14. En transe

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Je reste sur le cul.
Tout en restant debout, figée en l'observant.

— C'est une blague ?

Je regarde autour de moi pour chercher les caméras cachées.

Il hausse les sourcils, déposant ses coudes avant de sourire gracieusement.

— Comment tu trouves mon nouveau bureau ?

— Ton nouveau... Quoi ?

Il hoche fièrement la tête.

— Ne me dis pas que tu es le nouveau proviseur !

Il rit à gorge déployée.

— Tu croirais à n'importe quoi, toi.

Je secoue la tête, croisant les bras sur ma poitrine démontrant mon mécontentement.

— Qu'est-ce que tu fais ici alors ?

— Assieds-toi, s'il te plaît.

Je plisse le regard méfiante, avant d'exécuter, préférant largement être assise que debout comme un soldat.

— Qu'est-ce que je fais ici, Caleb ?

Il m'étudie silencieusement.
Son regard parcourt ma poitrine dissimulée sous mon t-shirt à manches longues.

A quoi il pense au juste ?

A

près que nous ayons passé un sale quart d'heure depuis que j'ai embrassé ce garçon, je n'arrive pas à comprendre ce qu'il souhaite là, tout de suite.

— J'aimerais qu'on enterre la hache de guerre, dit-il après un long silence.

— Ah, je dis simplement. C'est seulement pour ça que je suis ici, Caleb ?

J'espère l'entendre dire quelque chose de plus concrets. Je m'autorise à penser que ce soit autre chose qu'il m'amène dans le bureau du proviseur.

— J'ai envie de toi.

Quoi ?

— Tu as dis quoi ?

Il rit à nouveau.
Est-ce qu'il se joue de moi ? C'est comme ça qu'il procède avec ces nanas ?

Il se lève et approche son corps svelt jusqu'à moi.
Ma vue trouble dès lors où sa main vient saisir la mienne.

— Qu'est-ce que tu fais...

— Je te touche.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, si bien que le tissu qui recouvre mon corps bouge au rythme de ces battements.

— Arrête ça.

Il sourit avant d'apporter ma main à sa bouche.
Ses lèvres humides m'embrassent alors que je perds rapidement mon souffle.

Pourquoi mon corps se sent soudainement prit de court ?

Ce n'est qu'un simple contact, rien de plus... Une nana parmi tant d'autre, Alyson...

Je retire sous cette pensée ma main de son emprise et gronde entre mes dents.

— Je ne suis pas comme les autres.

— Oh que oui. Toi tu es totalement différente.

— Ah oui ? Et bien lâche-moi la grappe, aboyais-je en me relevant. Je ne céderais pas à tes beaux yeux remplis de manipulation.

— Alors c'est comme ça que tu me vois ?

— Exactement.

— Dit-elle alors qu'elle a un petit copain, souffle-t-il.

Je secoue la tête.

— Voilà, j'ai un p'tit ami et lui au moins il ne joue pas sur plusieurs tableau.

Je mens.
Je ne me souviens même plus de son nom.
Et dire qu'au moment où j'ai abattu mes lèvres contre les siennes, je ne savais même pas qui était ce garçon.

Je prends la porte, au sens figuré, bien sûr.
Caleb ne me retient pas et malgré que ce soit ce que je désirais, une partie de moi semble piquée qu'il ne me court pas après.
Mon égo aimerait être titillé par un tas de gars.
Mais celui-ci semble lui plaire davantage que tout autre garçons.

Comme on dit, on aime ce qu'on ne peux avoir.
Caleb en plus d'être le surveillant du lycée est un coureur de jupons.
J'ai horreur de ça. Alors qu'il me laisse en paix, moi et mon égo qui désirerait qu'il soit auprès de moi.

La surveillante me voit revenir et m'intercepte avant que je ne lui passe sous le nez.

— Alyson. Les papiers !

— Ah, ouais.

Je me dirige jusqu'au bureau des surveillants et patiente un moment avant qu'elle ne retrouve toute sa paperasse.

Elle aurait pu anticiper ma venue...
Mais bon, la bouffeuse de beignets préfère se gratter au lieu de faire les choses bien.

— Tu donneras ça à tes parents, ils faut qu'ils y ait leur deux signatures. Et pas la peine d'imiter les signatures, hein.

Je vois rouge.
J'ai toujours eu horreur qu'on parle de mes parents.
Alors qu'elle n'a rien dit de bien méchant, ma colère quant à elle ne supporte pas son ton méprisant.

— Il y aura une signature et ça vous suffira, vous et vos papiers à la con.

Elle me fait les gros yeux.

— Tes parents sont divorcés ?

Mais pour qui elle se prend tout à coup ?
Poser des questions aussi indiscrète !
J'ai une seule et unique envie c'est de lui fourrer des beignets dans le fion.

— Ne t'avise plus jamais de parler de ma famille !

D'une manière si indifférente, elle me lâche en grabouillant sur une feuille.

— Tu n'es pas la première à avoir une famille séparée. Tout le monde finit par s'en remettre.

J'atteins un point de non retour.
Impossible pour moi de rester calme.
Ma vue devient floue, ma colère remonte le long de mon estomac formant une boule de rage.

— Je t'ai dit de ne pas parler de ma famille !

J'attrape -sans comprendre ce que ma main fait- un pot à stylo sur le bureau et le lui lance dessus sans pouvoir me canaliser.
Elle crie et semble avoir mal dû à mon geste.

Bien fait, connasse !

— Alyson, arrête !

Une voix rauque s'infiltre dans la pièce et mon corps se propulse en arrière.
Mon dos s'abat contre une surface dur ce qui me force à grimacer.

— Regarde-moi.

On attrape mon visage en coupe, je crois.
Je sais simplement que je ne peux bouger la tête, la respiration en extase.

— Alyson, regarde-moi.

J'essaie de focaliser mon regard sur cette personne, mais je n'y parviens pas.
Dans ma tête, tout se bouscule, j'ai l'impression qu'un vaisseau a explosé m'empêchant de contrôler le moindre de mes faits et gestes.

Mais je parviens tout de même à articuler :

— Appelez mon frère. Il faut que vous appelez mon frère...

Surveillant devenu AmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant