Chapitre 14, Adam

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Adam


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En route pour New-York, au volant de ma veille voiture que j'affectionne tant, je ne peux m'empêcher d'observer Aria du coin de l'œil. La fenêtre grande ouverte, je la vois savourer les rayons du soleil qui s'abattent généreusement sur sa peau. Je l'observe humer l'air frais de cette belle matinée, avec cet air paisible que je ne lui connaissais pas.

Nous n'avons pas fermé l'œil de la nuit et pourtant, je ne ressens aucune fatigue. La soirée d'hier est probablement la plus belle de ma maigre existence. Jamais je n'aurai pensé amener qui que ce soit sur cette plage, elle était mon univers, mon repère, mon secret. Pourtant, quand Aria m'a demandé de l'amener quelque part, c'est précisément cet endroit qui s'est faufilé immédiatement au cœur de mes pensées. J'ai tenté de réfléchir à d'autres lieux que je connaissais, mais rien à faire, il fallait que je l'emmène ici.

Je ne le regrette pas. Je ne regrette pas non plus d'avoir ouvert mon cœur comme je l'ai fait, je ne regrette pas de lui avoir chanter cette chanson, parce que je sais au plus profond de moi que c'était la meilleure chose à faire. Il fallait que je la touche, il fallait que je réussisse à briser ce mur de glace derrière lequel elle s'est cachée sa vie entière. Lorsque mes derniers mots ont pris échos sur cette plage, ses yeux n'ont pu quitter les miens et pour la première fois, j'ai vu. J'ai vu toute la peine et toute la détresse que cachait ce fascinant regard. Après avoir vu sa force, j'ai enfin vu sa fragilité, sa douceur.

J'aurai aimé qu'elle me parle, j'aurai aimé qu'elle me confie ses plus lourds secrets, mais elle ne l'a pas fait. Je sais qu'il faudra du temps, mais je sais aussi que je ferai tout pour être cette personne. Je ferai tout pour être celui sur lequel elle pourra se reposer, je ferai tout pour être celui sur lequel elle pourra compter. Hier soir, sur cette plage, j'ai su qu'ensemble, nous serions plus fort. Mais par dessus tout, j'ai su que je ne voulais plus rien d'autre qu'elle et que quoi qu'il arrive, je n'abandonnerai jamais.

-       Merci... Me dit-elle en me regardant.

-       Tu n'as pas à me remercier, dis-je en gardant les yeux rivés sur la route.

-       Si. Crois-moi, je sais ce que c'est que d'avoir un endroit qu'on chéri tellement, qu'on ne veut le partager avec personne. Un endroit qui nous rappelle de bons souvenirs et qui devient au fil du temps, une échappatoire, un endroit où on vient lorsqu'on veut fuir le reste du monde. Moi aussi j'en ai un, et je ne pense pas être capable de le partager un jour. Alors merci, merci d'avoir fait ça pour moi.

-       Ça m'a fait du bien Aria, de partager cet endroit et ce moment avec toi.

-       A moi aussi.... Me répond t'elle en tournant à nouveau son regard vers le paysage qui défile à nos côtés.

Au bout d'une heure, nous nous sommes arrêtés dans un petit restaurant de bord de route où nous avons décidé de prendre un petit-déjeuner. Attablés à l'une de ces tables argentées, dans une salle aux murs bleu et rose avec ce décor des années 50 si célèbre aux Etats-Unis, j'avais l'impression d'être hors du temps, bien loin de New-York et de mon quotidien.

Dés lors que mes yeux se posaient sur elle, j'avais l'impression d'être un autre homme. Elle paraissait si irréelle, si loin de toutes les femmes que j'ai connu. A cet instant précis, il ne faisait plus aucun doute qu'Aria Rollins était l'une de ces femmes qui déboule dans votre vie et la mette sans dessous-dessus, et vous aimer ça. Je ne peux empêcher mes yeux de se poser sans cesse sur elle, je l'observe manger ses pancakes, perdue dans ses pensées. J'hésite quelques secondes avant de prendre la parole, sachant pertinemment que les questions qui me taraudent l'esprit ne sont pas celles auxquelles elle aimerait répondre.

ENIVRANT, TOME 1  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant