Chapitre 7, Aria

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7
Aria


Ce matin, le réveil n'est pas plus agréable que celui d'hier. Le même tournis, le même mal de crâne, si ce n'est plus. Mais le pire, c'est cette douleur qui me tord le ventre dés l'instant où j'ouvre les yeux. Cette douleur qui me rappelle qu'une fois encore, j'ai fais n'importe quoi. Elisabeth a raison, cet amour réveil tout ce qu'il y a de pire en moi, ce qu'il y a de pire en chaque être humain. Il réveil cet instinct ravageur, presque animal, primaire. Cet instinct qui prend possession de moi endormant tout esprit de raison, toute rationalité. Cet amour qui m'enivre et m'emporte au delà des limites. Au delà mes limites. Je ne veux pas être comme ça, je refuse d'être incontrôlable à nouveau, je refuse de me laisser envahir, piétiner, déchirer. Je refuse de laisser cette faiblesse que sont les sentiments prendre le dessus sur moi. Mais en refusant tout cela, je sais que je refuse d'être moi, je refuse d'être Aria.


Je me lève difficilement, enfile des vêtements et sors de l'hôtel. Il fait beau, les rayons du soleil s'abattent sur ma peau, réchauffant peu à peu mon corps. Je décide de m'asseoir à la terrasse d'un bar et commande un café. Je regarde les gens passer, je les regarde rire, je les regarde courir après le bus, je les vois le visage fermé et stressés par la journée qui les attends, je les vois se tenir la main, je vois ces enfants sourires jusqu'aux oreilles. Je les regarde tous, ne loupant pas une miette de tous ces micros instants de quotidien fascinants.

D'un côté, je suis heureuse d'être là, à cet instant présent, assise ici à regarder ces gens. Je suis heureuse d'être ici, à New-York, j'aime cette ville autant que je la déteste.

Je ne peux m'empêcher de songer à mon frère. Est-il toujours ici ? Que fait-il ?
Je sens à nouveau mon estomac se serrer.

Je me lève précipitamment laissant au passage quelques dollars sur la table. Je traverse la rue et entre dans l'hôtel. J'ouvre fermement la porte de ma chambre et me précipite sur ma valise, je regroupe toutes mes affaires et les fourres dedans sans prendre la peine de plier quoi que ce soit. J'enfonce la clef dans la petite serrure pour la fermer, je prends mon sac à main et claque la porte de la chambre derrière moi. Finalement, je déteste plus cette ville que je ne l'aime. Il faut que je parte, je ne peux rester ici plus longtemps, j'étouffe.

Sur le trajet de l'aéroport, je regarde une nouvelle fois ces rues défilées sous mes yeux, presque soulagée. J'en profite pour réserver mon billet d'avion depuis mon téléphone portable.

Une fois arrivée, je me précipite au comptoir d'embarquement. Machinalement, je tends mon passeport à l'hôtesse. Elle pianote comme une hystérique sur le clavier de son ordinateur ce qui à le don de m'agacer. Quelques minutes plus tard, commençant à trouver le temps long, je me décide enfin à la regarder vraiment. Les sourcils froncés elle baragouine des trucs incompréhensibles et à peine audibles.

-       Il y a un problème ?

-       Euh, oui Mademoiselle, je suis désolée mais il y a eu un petit problème dans votre réservation.

-       C'est à dire ?

-       Vous avez réservé une place en première classe, mais suite à un petit problème nous sommes obligés de vous placer en classe économique.

-       Ah oui ? Et c'est quoi ce « petit » problème ?

-       Euh, et bien... Nous avons eu une réservation, comment dire, considérée comme prioritaire.

-       Vous vous foutez de moi ? Vous me mettez en classe Eco parce que MONSIEUR JE NE SAIS QUI a décidé qu'il irait en première classe et que les autres pouvaient aller se faire foutre ? C'est qui ? Oh laissez moi deviner ! Un ministre ? Un député ?

ENIVRANT, TOME 1  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant