Avec Robert j'ai compris que la musique était un art hautement intellectuel. Ce qui était plaisant c'est qu'il ne craignait pas que ce soit rebutant pour un chien. Il me lisait un passage du petit livre qu'il était en train de lire, un essai sur la musique, et je buvais ses paroles.
Il me parlait de Claude Debussy, il me lisait un passage:
"Paradoxalement, c'est dans l'impressionnisme debussyste que l'innombrable nature apparaît sous sa forme la plus immédiate, que la vérité du brin d'herbe et de la goutte d'eau s'impose à nous de la manière la plus hallucinante : nous la vivons, nous la touchons, nous la sentons présenté dans ces notations minuscules qui,comme des télégrammes, courent et frissonnent sur les portées des rondes de printemps.
Debussy ausculte la poitrine des océans et la respiration des marées, le cœur de la mer et de la terre : aussi ses poèmes symphoniques ne comportent-ils ni récit ni finalité. Dans La Mer, le visage de la personne humaine à complètement disparu. "En fait il avait trouvé ce moyen, me lire un passage de temps à autre, pour ne pas piquer du nez, pour ne pas finir par s'endormir sous le soleil d'été. Car il faut dire que ce petit essai de Vladimir Jankelevitch intitulé "La musique et l'ineffable" était d'une lecture particulièrement ardue. Au début il pensait que je m'intéresserais pas à cette lecture. Mais il vit bien que j'y trouvais de l'intérêt, que cette lecture était déjà une musique avant de me parler de la musique. Alors il poursuivit.
Ce qu'il venait de me lire à propos de Debussy me confortait dans mes réflexions: le concert des cigales était aussi un concert, celui de la nature et celui des animaux vivant sur la terre. Debussy avait enfin compris que la musique est trop ethno centrée, trop occupée à ne parler que de l'homme. Il n'y a pas d'un côté le monde des hommes et de l'autre côté le monde des animaux. L'homme est un animal, nous autres chiens qui les observons depuis si longtemps, le savons bien. Ça nous attriste quand ils feignent de l'ignorer. Aussi la musique des hommes à vocation à se dissoudre dans la musique de la nature, dans la musique cosmique, je suis pleinement d'accord avec Claude Debussy sur ce point. Robert était aussi d'accord avec ça. Question musique nous nous entendions bien.
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Jack
General FictionJack est un petit chien trouvé dans une poubelle, à la sortie d'un petit village de Crète. Sa maîtresse va bientôt l'abandonner en lui confiant le "gardiennage" de trois maisons de vacances sur une colline, face à la mer. Il va voir défiler sur son...