Chapitre 10

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L'intendant de Vivequo vint chercher les voyageurs. Les appartements seigneuriaux se trouvaient quelques étages plus bas. Ils se présentaient en un long hall allongé présentant de nombreux couloirs et portes. On les introduit dans une d'entre elles. C'était le bureau de Maifis. Il se trouvait derrière une grande table de bois vernis, en train de lire un document.
"Entrez entrez! N'ayez pas peur! Gardes ! Laissez nous. Les ordres furent exécutés à la seconde près.
- Veuillez accepter tous nos remerciements pour votre accueil. Il fut digne d'un roi. Commença Sermante. Setsko posa son regard sur Mereïn.
- Mais c'est normal! Vous êtes, mes invités. Prenez place je vous en prie. Alors, pourquoi vouliez vous me parler en urgence?
- Vous êtes sans doute au courant du tragique meurtre qui nous est arrivé il y a peu à Hëleit Döm?
- Oui, oui, c'est fort tragique.
- Oui, nous sommes tous sous le choc. Un homme comme...
- Oui, oui venons aux faits. Abrégea Maifis.
- Et bien, en arrivant nous avons pu remarquer à quel point votre cité est importante et voyez vous je vous admire beaucoup, lord Maifis. Vous..
- S'il vous plaît, arrêtez votre fausse politesse, et par pitié, épargnez moi vos mensonges. Je sais pourquoi vous êtes ici. Vous avez besoin de mon aide, je le sais. Mais je vous ai percé à jour avant que vous n'agissiez... Je ne suis pas dupe, pensez vous que j'ignore la traîtrise d'Anteh d'Abrobuisse? Je sais ce que vous et le conseil de la table de pierre avez fait. Tout le groupe fut interloqué. Savez vous, combien de morts ont péri dans les flammes ? Des milliers de cadavres gisent encore sur les flots aux alentours du carnage.
- Mais, enfin! Commença Dellah. De quoi parlez vous?
- Taisez vous! Hurla Setsko. Vous êtes à présent dans ma demeure! Et croyez moi, vous n'en ressortirez pas de si tôt ! Il était écarlate comme le manteau cerise de Mereïn.
- Voyons! Mais de quoi parlez vous, Maifis?
- Vous voulez jouer à ça? Et bien je vais vous rafraîchir la mémoire. Il y a de cela un mois, une flotte considérable est arrivé aux abords de la cité voisine de Chellane, et la réduit en cendre. Elle ne s'attendait pas du tout à recevoir une flotte venue droit de Vanangaï. Hors, la cité de Chellane se trouvant sous notre protection, nous avons immédiatement envoyé nos bateaux les plus puissants. Nous avons pu les rattraper avant qu'ils ne soient retournés chez eux. Nous avons fait quelques prisonniers, et parmi eux, un capitaine vananguite. Nous l'avons interrogé de nombreuses heures, et figurez vous qu'il a finit par vous vendre. Et oui, il nous a avoué qu'un certain d'Abrobuisse, un étranger, les avait payé pour attaquer Chellane pour le compte de Valingaï, étrange non?

Ils restèrent tous bouche bée, personne n'avait grande estime pour Anteh, mais de là à penser qu'il était un traître et complotait avec Vanangaï, c'était inattendu. Setsko Maifis avait un teint cramoisi, et des volutes de fumée semblaient s'échapper de ses oreilles. C'est à ce moment qu'on se rendit compte que personne ici n'était armé, et qu'une centaine de gardes pouvait bien se trouver derrière la porte... Sermante tenta de faire comprendre que personne n'était au courant de cette trahison.
"Je vous en prie, Setsko, c'est ridicule, réfléchissez, quel intérêt aurions nous à vous détruire ?
- C'es la question que je me pose depuis un mois... Et j'avoue que je crois avoir compris. Vivequo est un point stratégique, car il est accessible par la mer, et ouvre en même temps sur le continent. De plus, nous possédons un système d'armement très sophistiqué. Cela me paraît suffisant. Maintenant excusez moi mais j'ai du travail, si vous voulez bien m'excuser. GARDES ! Débarrassez m'en.
- Attendez ! S'exclama Merenïs. Si nous avons tant besoin de votre aide pour lutter contre Vanangaï, pourquoi vous attaquer ? Tout le monde se tourna vers la jeune fille et la regarda d'un air ébahi. Elle avait prononcé ces mots avec tant de finesse. La figure de Maifis se décomposa. Il pâlit subitement, il venait de se rendre compte de son erreur. Il chercha vainement ses mots
-   Et bien, em... Il est vrai que tu as raison jeune fille. Veuillez considérer mes plus sincères excuses, je, je...
-   Nous ne vous en tenons pas rigueur, lord Maifis. Nous aurions réagit de la même façon à votre place.  Il est vrai que la situation est ambiguë, pourquoi Anteh vous aurait il fait attaquer, c'est insensé ! J'avoue ne pas comprendre.
-   La situation est au contraire très simple. En ordonnant à des navires vananguites d'attaquer Chellane, on savait évidemment que ces navires venaient de Valingaï, mais, ne portant pas les armes et drapeaux de Vanangaï, il nous est impossible de dénoncer une attaque de Chellane par les vananguites. Ils veulent nous pousser à déclarer la guerre.
-  Alors vous voulez dire que Anteh est payé par les vananguites? Demanda Uliva.
-  Non, je pense que Anteh aide les vananguites. Mais pourquoi? Je n'en sais rien. Et cela pourrait expliquer pourquoi il exerce son pouvoir de la façon la plus stupide possible, pour diviser le pays.
-  Il faut que nous découvrions ce que Vanangaï va faire, absolument. Nous sommes des étrangers dans un labyrinthe plongé dans l'obscurité. Ils faut prévenir la capitale. Anteh doit être démasqué au plus vite. Continua Maifis.
Il attrapa une feuille de papier et un encrier et une plume et rédigea un court paragraphe. Il lut à haute voix.
"Amis, l'heure est grave. Nous avons été trompés. L'homme qui nous a servi de "roi" pendant toutes ces années n'était qu'un imposteur. Il se trouve que ce mécréant traite avec le nouvel ennemi public numéro un, Vanangaï. Que ce nom résonne dans vos oreilles, mes frères, car sa chute n'est pas encore arrivée. Il y de cela un mois, une flotte vananguite est arrivée à Chellane, et l'a réduit en cendre, ainsi que les milliers d'habitants qui y habitaient. C'est pour dénoncer cette monstruosité que je vous supplie, mes frères, de vous rendre avec vos troupes, au plus vite, au château de Hëleit Döm, et d'y faire régner l'ordre une bonne fois pour toute. Je prie Anoüa pour que vous m'entendiez.
Setsko Maifis, seigneur de la beniferie et des îles d'Oshkank,  lord de Vivequo, bienfaiteur de la patrie."
-  Ce me semble une bonne lettre pour ouvrir une guerre. Dit Sermante en souriant.

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