Chapitre 27

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- C'est bon Matt, quand tu veux !

L'ingénieur son derrière la vitre me sourit et la musique se répandit dans le casque. Retrouvé un studio de musique m'avait fait du bien après être resté enfermé chez Denis pendant tout un mois, ne sortant que pour aller en soirée avec lui ou pour aller travailler au bar. D'ailleurs Denis voulait que je démissionne pour que je passe plus de temps avec lui amis je refusais toujours. Pendant mes jours de congés, je traînais seul dans l'appartement de Denis alors qu'il allait travailler avec les garçons, Marie restait avec Adrienne et bossait au magasin de vêtements. Je ne faisais que regarder la télé et écrire. Denis venait ensuite me prendre et on allait dans un bar traîner avec les garçons jusqu'à pas d'heure. Je n'osais pas lui dire, mais cette routine commençait à me peser. Pouvoir aller en studio m'avait permit de m'enfuir et j'avais aidé Ben à peaufiner cette chanson. Lui seul semblait voir que je dépérissais à petit feu dans l'appartement et me proposais sans cesse des sorties. 

- Mec, au pire pour sortir tu vas t'acheter des cookies, je sais pas mais fait un truc. 

- La dernière fois que je suis sortis un fan a faillit me reconnaître, je peux pas. 

Il voulait en parler à Denis mais je refusais qu'ils se disputent et arrivais toujours à détourner le sujet de conversation sur quelque chose de moins polémique. 

La voix de Denis m'arriva dans les oreilles et je tapais discrètement la pulsation de mon doigt sur ma cuisse. On s'occupait des gros morceaux chantés aujourd'hui et on s'occuperait des backs demain. Je pris ma respiration avant de me mettre à chanter alors que l'instrumental devenait plus calme. Retrouvant mes réflexes de chanteur, je fermais les yeux et commençais à chanter :

I wish you could save me
There's something lost inside
I'm scared it might kill me
All my life I've needed you with me
You've always let me down
But still I try 

Une autre profonde inspiration et je m'arrachais la voix, déversant tout un flot d'émotions que je pensais avoir enfoui jusqu'au point de non-retour. Elles revenaient, prenant possession de mon corps en un rien de temps et je me sentais emporter, enfin sûr des sentiments  que je voulais faire passer à travers cette chanson. 

- Ok Matt, génial. on va faire les cinq prises habituelles mais là c'est génial. 

Denis se tenait derrière lui, la tête plongée dans son portable mais il releva les yeux vers moi et me sourit rapidement. James, le batteur du groupe, le lui frappa les côtes et les commissures de mes lèvres esquissèrent un mouvement. 

- Tu dis quand tu es prêt Matt

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- Tu dis quand tu es prêt Matt. 

- On y va. 

Je me relaxais, jouant des épaules avant de me concentrer de nouveau. Je voyais Cameron gratter sa guitare en me regardant, concentré alors que la musique repartait dans mes oreilles.  

  Don't leave me here
I need you around 
Lift my feet off the ground
Your tongue like a knife
Your eyes cut like daggers
I don't feel a thing 'cause I'm so dead inside
Lift my feet off the ground
Don't leave me here
I need you around, ah.

Je me sentais énervé en chantant, crachant ma haine au micro. Je fermais les yeux et serrais mes poings, essayant de me contenir mais rien n'y faisait. Chanter ne suffisait pas, mon immobilité me démangeait. Je me démenais pour rester en place et mon chant n'en devint que plus colérique. D'habitude être en studio me stressait puisque je n'entendais pas ma voix lorsque je chantais et j'avais toujours peur de chanter faux mais là, j'étais une masse d'énergie noire impossible à affaiblir. 

Á la fin des cinq prises, je sortis du studio d'enregistrement et les garçons me félicitèrent. Chanter ne me suffisait pas, je sentais en moi cette boule de frustration qui continuait de monter. Denis posa sa main sur ma nuque et commença à la masser distraitement. Je ne savais pas si il sentait mon énervement mais son flegme me tapait encore plus sur les nerfs. Cela faisait un mois que j'avais emménagé dans son appart et j'avais l'impression que ça nous perdait peu à peu. Au début c'était parfait presque idyllique de se retrouver tous les deux seuls sans avoir de contraintes. Cela l'était toujours mais je nous sentais partir à la dérive, je me sentais partir à la dérive. Je ne faisais qu'attendre et cela ne me convenait pas. Je sentis le bras de Denis passer sous mon t-shirt et caressais mon ventre alors qu'il m'assit sur ses genoux dans le canapé. Cela parvint enfin à me détendre légèrement et je  regrettais presque mes pensées noires. Cependant mes jambes continuaient à me démangeaient. Il fallait que je bouge. 

- Est-ce que vous avez encore besoin de moi ? demandais-je. 

- Non, t'as finit pour aujourd'hui. 

Je me relevais et Denis m'attrapa la main :

- Tu vas où ? 

- Je vais aller me promener, on étouffe ici. 

- Tu restes pas pour me regarder chanter ? 

- Je me rattraperais ce soir, promis-je. 

J'allais prendre ma veste et fis un dernier signe de main aux garçons avant de sortir. Il faisait froid et je rentrais mon cou dans ma veste, marchant à vive allure. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit mais je décidais de courir, sortant peu à peu de Camden et cherchant de tous les côtés un studio. J'en trouvais finalement un, près du centre de Londres, vide avec une vieille enseigne illuminé par des néons colorés. 

- C'est pour quoi ? me demanda un homme au milieu de la cinquantaine, une cigarette à la bouche. 

Il régnait une odeur de tabac froid dans la pièce. Des photos de danseurs jaunies par le temps trônaient sur les murs. 

- Est-ce que vous avez un studio de libre ? 

Il ne me répondit pas, fouillant dans son comptoir avant de me tendre des clefs :

- Salle de droite, première étage. C'est £35 l'heure. 

Je le remerciais et attrapais les clefs avant de monter à l'étage et d'ouvrir la salle. Contrairement au reste qui bâtiment qui semblait sur le point de s'écrouler, la salle était propre et les miroirs semblaient avoir été lavé peu de temps avant. Des fenêtre donnaient sur la rue où la nuit prenait peu à peu place. J'enlevais mes baskets sales et allais brancher mon portable à la chaîne hi-fi qui se trouvait au sol dans un coin de la pièce. Le plancher était également en bon état et la salle semblait être aérée régulièrement. Je ne savais pas pourquoi j'étais venus ici mais cela me semblait être le seul moyen de me calmer. Je mis de la musique avant de me mettre au centre de la pièce alors que la musique de EXO commençait à résonner dans les enceintes. Je commençais à bouger en rythme et mon corps retrouva bien vite ses bases et se souvint de la chorégraphie. Je me mis inconsciemment à chanter les paroles et retrouver ma langue natale me faisait du bien. Je sentais un sourire naître sur mes lèvres, sincère et puissant. 

    

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Je redécouvrais le plaisir de danser sans ressentir de douleur. Je pouvais bouger ma cheville sans me mordre la lèvre. J'ajoutais quelques figures à la chorégraphie, reprenant goût à ces mouvements piqués aux arts martiaux. 

J'enchaînais les danses en fonction de celles qui venaient sur mon portable. Danser me vider la tête et je sentis mon énervement s'en allait pour laisser place à un plaisir incommensurable. Je pouvais danser de nouveau et cela m'était vital. 

Le petit garçon de Camden (w/ Denis Stoff d'Asking Alexandria) [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant