Chapitre 16: Perdu dans nos cauchemars.

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  Nous déboulions encore dans le noir. Au moins, ça ne nous changeait pas de ce couloir. Des bruits de pas se rapprochaient dangereusement. Nous étions sûrs maintenant que c'était notre barrière de fer qui avait volé en éclat et que bientôt ce serait notre tour. Tommy referma la porte derrière nous. Nous savions très bien que si une porte de fer avait cédé face à un de ces monstres, que cette petite porte en bois ne tiendrait pas une seule seconde face à leurs fureurs. Donc le fait de la fermer était juste un réflexe inutile, mais bon, cela nous rassurait un minimum. Vous savez, ça nous donnait l'impression d'avoir la situation en main, alors que ce n'était pas du tout le cas.


  Immédiatement, les bruits de pas s'arrêtèrent et le calme régna. Je trouvais cela étrange, mais je n'avais point le temps de réfléchir. Je sentis l'air fouetter mon visage et remplir mes poumons. Nous étions dehors. La nuit planait tout autour de nous. La lune était dissimulée derrière d'épais nuages et seulement quelques étoiles illuminaient ce ciel bleu foncé.


  Une fois cet acte stupide fait, nous nous remettions à courir. Je sentais l'adrénaline dans mes veines s'estomper tout doucement. Mes forces désertaient face au combat qui nous attendait. Le vent se levait, agressait ma peau glacée et cela m'épuisait davantage. Tommy le sentit et agrippa ma main afin de m'aider. Lui aussi était lassé de courir et n'allait pas tarder également à s'écrouler littéralement. Nous continuons malgré tout. La fatigue était notre nouvelle ennemie et la nommer n'aurait fait que la rendre plus puissante. Pas après pas, nous mettions de la distance entre nous et ces monstres. De plus, nous n'avions pas encore entendu la porte être arrachée de ses gonds ce qui était plutôt bon signe, mais bizarre. Nous continuons.


  D'un coup, un choc parcourait mon corps. Je tombais lourdement sur le sol qui était jonché de terre et de feuilles mortes. Je venais de me heurter à une chose. Comme Tommy me tenait fermement, il tomba à son tour, emportait par mon poids dans la chute. Il se retrouva au-dessus de moi. Son visage était à peine à quelques centimètres du mien. Il écrasait mes côtes, et cela me fit un mal de chien, je n'arrivais même plus à parler. Mon souffle avait été coupé par le contact rigide du sol dans mon dos mais également par la chaleur provenant du corps suspendu sur le mien.


  Nos mains étaient toujours entrelacées. Ce moment me semblait durer une éternité. Cela devenait de plus en plus gênant au fur et à mesure que les secondes s'écroulaient tels des grains de sable. Je pouvais distinguer de manière peu précise ses iris bleu océan qui étaient rivés sur moi, ses cheveux en batailles avec qui le vent s'était engagé dans une danse folle, la forme de son visage. J'étais apte à ressentir distinctement les battements de son cœur précipités qui étaient sûrement dû à notre course précédente ou à la peur. Je devais l'admettre qu'il avait un charme et que plus d'une devait lui courir après. Il était même beau dirais-je. Enfin, bref, je ne sais pas pourquoi je vous dis cela vu la situation.


  Une bourrasque vint nous extirper de notre contemplation. Il se laissa rouler lourdement à ma gauche, broyant au passage mes côtes et laissant toute sa chaleur s'évaporer loin de moi. Un grognement m'échappa face à la douleur et aux mille piqûres du froid. Il murmura aussitôt d'un souffle court :

« - Je t'ai fait mal ?

- Ce n'est pas de ta faute, c'est moi qui t'ai entraîné dans cette chute.

- Oui mais j'aurais pu me retirer plus tendrement. J'ai senti le grincement de tes côtes sous mon poids, donc ne me mens pas en me disant que ça ne t'a rien fait. Excuse-moi.

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