Point de vue: Ana Isou.
Je ne supportais plus de voir tous ces masques de folie me guetter, s'approchant lentement, pas par pas, dans un silence de mort. L'atmosphère était palpable. Je tremblais légèrement, suppliant intérieurement que les ténèbres nous emportent.
Lâchement, j'inclinais la tête vers cette horloge de verre, observant les moindres détails. D'après celle-ci, il était dix heures. Rien d'extraordinaire, mais tout de même, quelque chose m'intriguait. En effet en son centre était inscrit ceci : « MATH : Mental Abuse To Humans ». De plus, les aiguilles n'étaient pas ordinaires. Elles étaient formées à partir de chiffres. L'ensemble ressemblait à un calcul. Pour celles concernant l'heure, le tout formait une équation : 30x-60=0. Quant au calcul permettant de faire naître l'aiguille des minutes, il me paraissait plus complexe avec cette formule :11²-1. Après mainte réflexion, j'avais mes deux solutions. Je ne sais pas trop pourquoi cela me semblait important de résoudre cette énigme, mais j'étais persuadée au fond de moi que je devais le faire. Si mes calculs étaient corrects, l'heure correspondait au chiffre deux, tandis que les minutes étaient associées à cent-vingt. C'est alors que je compris. Enfin, je pensais savoir ce qu'il fallait faire, mais j'ignorais totalement ce qui allait se produire. Sûrement rien, je supposais. Mais après tout, qui ne tente à rien n'a rien, non ?
Dans un élan de démence pure, je m'accroupis tant bien que mal et je m'agrippais de toutes mes forces à l'aiguille des minutes. Je me mis à la pousser, contrôlant ainsi le temps. Les secondes, les minutes s'égrenaient. Un tour était déjà fait, une heure était déjà passée. Je continuais. Les minutes s'écroulèrent tel un château de sable emporté par la brise. Encore un effort et une autre heure céda à son tour. Enfin, j'atteignis mon objectif. Minuit.
Le silence pesait. Rien ne se passa. Tommy me regardait d'un air intrigué, se demandant si après tout je n'étais pas devenue comme eux tous. Folle. Sans jugement. D'ailleurs, à cet instant précis, je me demandais moi aussi. À quoi pensais-je au juste ? Que tous nos problèmes allaient s'envoler grâce au temps ? Pathétique. Je me relevais donc, énervée contre moi-même, contre tout ça. Tommy s'approcha doucement, m'empoignant la main. Le Phénix se mit à rire. Vous savez, ce genre de rire totalement sadique. Effrayant. Puis, d'un coup un bruit mat vint le couper dans son hystérie. Son sourire s'effaça en même temps qu'un toboggan apparu comme par magie au bord de l'institut. C'était une blague ? Nous étions dans les enfers mêmes, dans un univers rempli de noirceur et notre porte de sortie était un toboggan pour de jeunes enfants ? Vous noterez l'ironie. Mettre un symbole de joie dans un monde morbide. Cela ne concordait pas du tout !
Sans plus réfléchir, je me mis à courir pour y accéder avant qu'il ne soit trop tard. Tommy me suivit, étant lié à moi. Nous bousculons les patients, essayant de nous créer un chemin parmi leur corps. Ils essayaient de nous arrêter. Je sentais leurs doigts effleurer ma peau, la griffer, l'arracher. Certains même arrivaient à me donner de brefs coups. Mais, je résistais tout de même à leur proximité étant bien décidée à reprendre ma liberté. Après ce qui me parut durer des siècles, je vis enfin la fin de ce mélange de membres. J'accélérais donc, essayant d'oublier la douleur lancinante dans mes côtes, mais également dans la cheville. Je ne devais pas craquer, pas maintenant.
Une fois en dehors du chaos, je remarquais qu'un décompte c'était enclenché à l'arrivée du toboggan. Je ne sais pas à quoi il servait et d'ailleurs je ne souhaitais pas le savoir. L'adrénaline guidait toujours ce qui restait de mon corps et me permis de me jeter dans ce jeu pour enfant. Une longue descente se déroula, paisible. Des souvenirs bien enfouis refirent surface, me rappelant qu'ils ne pourront plus jamais se réaliser. J'étais seule. Orpheline sûrement. Et cela me détruisait intérieurement.
VOUS LISEZ
Wonderland
FantasyQue feriez-vous si on vous proposait de réaliser vos rêves au péril de votre vie ? Accepteriez-vous ou déclineriez-vous poliment l'offre ? Je suppose que vous connaissez déjà ma réponse, pas la peine que je vous l'écrive noir sur blanc. Et oui, j'ai...