Chapitre 18

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Le château était imposant. Il été perché sur le haut d'une colline, séparée de la ville par une rivière suffisamment large pour qu'un pont y soit construit. Au delà de ce pont, le palais était adossé au rempart et exprimait à lui tout seul, la supériorité des nobles sur le peuple. En effet, il surplombait la cité et on aurait dit que du haut de ses tours, des hommes épiaient tous faits et gestes. Il n'était pas des plus ouvragé, mais il n'en était pas moins impressionnant. Il était composé de cinq tours, reliées chacun entre elles par galeries et appartements. Une d'elles étaient nettement plus grande que les quatre autres. Les murs étaient composés de petites pierres visiblement originaires de la région, étant donné qu'elles étaient les mêmes que celles que l'on retrouvait dans les rues en contre bas. Les tuiles étaient très anciennes et menaçaient de faire s'effondrer la toiture.
Arrivés au pied de l'enceinte, les étrangers contemplèrent les tours qui semblaient grêles de loin, et qui paraissaient à présent démesurées. D'une hauteur d'une quarantaine de mètres pour les plus petites, on se demandait bien quels hommes avaient construit cette bâtisse.
On conduisit les invités dans une des quatre tours, où on leur dit gravir une centaine de marches, ce qui ne fatiguait pas Soïko le moins du monde. Ils arrivèrent dans une grande pièce où régnait une fraîcheur bien venue. Lord Bäyel les invita à prendre place sur de larges banquettes de bois recouvertes de peaux de bêtes. Merenïs n'en pouvait plus. Sa tête allait exploser.
"Excusez moi, où puis je trouver l'endroit où nous allons séjourner, j'aimerais sauf votre respect, me retirer, le voyage m'a épuisé.
- Mais naturellement, Merenïs, considère ma demeure comme la tienne, ainsi que pour ton frère et votre protecteur. Un de mes hommes va t'y conduire. Lanan ! Escorte notre invitée jusqu'à sa chambre. " Un homme grand et fin, à la chevelure courte et de couleur cuivrée s'exécuta. Merenïs le suivit dans un couloir vers une nouvelle volée de marches.
"Tu t'appelles... Merenïs, c'est bien cela ? Elle était tellement fatiguée que le temps qu'elle émette une réponse, l'homme enchaînait déjà.
- Je suis désolé, je ne suis pas sensé te poser des questions, je n'aurais pas dû. La jeune fille fut horriblement gênée.
- Oui c'est cela. Cela ne me dérange pas, ne soyez pas désolé. "
Elle remarqua quelque chose dans sa démarche, sa façon de parler, qui lui rappeler quelqu'un. Ses traits étaient indescriptibles, et à chaque regard, il semblait changer de visage, selon l'angle par lequel on le regardait.
"Vous êtes un Dizurt ? N'est ce pas ? Il sourit largement.
- Fine déduction. Oui, je suis un Dizurt. Qu'est ce qui m'a trahi ? La plupart des gens dans ce château l'ignore. Les Dizurt ne sont pas très appréciés ici.
- Ne vous inquiétez pas, je n'en soufflerai pas un mot.
- Tu ne m'as toujours pas dit comment j'ai été percé à jour.
- Tout. Vous ressemblez comme deux gouttes d'eau à un Varkens de ma connaissance.
- Alors comme ça, je ressemble à un Varkens ? Il émit un petit rire. Et bien, puisque tu le dis. Qui est le Varkens de ta connaissance ?
- Oh, je doute que vous le connaissiez. Il se nomme Uliva, mais je ne connais pas son nom de famille.
- Les Dizurt se connaissent tous entre eux, et nous n'avons pas de nom de famille. Je connais Uliva. La dernière fois que je l'ai vu, il était garde à Hëleit Döm. J'espère qu'il va bien.
- Pas si bien. Il a été empoisonné et...
- Les Dizurt ne se font pas empoisonnés ! Dit il en rigolant.
- Et bien si ! La dernière fois que moi je l'ai vu, il m'a à moitié fendu le crâne, je peux vous l'assurer !
- Il t'a blessée ? Volontairement ? Mais quelle mouche l'a piqué ?
- Non, ce n'était volontaire. En ce moment, il se conduit bizarrement, depuis que nous avons été attaqués.
- Tu veux dire l'attaque de Vivequo ? Pourquoi, que s'est il passé ?
- Mon frère, Uliva et moi même avons été agressés, par des hommes étranges. Uliva croit que c'est un des vôtres. Il pense que c'est un Dizurt qui a été acheté. Enfin, c'est ce que mon frère et moi avons compris...
- Que s'est il passé lors de cette attaque ?
-  Uliva s'est sacrifié pour nous permettre de nous enfuir. Quand nous sommes remonté le secourir avec de l'aide, l'homme lui murmurait dans son oreille des mots aux consonances étranges. Lanan semblait perplexe.
- Peux tu me décrire ces hommes ? J'aimerais bien savoir de quelle tribune Dizurt ils appartiennent.
- Il n'avait pas d'habits bien particuliers, à ce que je sache. Ils étaient juste vêtus de longues capes noires. Quand mon frère a touché l'un d'entre eux, qui selon lui n'avait pas de bras, il l'a fait explosé en mille morceaux. L'homme s'arrêta brusquement. Son visage s'était figé en une expression grotesque.
- Il n'avait pas de bras ?
- J'aime voir que je ne suis pas la seule à être rationnelle dans cette histoire. Nous en avons discuté une dizaine de fois avec mon frère, lui reste convaincu que cet homme n'avait pas de bras.
- C'est impossible... Murmura l'homme d'une voix à peine audible.
- C'est ce que je lui ai répété, mais il ne veut jamais m'écouter !
- Écoute moi bien, je vais te dire quelque chose que je ne suis pas censé te dire. Si ton frère dit vrai, alors tu cours un grand danger. J'aimerais t'en dire plus, mais je ne sais pas si cela serait dans ton intérêt."
Il s'arrêta devant une porte de bois entrouverte.
"Voici ta chambre. Rappelle toi, ne parle pas de ce qui s'est passé à personne ! C'est très important ! Est ce que tu comprends ?
- Je le crois, oui...
- Alors, si tu as besoin de quelque chose, trouve moi au rez-de-chaussée.
- Merci, mais je ne pense pas que cela soit nécessaire."
Elle entra dans la pièce, une chambre spacieuse, dotée d'un balcon d'où l'on pouvait voir l'immensité de la plaine d'Angör. Elle trouva, dans le fond de la pièce, un lit avec de grands baldaquins de soie. Elle les écarta et se glissa sur le matelas. Le sommeil était juste au dessus de sa tête, mais refusait de la libérer de sa migraine. Une mouche volait dans la pièce. Impossible de fermer l'œil. Elle dit attendre une heure, deux heures, trois heures avant que finalement, ses paupières se ferment. Et pendant la nuit,  tout restait éveillé. Une partie d'elle ne pouvait se résoudre à dormir. C'est comme cela que Merenïs put entendre un bruit bien perceptible sur son balcon, un bruit de tissu.
  L'intégralité de son esprit était maintenant éveillé. Tous les sens aux aguets, elle s'attendait à bondir de son lit et à se précipiter vers la porte. Il y avait bien quelqu'un dans la pièce à part elle. Mais, la chambre était tellement grande, elle n'aurait jamais le temps... Elle entendait la respiration de l'homme, ses pas qui avançaient vers le lit. Alors, Merenïs ne put se retenir. Elle hurla de toutes ses forces.
  Une seconde plus tard, la porte était fracassée en deux morceaux et Lanan, le garde Dizurt faisait irruption dans la pièce. Il y eut une succession de chocs, de bruits sourds, puis un petit grondement, puis le calme revint. Merenïs n'avait pas regardé la scène, elle s'était contentée de fermer les yeux, trop apeurée.
"C'est bon, il est parti." Dit le Dizurt d'une voix haletante.   
La jeune fille se releva dans son lit. La pièce était sans dessus dessous. Une coiffeuse de bois avait volée en éclats, un miroir s'était écrasé sur le sol et tous les rideaux et tapisseries avaient été arrachées.
"Tu n'as rien ? Demanda Lanan.
- Non, il n'a rien eu le temps de faire. Qui était ce ?
- Et bien on dirait que vos amis vous cherchent encore. J'en étais sur, j'avais raison, mais j'aurais dû être plus prudent.
- Mais comment savaient ils que nous serions là ?
- Bonne question. En attendant d'avoir la réponse, je vais chercher du secours, même si à mon avis on ne pourra pas mettre la main sur ton agresseur.
- Pourquoi ?
- Il s'est volatilisé, tout simplement.
- Je t'accompagne, je ne veux pas rester seule."
Ils traversèrent la pièce ensemble, mais au milieu, Lanan s'arrêta. Il se retourna et ramassa quelque chose par terre.
"On dirait que notre ami à laissé tomber quelque chose de sa poche."
Il tenait entre ses mains une rose. Une rose noire.

Les roses noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant