Chapitre 2

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Il trouva sa sœur assise sur une banquette placée sous une fenêtre. Elle était occupée à lire les conquêtes d'Habrem le grand. Plus elle grandissait, plus elle devenait belle. Elle était vêtu d'une longue robe blanche. Ses cheveux bruns cuivrés  étaient tressés de fils d'or qui retombaient sur sa poitrine. Son teint était pâle, ce qui accentuait des taches de rousseur de parts et d'autres de son visage. Ses pommettes étaient rebondies et fraîches comme l'aurore. Elle leva ses yeux verts vers lui et lui fit un sourire digne d'une princesse, bien entraînée, songea-t-il.

« Tu es magnifique ! Dit il d'un ton admiratif.

- Je le sais. Répondit elle avec un sourire narquois.

- Et modeste, qui plus est.

- Comment cela s'est il passé ? Demanda-t-elle.

- Je ne sais pas. Je suis dans une position délicate. D'un côté, Sermante me pousse à trahir le roi qui n'est pas au courant et moi mon honneur me rappelle ma loyauté. Mais il m'assure que si nous restons, Anteh sautera sur la première occasion de nous tuer... Je ne sais que penser.

- Et cela serait suivre ton honneur que de laisser ton peuple s'entretuer pour une loyauté envers tel ou tel roi ? S'emporta-t-elle. Tu es ridicule ! Tu n'as plus l'âge de faire des caprices d'enfants, il ne s'agit plus de toi. Et si tu n'es pas roi, que seras tu ? Tu n'as pas de titres, de terres, d'hommes à ton service ! 

- Et quel roi serai je ? Un roi juste et honnête ? Non, je ne suis pas fait pour être un roi ! Notre frère était destiné à être roi !

- Et si ce n'est pas toi, qui le fera ? Anteh ? Maintenant tu vas arrêter de jouer aux grands cœurs et tu suivras à la lettre les directives de Sermante. Mereïn soupira.

- Tu as raison... Je suis ridicule... Qui voudrait d'un roi comme moi ?

- Je suis sûre que tu feras un très bon roi. Un sourire magnifique révéla de belles dents blanches. Père me disait que...

- Je me fous de ce que disait père. Je pars à Vivequo dans une semaine, veux tu m'accompagner ?

- Oh ! J'aimerais tant voir les terrasses du château du roi des océans ! Évidemment que je viens avec toi !

- Tant mieux ! Mais je ne pense pas que nous pourrons nous reposer tranquillement et discuter de navigation. Nous sommes en mission, rappelle toi.

- Ne t'inquiète pas pour cela.

- Je dois aller voir Uliva. Veux tu m'accompagner ?

- Non, dame Meriel m'attend !

- Ma pauvre, je n'ai jamais connu femme si ennuyante ! »

Mereïn repartit de la bibliothèque d'un pas allongé. Une nouvelle fois, il redescendit tous les étages du château jusqu'à la cour intérieur. C'était à cet endroit que convergeaient tous les couloirs et escaliers du château. Une fontaine jetait au centre du grand hall des panaches d'eau majestueux. Le sol était de marbre blanc et étincelait au point qu'on pouvait s'admirer dans son reflet. Les portes étaient ouvertes et le soleil envoyait tous ses rayons dans la pièce et Mereïn en fut tout aveuglé. Il les franchit d'un pas léger et l'air frais du matin s'insinua profondément dans ses poumons. Il commença à descendre les escaliers de pierre vers la ville qui en contrebas de la montagne, s'agitait déjà avec animosité. Une faible bise soufflait depuis le sud. Il arriva bientôt aux remparts et se présenta à la poterne, les portes n'étant ouvertes qu'aux cavaliers. On l'introduit à l'extérieur sans questions supplémentaires. Quelques pas plus loins, la cité s'étendait à ses pieds. La grande voie était bondée d'une foule de paysans, cuisiniers, mendiants, laquais qui fourmillaient par centaines. Un mélange d'odeur d'épices, de légumes, de poussière et de gibier obstrua ses narines. Dès qu'il sortait du château, Mereïn se sentait libre, et il n'avait plus l'impression d'être enfermé dans un cachot sombre rempli d'humidité. Il courra en direction du grand Ménèdre, profitant de chaque sensations. Le vent, le bruit de l'infernal brouhaha, les odorantes vapeurs du marché... Il ne courrait plus, il volait. Il était déjà presque arrivé à la grande porte quand il se rendit compte qu'il ne rêvait pas. L'ombre des remparts gigantesques plongeaient la moitié de la ville dans l'obscurité, mais les pierres qui les composaient semblaient comme miroiter d'une lueur étrange dans l'ombre. À l'ouest de l'entrée s'élevait une grande tour de garde dans laquelle il s'introduit. La montée lui parut interminable, les remparts étant hauts de cinq cents mètres de hauteur. Il songea alors que sa vie se réduisait à monter et descendre des marches. En haut de la tour se trouvait deux hommes de l'aube, les gardiens de la ville. L'un était assis sur un tabouret de bois et affûtait une longue rapière émoussée. L'autre aspirait de longues bouchées d'une longue pipe et les recrachait en longues volutes argentées.

Les roses noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant