Chapitre 9: Panique à bord.

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   J'étais confortablement installée dans le siège qui m'était destiné. Bon, je vous l'accorde, ma position devait effrayer plus d'un. J'étais en chaussettes, les jambes recroquevillées sur moi-même, la tête contre la vitre, le regard figé sur le paysage. En clair, j'étais en position foetale. Et pour que tout soit parfait, j'avais la musique qui concordait méticuleusement à la scène actuelle. Elle faisait un très bon fond musical et rendait celle-ci encore plus magique : OneRepublic, Wherever.


  Enfin ça, c'était selon moi. En vrai, les inconnus devaient se demander si une clandestine n'était pas rentrée en douce dans ce train en me voyant. Je profitais de ce moment de calme pour réfléchir un peu. Je savais que c'était mal de réfléchir, mais bon, là c'était différent, je me lançais tout de même vers l'inconnu. Résumons ensemble ma situation. J'étais dans un train qui allait m'amener à Paris. À neuf heures, je devais être aux pieds de la Tour Eiffel avec une certaine entreprise ultra secrète qui se nommait Wonderland et pleins d'autres personnes que je ne connaissais pas du tout. Pour couronner le tout, j'allais passer mon Noël et mon Nouvel an avec eux. Et pourquoi je faisais cela ? Pour simplement vivre les histoires que j'ai tant aimées.


  D'accord. Je crois que ma situation craignait vue comme ça. Et si c'était un enlèvement tout ça ? Ou je ne sais pas, le projet d'un psychopathe fou ? Je m'étais peut-être embarqué dans cette aventure un peu trop vite et en plus je n'avais même pas pris la peine de faire des recherches sur cette entreprise étrange ! Quelle idiote je faisais parfois ! Ma vie était peut-être en danger qui sait et tout ça pour un rêve fou et parce que je voulais fuir ma vie ! Mais mon Dieu, qu'est-ce que j'avais fait !


  Prise d'une angoisse soudaine, je sortis mon téléphone pour essayer de capter du réseau. Par chance, j'en avais. Je me précipitai donc rapidement sur le net pour faire ces fameuses recherches, même s'il était trop tard vu que le train avançait à vive allure dans les paysages ruraux. Je tapai « Wonderland » dans la barre de recherche et ce que je craignais le plus arriva : « Nous n'avons pas de résultat pour cette recherche ».


  Et là, quelque chose me revint à l'esprit. J'avais brûlé la seule preuve de leur existence, leur invitation. Si je disparaissais, personne n'apprendrait pourquoi. L'angoisse. J'avais tellement été impressionné par tout ça, que je ne m'étais même pas posé les bonnes questions telles que: Comment avait-elle eu mon adresse et mon prénom ainsi que mon nom ? Comment savait-elle que j'aimais lire ? Pourquoi avait-elle mis un traceur, quelle était le but ? Et pourquoi demander de brûler cette invitation ? Ces questions me percutaient maintenant telles des lames tranchantes, mes mains se mirent à trembler. Je perdais tout doucement mon calme. Mais pourquoi je prenais toujours les mauvaises décisions ? Quel était le problème avec moi ? Mes tremblements s'accentuaient. Ma vue se brouilla. La crise me menaçait de son ombre qui s'approchait. Je devais à tout prix reprendre le contrôle. Je ne devais pas craquer. Les ténèbres m'engloutirent et je me mis à énumérer mes règles.


  D'abord tout doucement et ensuite de plus en plus vite : « règle numéro une... ». Je reprenais lentement possession de mon corps ainsi que de mon esprit quand une voix grave m'extirpa de mes pensées. J'ouvris les yeux et vis un homme assis en face de moi. Il me fixait anxieusement. Comme je n'avais pas compris ce qu'il m'avait dit, ni même si c'était lui qui avait parlé, je restais donc là, à l'observer. Il était mal à l'aise. Je le voyais grâce à ses doigts qu'il n'arrêtait pas de tordre dans tous les sens. Il se pencha légèrement et répéta (je suppose) :

« -Vous allez bien jeune fille ?

-Oui.

-Vous êtes sûre ?

-Oui. »


  Il voyait bien que je n'étais pas disposée à parler, donc il se braqua et partit. Et moi, je revenais à mes songes. D'accord. Ma situation était clairement merdique. Excusez-moi du terme, mais je ne voyais pas d'autres mots pour décrire le pétrin dans lequel je m'étais fourré toute seule. Soyons un peu positifs. Si ça se trouve, cette entreprise ne me voulait aucun mal et allait bien réaliser mon rêve. C'était peu probable, mais possible. Et puis, si je venais à mourir, au moins je pourrais revoir ma mère et ma soeur et j'aurais tout de même laissé un mot d'adieu à mon père et à Anita.


Je m'endormais tout doucement en cherchant les points positifs de tout ça. Au moins, Morphée m'avait rattrapé.

WonderlandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant