Chapitre 25

54 6 3
                                    

Je rentrais dans le bar et me dirigeais vers les cuisines pour aller me changer. Le patron m'avait tout de suite engagé quand il avait entendu le nom d'Adrienne. Même à l'autre bout du monde l'influence des gens m'ouvraient des portes. De plus, Adrienne lui avait soufflé à l'oreille que j'étais LE petit garçon et il m'avait proposé de prendre place sur la petite estrade de son bar tous les vendredi et samedi soirs. 

C'était la fin de semaine et Adrienne m'avait passé une guitare et de nouveaux vêtements qu'elle avait customisé rien que pour moi. 

- Arrêtes de bouger ! 

- Mais puisque je te dis que je peux me le mettre moi-même, râlais-je en essayant de me dégager des mains de Marie. 

Elle voulait absolument me mettre de l'eyeliner mais elle ne semblait pas comprendre que je savais parfaitement me maquiller. 

- En plus t'as foiré la morphologie de mon oeil ! 

- Nan mais t'es pire qu'une fille ! 

- Je te rappelle que tu en es une. 

- Justement, t'es pire que moi !

- Mais vous allez la fermer ?

La voix tonitruante d'Adrienne me fit sursauter alors que je me retournais pour la regarder, choqué. 

- Mais, toi t'es une mamie ! T'es sensée être gentille et douce. 

- Je t'emmerde, petit branleur. 

Et dire que les garçons me demandaient tout le temps d'où me venait mon langage fleuri. Adrienne s'approcha de moi et me sourit en posant sa main sur ma joue. 

- Tu es prêt ? 

- Je suis juste là pour faire de la musique de fond, ce n'est pas vraiment stressant. 

- C'est sûr que quand on est habitué aux stades, un bar c'est rien, répliqua Marie. 

Je lui levais mon majeur et elle m'en fit de même. On entretenait tous les deux une relation de pires ennemis, se foutant sur la gueule dès que cela nous était possible. Adrienne ne faisait rien pour nous en empêcher et elle trouvait même cela divertissant. 

Chris, le patron du bar, vint me chercher pour me dire que je pouvais y aller. Je rentrais et m'assis sur une chaise de bar, un micro à la hauteur de mes lèvres. Je regardais ma guitare et relevais la tête avant de me figer. 

C'était complètement différent d'un stade. 

Je voyais leurs vêtements, j'apercevais la forme de leur visage, ronds ou ovale,  leurs lèvres qui s'étaient figées en pleine discussion et leurs yeux. Leurs yeux qui semblaient m'examinaient de bas en haut, se demandant ce que bordel je foutais là. C'était différent d'un stade, leurs visages n'étaient pas effacés par les projecteurs qui m'éblouissaient. Cette fois j'étais aussi dans l'ombre qu'eux. Je sentais le stress monter en moi et je me raclais la gorge avant de m'approcher :

- Mmh... Bonjour, je m'appelle Matt. Je vais aujourd'hui vous jouer quelques une de mes compositions. 

Je pris ma respiration et posais mes doigts sur les cordes. Chanter me faisait un bien fou, retrouver ma voix grave. On m'avait toujours dit que j'avais eu de la chance, la puberté n'avait fait qu'agrandir ma tessiture, me permettant d'aller encore plus dans les graves tout en gardant de bonnes high notes. Plus la chanson avançait et plus je prenais confiance. Je sentais les ondes positives du public qui frappait le tempo dans ses mains, m'encourageant à continuer. Mon départ de Corée et ma peur de me retrouver seul m'avait fait écrire énormément de chansons cette semaine. L'histoire d'un petit garçon ne reconnaissant plus son pays natal. Celle d'un garçon abandonné dans la foule, perdu mais qui attire toute l'attention. Celle d'un amoureux coincé dans un arbre en feu, faisant fuir son amant avant de perdre la vie. Tellement d'histoires différentes que j'avais réussi à dormir pour une fois la nuit. 

Le petit garçon de Camden (w/ Denis Stoff d'Asking Alexandria) [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant