Introduction

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Mereïn se leva en sursaut. La chambre était plongée dans l'obscurité. Il n'y avait plus aucun bruit mis à part celui du vent s'insinuant dans les fenêtres ouvertes. La lune qui était dans son dernier quartier, baignait la chambre d'une lumière pâle et les nuages cachaient toutes les étoiles. Une pâle lueur passait en dessous de la porte. Sa vue se fit de plus en plus nette, et il put sortir de son lit sans tomber. Il alluma une chandelle avec une des grandes allumettes en bois et traversa la pièce sans un bruit. Merenïs était éveillée.

« As-tu entendu ce bruit ? Toi aussi ? Demanda-elle.

- Oui, je vais voir ce qu'il se passe.

- Je t'accompagne. »

Les deux enfants sortirent dans un couloir de pierre désert. Une torche brûlait encore et avait apparemment été lâchée dans la hâte par un garde faisant sa ronde de nuit. Merenïs se pencha pour la ramasser. Des bruits de pas précipités se firent entendre dans un autre couloir. Une clameur sombre accompagnait les pleurs d'une femme.

« Mais que se passe-t-il ? Demanda Mereïn. »

Merenïs ne répondit pas, et s'avança en tremblant. Une peur les envahit soudainement, et un courant d'air froid souffla sur leur visage. La torche s'éteignit. Les deux enfants, terrifiés, se mirent à courrir. Ils traversèrent le couloir, montèrent une volée de marches en trébuchant dans l'obscurité. Ils arrivèrent dans une grande salle pleine d'une foule de valets, de nobles gens de la cour, d'écuyers, de simples chevaliers, et même de mages, tous vêtus de leurs habits de nuit. Mereïn reconnut alors lord Bäyel, seigneur de Maënétrin, courtisan réputé pour ses richesses. Il s'approcha de lui.

« Lord Bäyel. Que se passe-t-il ? Demanda-t-il.

-    Rien, retournez dans vos chambres, mes hommes vont vous raccompagner.

-    Qu'est ce qui se passe ? Demanda Merenïs d'un ton insistant.

-    Je ne sais pas encore, je viens d'arriver. Je vais aller voir. »

Il s'avança à travers la cohue et Mereïn et Merenïs le suivirent. Toutes les expressions se lisaient sur les visages : la peur, la tristesse, la révulsion, la curiosité, la colère... Ils arrivèrent au centre de la pièce. Seul Bäyel pouvait voir ce qu'il passait. Cela ne devait pas être plaisant à voir car son visage s'assombrit.

« Retournez dans vos chambres et barricadez vous ! Tout de suite ! Dit il avec empressement. »

Les deux enfants commencèrent à faire le chemin de retour vers leur chambre mais ne tinrent pas de ses paroles, se faufilèrent à travers la foule et ouvrirent une porte qui donnait sur un escalier menant à une galerie en hauteur ouverte sur le hall. De là, ils pouvaient voir toute la pièce. La cohue échangeait sur le spectacle qui s'offrait à eux. Merenïs et Mereïn se retenait de ne pas vomir. C'était un carnage : un vieil homme, ou du moins, ce qu'il en restait, gisait au centre du grand espace. Une marre de sang s'écoulait en long méandre sur le sol pavé. Il était vêtu d'une cape sombre de lin qui trempait dans le liquide rougeâtre et qui paraissait plutôt être un amas de torchons sales qu'un habit de l'ordre. Il avait été décapité et sa tête était posée quelques pas plus loin. Les traits de son visage étaient crispés. On devinait qu'il avait dû crier. Son teint était livide, pâle et d'une terreur sans égale. Le contenu de son corps avait été vidé : organes, boyaux et viscères. Cruel spectacle que celui ci. Une telle horreur ne pouvait être décrite par des mots, tellement elle était inhumaine. Mereïn sentit un courant d'air glacial lui souffler sur le visage. Il était terrifié.

Les roses noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant