Chapitre 12

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Après que Ben soit partit, je restais dans les bras de Denis en lisant un des rares livres de sa collection. Il avait sa tête posée sur mon crâne et lisait par dessus mon épaule. 

- Merci pour la pizza, répondit-il. 

Je souris et mis mon doigt sur ses lèvres pour le faire, j'étais dans un passage intéressant. Il lécha mon index et je le repoussais d'un dégoût enfantin en m'essuyant sur son bras. Il rit et plongea sa tête dans mon cou.

- Mon petit copain va devenir un vrai petit rockeur. 

Je lui souris et l'embrassais, refusant moi-même d'y croire. 

- Tu commences quoi ? 

- Je n'en sais rien mais d'après le directeur artistique, si le projet était accepté il décollerait vite. Et comme on est en vacances avec les garçons pour l'instant, cela ne devrait pas tarder. 

- En fait, j'ai fini d'écrire une chanson, m'annonça-t-il.

Je frappais dans mes mains alors que la mélancolie pointait dans mes yeux. Encore une chanson qui irait sur son album. Une de moins à écrire. Une de plus qui le rapprochait de son départ. Il se leva et j'eus tout à coup froid. Je l'entendais pester dans sa chambre avant de revenir avec un papier en main. Son écriture saccadé était partagé en deux couleurs et partout autour du texte se trouvait des annotations. 

- Pourquoi deux couleurs ? Ton stylo ne marchaient qu'une fois sur deux ? me moquais-je gentiment pour essayer d'oublier le poids sur mon coeur. 

- Parce qu'on va la chanter avec toi.

Je restais bloqué sans trop comprendre ce qu'il disait. 

- Mais ce n'est pas possible. 

- Pourquoi ? s'exclama-t-il comme s'il descendait des nues. Tu vas faire du rock maintenant. 

- Peut-être mais cela ne veut pas dire que je peux faire ce que je veux. Je devrais en parler à l'agence mais... 

- Mais quoi ? 

- Ils ne voudront jamais.

- Essayes au moins, Matt, je t'en supplie. 

Il me jetait des regards de pitié et j'hochais la tête. Il me prit dans ses bras et me serra contre lui, emboîtant nos corps comme si ils étaient fait pour fusionner. Il embrassait mes tempes, passait ses mains dans mon dos, y formant des formes inconnus. Je me reposais contre lui, me laissant complètement aller. Les dernières semaines avaient été purement douloureuses et stressantes. La peur de tomber, de m'effondrer sur scène m'avait épuisé plus que les concerts en eux-même. Les garçons avaient toujours été là pour me soutenir mais la politique de l'agence m'exténuait. Ne pas montrer aux fans quand nous étions épuisés, ne pas leur montrer quand nous étions blessés, toujours être prêt à être présenté, toujours apprêté, ne pas fumer, ne pas boire ou du moins pas devant les fans ou dans un lieu ou d'autres personnes pourraient le savoir. On avait pas le droit de leur montrer que nous étions simplement humains ? Que oui des fois il m'arrivait d'avoir de l'acné, normal puisque j'avais 14 ans, oui des fois j'ai des cernes sous les yeux, oui il m'arrive de ne pas être au top de ma forme. Ça s'appelle être humain mais j'ignorais si ils étaient au courant. Devoir marcher sur ma cheville blessée jusqu'à parce qu'une fan "risquait" de nous voir m'avait terriblement irrité.

 Denis me tira de mes pensées en posant le livre que je gardais malgré tout dans mes mains sans le lire. Il le posa sur le canapé et me prit dans ses bras avant de me porter sur son lit. Il me débarrassa de mon t-shirt et tenta de m'enlever mes chaussures mais je le repoussais, gêné. Oui j'étais gêné ce qui était complètement bête puisque ce gars connaissait mes moindres recoins. Aussi bien psychologiquement que physiquement d'ailleurs. 

Le petit garçon de Camden (w/ Denis Stoff d'Asking Alexandria) [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant