10. Son nom?

4.1K 221 32
                                    

Je me sens si stupide qu'en regardant Caleb je décide de lui mentir ouvertement.

— Je l'avais dit, le 3.

— Montre moi, lança-t-il.

— Pas la peine, il est plus là, avouai-je en froissant cruellement le papier entre mes doigts.

Il rit doucement, il sait que je mens, bien sûr.
Mais pour aider mon ego à encaisser cette terrible nouvelle, je préfère affirmer le contraire.

— Alors je te dois des excuses, c'est ça ? demande-t-il ironiquement.

Je secoue la tête en claquant ma portière.

— Pas la peine, c'est oublié.

Il acquiesce et retourne alors finir son repas que j'ai soigneusement interrompu pour presque rien.
Sur le moment je pensais réellement que c'était urgent, mais désormais... il en est tout autre.

La journée se termine rapidement.
Je me balade alors dans les couloirs à la recherche de Sam et son groupe de salopard.
Mais alors que j'identifie les élèves traîner tout comme moi dans le hall, j'aperçois la sorcière.

Dis donc, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu sa face de rat.

Elle m'aperçoit et me montre son majeur.
Je le souris faussement pour lui prouver que je peux rester joyeuse et calme même en voyant un zombie.

J'arrive à la bibliothèque et remarque l'un des gars avec qui j'ai rapidement mangé ce midi.

— Eh, toi.

Il ne se retourne pas. Trop occupé à pianoter sur son téléphone.

J'arrive à sa hauteur et lui tapote l'épaule.
Il sursaute et enlève ses écouteurs, le regard intrigué.

— Ouais?

— Où se trouve ton connard de pote?

Il hausse un sourcil tout en me dévisageant de la tête aux pieds.

-— Tu lui veux quoi?

Je lève les yeux au ciel tout en soufflant de mépris.

— Ça va, je vais pas le frapper. Juste lui offrir une tarte manucurée de rouge, dis-je en regardant ma main.

Il fronce alors des sourcils et se lève en faisant grincer sa chaise.
Oula, j'ai mal parlé de son petit pote, il sort les griffes.

— Tu te prends pour qui toi ? Sous prétexte que tu es nouvelle tu penses qu'il ne va rien t'arriver? Tu veux que je te dises, tu vas morfler comme chaque personne dans ce putain de lycée. Tu n'es pas la reine et ne détiens aucune vérité. Donc dégage.

— C'est bon t'as fini ?

— Ne fais pas trop la maligne. Tu risquais de pleurer.

— Garde tes menaces à deux balles pour quelqu'un d'autre. Je veux juste voir ton pote.

Il me fait signe de la main pour que je parte avant de se replonger dans son téléphone, les écouteurs aux oreilles.

Je soupire et retourne au sein du lycée.
Je passe devant le bureau des surveillants, et m'arrête net.
Je toque tout en entrant sans permission.

— Oui ? me demande une personne que je ne connais pas.

— Vous êtes surveillant?

Il hoche la tête, le regard assez sérieux.

— J'aimerais que vous m'aidiez à retrouver quelqu'un.

Il ne comprend pas tout de suite alors je lui explique que je recherche un beau garçon qui était au self avec moi, mais que je ne connais pas son nom.

— Il est grand, fin, les yeux bleus et les cheveux assez en bazard et plutôt châtain clair.
Il avait une veste jaune poussin aujourd'hui. Vous voyez de qui je vous parle?

Il hoche la tête.

— Comment il s'appelle ?

— Je ne peux pas te dire son nom.

Je recule d'un pas, embêtée.

— Et pourquoi ?

Il hausse les épaules. J'ai envie de le claquer.

— Tu as cas prendre ton courage à deux mains et aller lui parler en face.

C'est une blague là ?

— C'est ce que je souhaite faire. Mais pour le retrouver je dois savoir dans quelle classe il est.

Il secoue la tête, indifférent.

Je tape du poing sur la table avant de partir en grondant.
Je m'empresse d'aller jusqu'à ma voiture et d'attendre demain avec impatience afin de tuer l'ami de Sam.

— Besoin d'aide ?

Je me retourne alors que je cherche avec rage mes clefs dans mon sac.

— Quoi ? Non, merci.

Je l'entends rire doucement alors que ma colère augmente de plus en plus.

— Qu'est-ce qu'il te fait rire crétin? Putain va jouer ailleurs.

— Donc, je peux garder ça ?

Il secoue en l'air mes clefs de voiture avec une moue adorable sur le visage.
Je souffle de soulagement puis ris doucement.

— Merci.

Il sourit de toutes ses dents avant de s'asseoir sur mon capot, ce qui a le don de rappeler ma colère à grandes vitesses.

— Enlève ton sale cul de ma caisse.

— Très bien, dit-il faussement vexé. A bientôt.

Il reste tout de même planté là à me sourire comme s'il allait me dire quelque chose.
J'entre dans ma voiture, abaisse la vitre et lui demande ce qu'il a.

— Daniel Winston.

Et sur ces mots, il hoche la tête et s'en va les mains dans les poches, la démarche assurée.

Il vient réellement de me venir en aide.
Merci l'inconnu.

Surveillant devenu AmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant