma hanche et de l'une de mes ailes, qui crisse bruyamment. Je suis allongé par terre.

Il fait noir, totalement noir. À moins que je sois dans l'incapacité d'écarter les paupières.

- Eh bien, donnez-nous un moyen de canaliser le Prince Obscur, fils du Roi Obscur et de vous-mêmes ! réplique une autre voix, celle de Kyra, qui résonne dans ce qui semble une pièce exiguë - à en juger par l'écho qui me vrille le crâne. Nous l'empêchons de rejoindre son âme-sœur, est-ce que vous saisissez ? Son âme-sœur. N'importe quel individu concerné par ce phénomène surpuissant, et incontrôlable, se plierait en quatre pour venir en aide à sa moitié ! C'est biologique !

- Cela fait maintenant deux jours, se plaint Armorie.

Armorie, me répété-je comme la pire insulte qui soit.

- Il s'en remettra.

Son souffle titille mon ouïe. Une forte odeur de cendre éveille mon odorat. Et bien que je me sente comateux, il n'est pas difficile de deviner que Kyra ne contribue pas seule au déroulement de mon séjour ici. Une farce qui n'a que trop duré. Mais lorsque j'entreprends d'ouvrir les yeux, ceux-ci refusent de coopérer. Il en est de même pour la mobilité de ma main, de mon torse et de ma langue, lourds. Seule la douleur qui martyrise mes cellules, ainsi que la lointaine sensation du sol contre ma peau à vif, me confirment mon statut de vivant.

« Alicante ? Alicante ? »

Je tressaille, les respirations se coupent.

Ecclésia ? m'enthousiasmé-je, plus alerte. Adrénaline et soulagement dissipent en partie mon état de confusion. Un mélange dont les ingrédients s'allient en quantités doubles, provenant aussi bien de mes ressentis que de ceux de la déesse disparue.

« Où êtes-vous ? Que se passe-t-il ? »

Je fronce les sourcils. Les événements ayant précédé le trou noir dans lequel se noie ma mémoire me reviennent en bloc.

Et vous ? Où êtes-vous ?

Le soulagement se mue en torrent d'angoisse et de terreur. Une goutte de souffrance entre en collision avec le cataclysme explosif, provoquant une sorte de geyser émotionnel qui m'ébranle de la tête aux pieds. Mes mâchoires se crispent.

« Je n'en sais trop rien. Des hommes vêtus de blouses et de gants en latex consultent des écrans. Ecoutez, je... ».

Elle ment. Du moins, elle me dissimule des détails. Aux dernières nouvelles, de simples écrans n'ont jamais eu le pouvoir de terroriser une divinité de sa trempe. Sa nonchalance feinte frise le ridicule.

Vous souvenez-vous du chemin emprunté ? la questionné-je en prenant garde à endiguer mes craintes.

« Laissez-moi poursuivre. Il me reste peu de temps ».

Cœur de flamme (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant