Chapitre 20: l'institut de particuliers.

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  Instinctivement, je tendis ma jambe afin que mon pied percuta le corps visqueux du serpent. Suite à mon geste, il vola dans la marée de ses congénères. Je ne savais trop comment nous sortir de cette situation et le bruit incessant des centaines de sifflements me perturbait au plus haut point. Arriveriez-vous à vous concentrer un minimum si vous vous trouviez au milieu d'une marée onduleuse de bêtes répugnantes ? Je craignais que non.


  Ne voyant aucun moyen pour nous échapper, je pris la main de Tommy afin de contrôler les tremblements qui secouèrent mon corps chétif. Il resserra son étreinte et cela me procura une vague de soulagement.


  Nous restions ainsi pendant ce qui me sembla durer une éternité avant que Le Phénix apparaisse dans mon champ de vision. À ses côtés se tenait un lézard me semblait-il. Il s'écria alors en nous regardant d'un air ennuyé :

« - Je suis désolé, j'ai oublié que ces serpents se réveillaient à cette heure-ci. Je viens vous aider ne bougez pas. »


  Il avait oublié ! Mais comment diable une personne peut arrêter de songer à de l'herbe qui se transforme en chose venimeuse ? C'est impossible ! Je commençais réellement à douter de son aide. Après tout, il connaissait soi-disant ce monde comme sa poche, mais il nous permettait que de tomber dans des pièges. Vous parlez d'un guide, n'est-ce pas ? Enfin, je ne dis rien, car à l'heure actuelle, cela me dérangeait d'avoir à l'affirmer, mais on avait besoin de lui. On attendit alors qu'il passe à l'action.


  Le Phénix s'abaissa et prit dans le creux de sa main droite le lézard. Il lui murmura quelque chose d'inaudible pour nous et le reposa. Suite à cela, l'animal commença à se transformer devant nos yeux. Je ne fus pas étonnée de cela pour la bonne raison que, j'avais compris que ce monde regorgeait des choses les plus improbables les unes des autres. Devant nous, se tenait à présent un chien, qui à son tour changea, bien évidemment. Il grossissait à vue d'œil et devint un monstre terrifiant. Une idée me vint alors à l'esprit. Et si le Phénix voulait notre mort ? Et si ce monstre venait pour nous égorger ?


  Des frissons m'attaquèrent. Le chien des enfers, comme je le nommais, s'avança à pas lent vers nous. Il écrasa sous son poids les serpents et ne broncha en aucun point quand l'un d'entre eux venait le mordre. La distance entre lui et nous se réduisait dangereusement. Je sentis les muscles de Tommy se contracter à l'unisson des miens. Nous étions impuissants, piégés. Nous étions de simples humains et je craignais fort que cela nous menait à notre perte. Tout ça parce que nous étions ce que nous étions, différents d'eux, différents de cet univers entier.


  La bête colossale était à présent devant nous. Je pouvais désormais sentir son haleine fétide et son souffle bouillant sur ma peau frigorifiée. Je fermais donc les yeux, attendant qu'il nous massacre et nous arrache à notre malheureux sort. Mais contre tout attente rien de tout cela ne se produisit. Je repris alors possession de ma vue.


  Ce dernier avait baissé sa tête, nous invitant ainsi à grimper sur son dos rugueux. Hésitante, je me tournais vers Tommy afin d'avoir son avis sur la situation. Voyant que je l'observais, il dit d'une voix certaine :

« Je crois qu'on n'a pas d'autres choix. Prête ?

-Prête si tu es prêt. »


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