Chapitre 24, Adam

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Adam

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A mesure que nous avançons dans la petite allée de l'avion pour s'installer à nos places, je sens les doigts d'Aria se crisper autour de ma main. Une fois arrivés à hauteur de nos sièges, je me tourne enfin vers elle pour la laisser passer afin qu'elle puisse s'installer à côté du hublot. C'est à ce moment que j'ai pu remarquer sa mine décomposée.

- Aria, est ce que ça va ? Tu ne veux plus partir ? Si c'est le cas, dis-le-moi, je t'assure que je ne le prendrai pas mal, dis-je pour la rassurer.

- Non, ce n'est pas du tout ça, dit-elle en s'installant rapidement après s'être rendu compte que des gens stagnaient impatiemment derrière elle le temps qu'elle prenne place afin de les laisser passer. C'est que je déteste être tout au fond des avions, ça me fait peur, me dit-elle en chuchotant, le rose aux joues.

- Tu n'es vraiment pas comme tout le monde, dis-je en riant de bon cœur. En général, les gens préfèrent être à l'arrière parce que si l'avion se crash, c'est l'avant qui prend en premier.

- Arrête de te moquer ! Je sais que c'est bête, mais c'est comme ça ! Je n'ai même pas d'explications cohérentes, dit-elle en riant d'elle même.

- C'est bien ce que je dis, tu n'es comme personne !

- Je suis sûre que je ne suis pas la seule, dit-elle pour se défendre.

- Désolé de te le dire, mais je pense que si !


Nous rions gentiment jusqu'à ce que la voix stridente de l'hôtesse de l'air retentisse afin de nous dicter les consignes de sécurité. Nous attachons nos ceintures et attendons patiemment que l'avion se décide enfin à se mettre en route puis à commencer à rouler afin de rejoindre la piste de décollage.


Quelques minutes plus tard, le crissement de ses petites roues se fait entendre et l'avion accélère, la main d'Aria se pose sur la mienne et je tourne les yeux dans sa direction, les yeux fermés, toute contractée, elle semble complétement paniquée, ce qui bien évidemment me fait rire intérieurement. L'avion prend de plus en plus de vitesse jusqu'à décoller du sol, laissant cette impression de suspension dans mon corps que j'ai toujours trouvé dérangeante. Une fois ce dernier stabilisé au dessus des nuages, Aria ouvre enfin les yeux.


- Interdiction de te moquer ! Me préviens t'elle menaçante, un doigt pointé vers moi.

- Je n'ai rien dit ! Dis-je en levant les deux mains en l'air tel un innocent.

- Tu as plutôt intérêt !

- Je serai toi, je ne ferais pas trop la maligne, on ne peut pas dire que tu sois en position de force, dis-je en mimant un petit air de vainqueur.

- Bon, d'accord, moque toi un bon coup si ça te fait plaisir, qu'on en finisse ! Dit-elle, presque boudeuse.

- Mais non, pour tout te dire, je ne me sens pas très à l'aise non plus dans les avions.

- Ravie de l'entendre ! Je ne comprends vraiment pas les gens qui adorent ça, dit-elle on ne peut plus sérieusement, ce qui me fait immédiatement rire à nouveau. Mais quoi, c'est vrai, ils sont bizarres ces gens là, non ?!

- Oui Aria, ils sont très très bizarres ! ils devraient même aller se faire soigner, dis-je pour me moquer d'elle.

- Bon ça va, j'ai compris, c'est moi qui suis bizarre !

- C'est toi qui le dis ! Dis-je pour me défausser de toute responsabilité.

Après m'avoir dignement fusillé du regard, elle se décide enfin à se détendre un peu. Elle allume le petit écran devant elle et se lance à la recherche d'un film. Elle me consulte chaque fois qu'un film lui donne envie et je découvre peu à peu son goût prononcé pour les films d'horreurs et sa répulsion pour les films romantiques. J'avais bien raison de dire tout à l'heure qu'elle n'est vraiment pas comme tout le monde, chaque jour elle trouve le moyen de me surprendre et c'est ce qui me plait le plus chez elle, chaque fois que l'on pense l'avoir cerné, on se trompe.

ENIVRANT, TOME 1  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant